"Ahura Mazda le grand, qui est plus grand que tous autres dieux, qui a crée le ciel et la terre, a crée les peuples, qui a donné toute la prospérité aux hommes vivant dessus, qui a fait Darius roi et a donné au roi Darius la royauté sur cette vaste terre où il y a de nombreux pays : la Perse, la Médie et les autres pays."
Je ne peux vous cacher mon appréhension lorsque j'ai ouvert le premier livre traitant de la mythologie perse. Pris dans l'élan de la passionnante mythologie mésopotamienne, j'ai immédiatement pensé à poursuivre mon érudition par cette région voisine qu'est l'Iran actuel. Et ce que je peux vous dire, c'est que je ne regrette absolument pas mon choix !
La mythologie perse est plutôt difficile d'accès (du moins cela a été mon ressenti), et c'est tout le but de cette introduction que de vous faciliter son accès par des explications simples mais efficaces. Car en se lançant tête baissée dans les vastes sources perses, on finit vite perdu et désespéré devant une pléiade de mots inconnus et des noms très exotiques. Commençons déjà par poser de solides repères historiques, puis nous verrons toute l'importance de la religion dans la mythologie perse.
Première chose : qu'est-ce que l'Iran ? Un pays complexe et surprenant, fait de paradoxes. Étymologiquement, c'est le "pays des Aryens". Les Sassanides nommait leur contrée "Aryanam Xshathra" c'est à dire "Le Royaume des Ariens".
Hum... Ok. Deuxième chose : qui sont les Aryens ? Un peuple parlant une langue indo-européenne, qui semblent être à la base de tout.
En sachant cela, on peut commencer ! Car on ne peut comprendre la religion ou la mythologie d'une nation en dehors de son contexte historique.
Attention : les dates données ne sont que des approximations et peuvent varier selon les sources. Mais l'idée globale va dans le sens ci-dessous. De tout manière, avec des dates si éloignées, peu de dates sont scientifiquement approuvées par tous.
I. L'HISTOIRE DES PERSES
Première chose : qu'est-ce que l'Iran ? Un pays complexe et surprenant, fait de paradoxes. Étymologiquement, c'est le "pays des Aryens". Les Sassanides nommait leur contrée "Aryanam Xshathra" c'est à dire "Le Royaume des Ariens".
Hum... Ok. Deuxième chose : qui sont les Aryens ? Un peuple parlant une langue indo-européenne, qui semblent être à la base de tout.
En sachant cela, on peut commencer ! Car on ne peut comprendre la religion ou la mythologie d'une nation en dehors de son contexte historique.
Attention : les dates données ne sont que des approximations et peuvent varier selon les sources. Mais l'idée globale va dans le sens ci-dessous. De tout manière, avec des dates si éloignées, peu de dates sont scientifiquement approuvées par tous.
I. L'HISTOIRE DES PERSES
Sans rentrer dans des détails trop poussés, tout semble commencer avec une population de tribus disparates perdues dans un environnement rude et hostile, provenant des régions entre la Mer Caspienne et la Mer d'Aral, que l'on appelle les Indo-Européens. Parmi cette population, ceux que l'on nomme les Aryens migrent au sud vers l'Iran actuel et s'y installent, fuyant le froid glacial de la steppe eurasienne. Ils cohabiteront alors avec les Élamites. D'autres continueront plus encore vers le Sud jusqu'à s'installer dans la vallée de l'Indus (l'Inde actuelle), non sans avoir combattu les Dravidiens. Enfin, d'autres décideront de migrer vers l'Ouest (l'Europe) : Latins, Grecs, Hittites, Arméniens, Celtes, Germains, Slaves,... Il y a donc une division en plusieurs branches. Comprenez donc que les indiens et les iraniens formaient un seul et même peuple avant de se séparer et d'envahir les pays qu'ils occupent actuellement.
L'histoire des indo-européens est passionnante mais très compliquée à saisir. Nous, européens, serions tous des indo-européens, et nos ancêtres viendraient donc tous de cette région du monde. N'étant pas des spécialistes de la question, voilà ce qu'il faut retenir.
LES ARYENS ET LES ÉLAMITES (-2500/-640)
Au cours du deuxième millénaire avant notre ère, le plateau iranien est donc peuplé par les Aryens au Nord, et par les Médes à l'Ouest. Les Aryens (redescendant vers le Sud) rencontrent alors une civilisation déjà bien développée et installée, avec qui ils vont cohabiter et profiter de leur culture avancée : les Élamites.
Alors qui sont les Aryens ? Il s'agit d'une population de langue indo-européenne qui va s'installer sur le plateau iranien et le Nord de l'Inde. Je ne vais volontairement pas plus loin sur ce sujet pour ne pas dire de bêtises, n'étant pas un spécialiste du sujet. Toujours est-il que cette situation serait le début de l'histoire perse : les Aryens se mêlent aux Élamites, et les Mèdes, alors divisés en tribus, vivent à l'Ouest.
-2300 : on assiste à partir de cette date approximative à un vaste mouvement de migration vers le sud.
-2000/-1000 : Des tribus d'Aryens s'installent sur le plateau iranien. Ils y rencontrent une autre culture déjà installée, qui sont les Élamites.
Retenez donc la définition suivante concernant les Aryens : Groupement de tribus semi-nomades indo-européens, à l'origine de deux grandes civilisations, iranienne et indienne.
LE ROYAUME DES MÈDES (-845/-550)
Les Mèdes sont les premiers iraniens à constituer un état organisé, dont les Perses (au Sud) sont les héritiers. Il s'agit d'un groupe de tribus iraniennes (six pour être plus exact, dont celle des Mages) qui vont se réunir pour finalement renverser l'empire assyrien (à l'ouest de la Médie). Car c'est bien cela qu'il faut retenir : les Mèdes anéantissent l'empire Assyrien avec l'aide des Babyloniens, pour céder à leur tour sous les coups du futur roi achéménide Cyrus II. Alors oui, j'ai marqué -845 comme le début du royaume Mède, mais cela prend en compte le temps de la formation et de l'organisation, avec le groupement de toutes les tribus autour d'un seul roi. Les environs de -710 me paraît être une date plus concrète, mais je maintiens malgré tout -845 comme point de départ.
L'idée globale à retenir, c'est que le 7e siècle avant notre ère est un siècle très important, où il va se passer des événements capitaux. Citons par exemple la destruction de l'Elam, de l'Urartu et de l'Assyrie (rien que ça !), ou encore l'essor des mèdes et la formation des perses. Il m'a paru donc nécessaire de détailler un peu plus cette partie de l'histoire.
-835 : Première mention des Mèdes dans les annales assyriennes.
-710 : Fondation du royaume Mède par Déjocès (Déiocès), dont la capitale est Ecbatane (Hamadan actuelle). Il rassemble ainsi les tribus mèdes (six tribus : les Buses, les Parétacéniens, les Struchates, les Arizantes, les Budiens et les Mages) autour de cette nouvelle ville et devient le premier roi Mède.
-688 : Côté perse, parlons d'Achéménès (-688/-675), fondateur supposé de la dynastie des Achéménides. Son fils Teispès lui succédera de vers -675 et deviendra le premier roi d'Anshan jusqu'en -640, mais ce dernier devra se soumettre durant son règne à Phraortès, roi des Mèdes.
-665 : Mort de Déjocès. Son fils Phraortès lui succède et parvient à soumettre les Perses dirigé par Teispès. Le souverain mède entreprend alors de nombreuses offensives contre l'Assyrie, mais meurt en -633, battu par le fameux roi assyrien Assurbanipal (Sardanapale). Son fils Cyaxare lui succèdera.
-640 : Pendant ce temps, chez les Perses, Teispès meurt et laisse son royaume divisé entre ses deux fils, Cyrus Ier (-640/-580), roi de Parsumah et d'Anshan, et Ariaramnès, roi de Parsa.
-633 : Battu par le roi assyrien Assurbanipal, Phraortès meurt ; son fils Cyaxare (ou Kyouxares) assiège alors Ninive, la capitale Assyrienne, mais doit rebrousser chemin à cause d'une invasion scythe. Il est battu par les cavaliers Scythes de Madius et doit se contraindre à la domination scythe.
-625 : Lors d'un banquet organisé, Cyaxare fait (lâchement) assassiner Madius et se libère ainsi de sa domination. Les Mèdes refoulent les Scythes, et peuvent se concentrer à nouveau sur le royaume assyrien.
-614 : Cyaxare cerne Ninive et s'empare d'Assour, grande ville assyrienne.
-612 : Les Mèdes (toujours gouvernés par Cyaxare), alliés aux babyloniens du roi Nabopolassar, s'emparent de Ninive, mettant fin à l'empire Assyrien, dont le dernier grand roi se prénomme Sîn-Shar-Ishkun (-625/-612). Le partage de l'ancien empire donne la partie nord à la Médie.
-590 : Cyaxare s'empare du royaume Manéen, poursuivant ainsi ses conquêtes vers l'ouest. Il prend possession également de Toushpa, capitale de l'Urartu, puis détruit définitivement l'Urartu avant de déclarer la guerre à la Lydie jusqu'en -585. Cyaxare et le roi de Lydie Alyatte II luttent jusqu'en mai -585 puis finissent par signer la paix entre les deux camps, avec pour frontière le fleuve Halys.
-585 : Mort de Cyaxare. Son fils Astyage lui succède, entre-ouvrant un long règne pacifique. Il épouse Aryénis, la soeur du roi lydien Crésus, tandis que sa fille Mandane épouse le roi perse de Parsumah et d'Anshan, Cambyse Ier (alors son vassal), un achéménide (de leur union va naître Cyrus II). Hélas pour lui, les Perses finissent par attaquer la Médie.
Il faut se rendre compte qu'à ce moment-là de l'histoire, les mèdes sont maître de l'Elam, de l'Arménie et de l'Anatolie orientale, tout en ayant rayé de la carte l'empire Assyrien, l'Urartu et l'Élam. Regardez-donc l'empire mède (puisqu'on peut bien parler d'empire) ! Cela force le respect.
-562 : mort de Nabuchodonosor II, roi babylonien.
-559 : Cyrus II, roi d'Anshan, succède à son père Cambyse Ier (-600/-559).
-553 : Révolte contre Astyage. Ce dernier est battu par son petit-fils Cyrus II, mettant fin à la domination mède.
-552 : La perse devient un royaume indépendant sous le roi Cyrus II, dit Cyrus le grand.
-550 : L'empire des Mèdes tombe sous les coups de Cyrus II à la bataille de Pasargades.
"Quant à Astyage, ses troupes se révoltèrent contre lui ; il fut saisi et livré à Cyrus. Celui-ci marcha sur Ecbatane, la cité royale ; l'argent, l'or, les meubles, les richesses furent pillés ; les meubles et les richesses furent transportés dans la terre d'Anzan." Annales de Nabonide
Comme vous le pouvez le voir, le royaume ne dure pas longtemps (quoique, un siècle et demi n'est-ce donc pas déjà bien ?), car la dynastie perse des Achéménides, d'abord vassaux des Mèdes, va se révolter puis prendre le pouvoir. Malgré tout, force est de constater que leur royaume est déjà immense, notamment sous le règne de Cyaxare (voir carte).
Voici la lignée des rois mèdes :
Déjocès (-710/-665)
Phraortès (-665/-633)
Cyaxare (-633/-585)
Astyage (-585/-553)
L'EMPIRE PERSE ACHÉMÉNIDE (-550/-330)
Cette partie de l'histoire de la perse est souvent la plus connue et la mieux documentée. En même temps, jamais le monde n'avait jusqu'alors connu pareil empire, ni même pareille puissance militaire. Retenez bien cela : l'empire achéménide est le premier empire de notre monde à atteindre une telle superficie et une telle puissance (voir carte ci-dessous). Malgré tout, n'y voyez pas un empire tyrannique et cruel à outrance. En effet, les satrapies (provinces) sont autonomes et les peuples conquis libres d'exercer leur religion. Ainsi, ils 'agit d'un empire multiethnique et multilingue, une mosaïque de peuples et de langues (vieux perse, mède, élamite, babylonien, égyptien, araméen, grec).
Alors pourquoi cet empire s'appelle-t-il Achéménide ? Tout simplement parce que Cyrus II est un descendant direct du roi légendaire Achéménès (-688/-675), fondateur de la dynastie des Achéménides. Son fils Teispès (-675/-640) lui succède mais vers -670, ce dernier doit se soumettre à la domination Mède. À sa mort en -640, ses deux fils se partagent le royaume : Cyrus Ier (-640/-600) et Ariaramnès. Faisons plus vite à présent : Succèderont ensuite Cambyse Ier (-600/-559), puis son fils Cyrus II (-559/-529), qui va se rebeller contre son grand-père Astyage (voir plus haut) et le battre en -550. Voilà en gros la généalogie de Cyrus II, qui est celui qui nous intéresse ici.
-550 : Cyrus II (dit Cyrus le Grand) soumet les Médes et fonde l'Empire perse. On suppose une révolte des Mèdes contre leur roi Astyage, situation dont Cyrus II va profiter pour prendre la capitale mède Ecbatane. Cyrus II bat Astyage mais il ne le tue pas, "honoré comme un père".
"Je suis Cyrus, le roi, l'Achéménide".
S'en suit d'autres conquêtes, notamment celle de la Lydie en -547 (défaite de Crésus à Sardes), de la Babylonie en -539 (défaite du roi Nabonide, traité avec clémence), et de la Ionie (premiers contacts entre les Perses et les Grecs). Il soumet donc la Lydie, la Médie, la Ionie (Ouest) et la Babylonie.
-547 : Destruction du royaume Lydien avec la mort de Crésus à Sardes. S'en suite l'attaque de la Ionie.
-539 : Cyrus conquiert Babylone, entre dans la ville, libère des milliers de juifs captifs et facilite leur retour en terre d’Israël. Il deviendra ainsi une grande figure dans la Bible.
Cyrus II meurt en -529, après 30 ans de règne, lors d'une bataille contre les Massagètes (une tribu Scythe) commandée par la reine Tomyris. Son fils et successeur Cambyse II (-530/-522) ira conquérir l'Égypte (-525/-522), soumettant ainsi tout le Proche-Orient à la même domination. Cyrus II sera enterré à Pasargades, sa capitale.
"O homme, je suis Cyrus, le fils de Cambyse, qui a établi l'empire des perses et a été roi de l'Asie ; Ne sois donc pas jaloux de ce monument qui est mien".
-525 : Cambyse II est intronisé Pharaon à Memphis.
-522 : La mort de Cambyse II après seulement 7 ans de règne (et quelques mois) laisse place à ce que l'on appelle l'usurpation de Gaumata (Smerdis), qui n'est autre que Bardiya, le frère de Cambyse. Gaumata se proclame roi en Mars -522, mais il sera tué la même année (Sept. -522) par Darius I, qui dira dans ses inscriptions : "Nul n'avait osé rien dire sur Gaumata le mage, jusqu'à ce que j'arrive."
Darius I fait partie des sept dignitaires perses qui se liguèrent contre le mage.
"Ahura Mazda m'a remis le royaume".
"Je suis Darius, le grand roi, le roi des Rois, le roi en Perse, le roi des peuples, le fils de Vistaspa, le petit-fils d'Arsamès, l'Achéménide".
La même année et une fois sur le trône, Darius I se lance dans une expédition orientale (Gandhara + vallée de l'Indus), où il soumet les Sakas (ou Saces).
-520 : Darius, fils d'Hystaspes, commence le Palais de Persepolis, qui sera sans cesse aménagé, transformé et agrandi par ses successeurs, jusqu'à sa destruction par Alexandre le Grand. Surtout, il rétablit l'ordre, suite aux troubles qui éclatent dans les différentes provinces après la mort mystérieuse de Cambyse II. Il doit donc mater plusieurs rebellions, notamment des Saces et des Élamites, mais aussi à Babylone et en Médie. Les rois rebelles, que Darius nommera "les neuf rois menteurs", seront tués atrocement, et une fois l'empire solidifié, l'empereur se lancera dans des guerres de conquête pour étendre son territoire.
"J'ai livré 19 batailles, grâce à Ahura Mazda ; Je les ai battus, et j'ai capturé 9 rois."
Voici les noms des 9 "rois menteurs" : Gaumata (Perse), Açina (Élamite), Nadintabaira (Babylonien), Martiya (Perse), Phraortès (Mède), Ciçantaxma (Asagartien), Frâda (Margien), Vahyazdâta (Perse), Araxa (Arménien).
"Celui qui vénère Ahura Mazda, la faveur sera pour lui, aussi bien de son vivant qu'après sa mort."
-519 : Conquête autour de la Mer Égée, avec notamment la prise de Samos.
-518 : Darius s'empare de la vallée de l'Indus.
-512 : les Scythes résistent à Darius.
-499/-494 : Révolte en Ionie, menée par le tyran Aristagoras de Milet mais écrasée.
Mais les premiers échecs ne tardent pas à arriver, avec une première défaite contre les Scythes du roi Scytharbès et la révolte de l'Ionie, qui ouvrira la première guerre médique (-490/-486).
-490 : Défaite lors de la bataille de Marathon, qui n'a pas l'importance ni l'impact que les grecs veulent bien laisser croire. En effet, une révolte en Égypte en -487 détourne Darius de ses envies de conquête vers l'Ouest, mais il meurt en -486, après 36 ans de règne. Il sera enterré à Naqsh-i Rustam, une sorte de vallée des rois achéménides (voir section Bon à savoir). Pour l'anecdote, un certain Philippidès parcoure une quarantaine de kilomètre après la bataille, pour rejoindre Athènes et prévenir de la victoire. Il meurt juste après avoir prononcé le mot suivant : "Nenikekamen !" ("Nous sommes victorieux"), harassé par son parcours.
-486 : Mort de Darius I. Son fils Xerxès I lui succède, et régnera dans la continuité de son père, avec une envie féroce de conquêtes, notamment vers l'Ouest. Il écrase violemment la révolte d'Égypte (-484), puis une révolte à Babylone (-483), et embellit Persepolis de palais somptueux, avant de se lancer vers la Grèce (-481), lançant ainsi la deuxième guerre médique (-481/-479). Les grecs nous ont laissé un portait peu flatteur de Xerxès, mais il n'est pas le grand perdant que l'on veut nous faire croire.
-480 : Victoire perse lors de la bataille des Thermopyles, face aux fameux 300 spartiates. Simultanément, les perses remportent également la bataille de l'Artémision. Xerxès dévaste la Boétie et l'Attique, s'emparant alors d'Athènes, qu'il incendie. Mais la joie est de courte durée, avec notamment deux défaites célèbres lors de la bataille de Salamine en -480 (bataille navale) et la bataille de Platées en -479 (bataille terrestre), sans oublier la bataille du Cap Mycale en -479, où les perses sont également vaincus.
-469 : Bataille de l'Eurymédon, qui voit l'armée perse défaite. Cette victoire décisive de la ligue de Délos met fin à la menace perse sur le Grèce.
Encore une fois, il faut savoir relativiser, car ces défaites n'ont pas l'impact que les grecs veulent nous laisser croire. La vérité est tout autre : Xerxès est obligé de mettre ses projets en suspens à cause d'une révolte à Babylone en -479, qu'il écrase sans pitié.
-465 : Xerxès, victime d'une conspiration, est assassiné par le chef de ses gardes, Artaban. Artaxerxès Ier (-465/-424) lui succède. Ce dernier devra faire face à de nombreuses rebellions, notamment de la Bactriane et de l'Égypte (-455).
-449 : La paix de Callias est conclue entre la Grèce et la Perse Achéménide, mettant fin aux guerres médiques. Celle-ci prévoit notamment l'indépendance des cités de Ionie.
-424 : Mort d'Artaxerxès Ier, Xerxès II lui succède, mais il est assassiné 45 jours plus tard par un certain Sogdianos, qui ne régnera que 6 mois et demi. Darius II (-424/-404) se chargera de le tuer et de lui succéder. La même année, le traité d'Épilycos est signé entre Darius II et Athènes.
-404 : Mort de Darius II qui laisse la concurrence au trône à ses deux fils, Cyrus le jeune et Artaxerxès II. Mais c'est bien ce dernier qui monte sur le trône achéménide.
-401 : Cyrus le jeune se rebelle contre son frère Artaxerxès II et meurt à la bataille de Cunaxa.
-394 : Bataille de Cnide qui voit la défaite de Sparte face à la flotte perse.
-387 : Sparte et la Grèce signent un traité, La paix d'Antalcidas, mettant fin à la guerre de Corinthe et reconnaissant des terres à la Perse. L'empire atteint alors l'apogée de sa taille, sous Artaxerxès II.
Mais une nouvelle puissance va tout faire basculer. La Macédoine, dirigée par Philippe II (-359/-336), a un profond désir de vengeance, qui sera concrétisé par le célèbre Alexandre le Grand (-336/-323). Deux batailles restent fameuses : la bataille d'Issos (-333) et la bataille de Gaugamélès (-331). La fin de l'empire achéménide est proche...
-338 : Artaxerxès III est empoisonné. Son fils Artaxerxès IV lui succède, mais il est lui aussi tué deux ans plus tard. C'est donc Darius III Codoman lui monte sur le trône, pour les dernières années de la dynastie achéménide (-336). Pendant ce temps, Philippe de Macédoine met fin à l'indépendance des cités grecques.
-337 : Philippe de Macédoine déclare la guerre aux Perses.
-336 : Darius III Codoman monte sur le trône. La même année, Philippe arrive en Asie mineure, mais est subitement assassiné. Son fils Alexandre lui succède.
-334 : Alexandre débarque en Asie mineure. Bataille du Granique, qui voit la victoire d'Alexandre le Grand.
-333 : Bataille d'Issos, une nouvelle fois gagnée par Alexandre le Grand.
-331 : Darius III Codoman est battu par Alexandre le Grand à la célèbre bataille de Gaugamèles (1 Octobre). C'est la défaite de trop, surtout la fin de l'Empire Achéménide. Le dernier empereur sera assassiné par un de ses satrapes, après avoir fuit le champ de bataille (lâchement), en -330.
Voici la lignée des rois Achéménides (en gras, les souverains les plus importants) :
Achéménès (-705/-675)
Teispès (-675/-640)
Cyrus I (-640/-600)
Cambyse I (-600/-559)
Cyrus II (-559/-529)
Cambyse II (-529/-522)
Bardiya (-522)
Darius I (-522/-486)
Xerxès I (-486/-465)
Artaxerxès I (-465/-424)
Xerxès II (-424)
Sogdianos (-424)
Darius II (-424/-404)
Artaxerxès II (-404/-358)
Artaxerxès III (-358/-338)
Artaxerxès IV (-338/-336)
Darius III (-336/-330)
Comme vous pourrez le constater, la succession des rois achéménides va connaître quelques troubles, avec notamment plusieurs souverains qui ne régneront même pas un an. Encore une fois, je ne rentre pas dans les détails de cette période fabuleuse de l'histoire perse. Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, n'hésitez pas à lire des ouvrages, qui abondent sur cette partie de l'histoire perse. Mon but ici est de simplifier au possible, comprenez-le bien. Ce qu'il faut saisir, c'est que l'Empire perse est le premier empire aussi vaste, comme vous pourrez le constater sur la carte. C'est tout simplement impressionnant ! Mais retenez bien cette leçon de l'Histoire : les empires, aussi puissants et vastes soient-ils, ne durent jamais...
ALEXANDRE ET LA PERSE SÉLEUCIDE (-330/-256)
Cette partie de l'histoire perse est plutôt courte et peu flatteuse pour les perses, battus par la fougue d'Alexandre le Grand. Ce dernier la contrôlera jusqu'à sa mort (c'est à dire peu de temps), mais il disparaît sans héritier direct le 23 Juin -323, à l'âge de 32 ans seulement. Son vaste empire est alors partagé entre ses 4 généraux les plus fidèles, que l'on appelle les Diadoques. Si la dynastie des Ptolémées (Lagides) règne sur l'Égypte, celle des Séleucides (Seleucos Ier Nocator héritant de la partie asiatique) dirige alors la Perse (voir carte ci-dessus pour le partage de l'empire). Il va s'en suivre fort logiquement un métissage "irano-macédonien", et nombreux sont ceux qui vont donner l'exemple, comme Alexandre lui-même qui va se marier avec la princesse Stateira, fille de Darius III, ou encore Seleucos qui va s'unir avec une fille d'une général de Darius III, nommée Apama.
-330 : Alexandre le Grand (-336/-323) règne sur l'ensemble de la perse, intégrée à son empire macédonien (hellénisation de l'Iran). On peut signaler la destruction de la ville de Persépolis en -330, notamment de sa bibliothèque, contenant l'exemplaire complet de l'Avesta.
"Ahriman, le damné [...] poussa ce maudit Alexandre le Grec [...] à venir au pays d'Iran y apporter l'oppression, la guerre et les ravages. Il mit à mort les gouverneurs de province de l'Iran, il pilla et ruina la capitale."
Livre d'Arda Viraf
-327/-325 : Conquête de l'Inde et du Golfe Persique.
-326 : Bataille de l'Hydaspe, où Alexandre bat le râja indien du royaume de Paurava, Pôros.
-323 : Mort d'Alexandre le Grand (la nuit du 10 au 11 Juin) et début du partage de son empire, qui se concrétisera par une grosse décennie de batailles entre les divers généraux macédoniens. Ce sont les guerres des diadoques (-323/-281).
-312 : Fondation de la dynastie des Séleucides. Séleucos I, général d'Alexandre le Grand, règnera de -305 à -281. La liste des rois Séleucides est très longue et sans grand intérêt pour notre introduction; il faut juste comprendre qu'elle commence sous Séleucos I Nicator, puis va perdre peu à peu tout son territoire, notamment sous les coups des Parthes. La dynastie s'éteint en -64 pour devenir province romaine par Pompée, son territoire se réduisant comme peau de chagrin, mais la perse lui échappe déjà à peine 30 ans après la mort de Séleucos I. Finalement, la Perse ne reste que peu de temps dans les mains des Macédoniens.
LA DOMINATION PARTHE (-256/+224)
Les Parthes (peuple iranien de Nord-Est de l'Iran, donc non perse) mettent fin à la dynastie des Séleucides dans le plateau iranien et installent leur propre dynastie par les deux frères Arsace et Tiridate : les Arsacides. Concernant les dates de règne, il faut cependant rester très prudent, tout comme la liste des souverains parthes. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'empire parthe n'a pas laissé de chronique historique.
On peut cependant citer des rois comme :
Arsace Ier (-250/-247),
Tiridate Ier (-247/-217),
Artaban Ier (-217/-190),
Mithridate Ier (-171/-138),
Artaban V (216/224), le dernier roi parthe.
-250 : Fondation de la dynastie des Arsacides par Arsace Ier.
-171 : Début du règne de Mithridate Ier (-171/-135).
-163/-150 : Conquête de la Mésopotamie.
-53 : Victoire décisive contre les romains de Crassus à Carrhes. On parle alors de 20.000 morts côté romain, pour 38 du côté parthe !! L'armée parthe est alors commandée par le célèbre général Surena (-84/-52).
114-117 : Campagne de Trajan contre les Parthes. L'empereur romain arrive à prendre la ville de Ctésiphon.
128 : Paix conclue avec l'empereur romain Hadrien, suite à une longue guerre entamée par son prédécesseur Trajan.
199 : L'empereur Septime Sévère pille Ctésiphon.
216 : Naissance de Mani.
224 : Défaite du dernier roi parthe Artaban V face au futur souverain sassanide Ardashir Ier, lors de la bataille d'Hormizdaghan.
L'empire parthe n'avait pas de structure centralisée. De puissantes familles exerçaient le pouvoir sur les différentes provinces, et des branches collatérales de la dynastie régnante se voyaient confier le gouvernement de différentes régions. N'étant absolument pas spécialisé dans cette partie de l'histoire perse, je n'irai pas plus loin, la carte permettant de se faire une bonne idée de la puissance parthe sur le plateau iranien durant plus de 400 ans. À noter que les parthes ont été des concurrents sérieux de Rome dans l'Est de la Méditerranée, notamment concernant le royaume d'Arménie.
LA PERSE SASSANIDE (+224/+650)
On considère la perse sassanide comme un deuxième âge d'or pour les perses, et une des périodes les plus importantes pour l'histoire de l'Iran. Comprenez bien que c'est à cette époque de l'histoire que le mazdéisme zoroastrien devient la religion d'état, et que l'Avesta est reconstitué sous sa forme définitive (21 livres).
224 : Bataille d'Hormizdaghan. Ardachîr unifie toute la perse, qui redevient iranienne. Il renverse alors Artaban V (dernier roi arsacide), s'empare de Ctésiphon (qui deviendra sa capitale) et fonde la dynastie des Sassanides lors de son couronnement en 226. Son territoire comprend alors une multitude de groupes religieux : mazdéens, zurvanites, hindous, bouddhistes, grecs, juifs, chrétiens, païens, auxquels vont s'ajouter les manichéens et mazdakites.
226 : Ctésiphon tombe aux mains d'Ardashîr.
240 : Ardachîr Ier (224-240) meurt, laissant à son fils Shapur Ier (240-272) un empire encore instable. Ce dernier va combattre les romains en battant Gordien III (238-244), puis faire la paix avec son successeur Philippe l'Arabe (244-249) en échange d'une rançon. Mais son plus haut fait d'arme est à capture de l'empereur romain Valérien (253-260) en 260.
Les empereurs sassanides guerroieront longtemps avec Byzance (empire romain d'Orient) sur le front occidental, enchaînant des périodes de guerre et de paix avec les romains comme cela était le cas avec les parthes. On ne change pas les bonnes habitudes !
"Que soient immortels Ardashir le Roi des Rois, fils de Pâbag, et Shapur le Roi des Rois, fils d'Ardashir, et Hormizd le Roi des Rois, fils de Shapur." Livre de la geste d'Ardashir.
242 : À noter à cette époque un certain Mani (216-277) qui prône une nouvelle religion, le manichéisme, (encore) protégé par le roi Shapur Ier.
243 : Shapur Ier est battu par Gordien III.
244 : L'empereur romain Gordien III meurt sous les coups des perses en plein combat. La paix est conclue avec son successeur Philippe l'Arabe.
260 : L'empereur romain Valérien est capturé par Shapur Ier, ce qui restera comme son plus haut fait d'arme.
272 : Mort de Shapur Ier, remplacé par son fils Hormizd Ier (272-273). C'est vers cette époque que le Zoroastrisme devient la religion d'État. Le mage Karter devient alors Mobad d'Ormazd sous Bahram Ier (273-276), entreprend une deuxième réforme de la religion zoroastrienne, et écrit cette phrase qui nous est parvenue :
"Les roitelets des divers pays, Hormizd les amena à l'obéissance. De Rome et les Indiens, il exigea taxes et tributs. De l'Iran, il fit un pays plus embelli, plus remarquable et plus renommé. Le César seigneur des Romains, le Tégin de Kabul, roi des Indiens, le Qaghan des Turcs et les autres roitelets des divers pays, vinrent à la cour dans une douce paix." Livre de la geste d'Ardashir.
"Les doctrines d'Ahriman et des démons, de l'Empire furent chassées. Juifs, bouddhistes, brahmanes, nazaréens, chrétiens et manichéens, dans l'empire furent abattus."
277 : Mani est persécuté par le roi Bahram Ier (273-276), qui a succédé à son frère Hormizd Ier (272-273). Le prophète est emprisonné et torturé, finissant par mourir d'épuisement au bout de 26 jours d'agonie. Son cadavre est coupé en morceaux pour y être exposé.
À Bahram Ier vont succéder Bahram II (276-293), Bahram III (273), Narseh (293-302), Hormizd II (302-309), Adhur-Narseh (309), Shapur II (309-379), Ardachîr II (379-383), Shapur III (383-388), Bahram IV (383-399), Yazdgard Ier (399-420), Shapur IV (421), Khosro l'Usurpateur (421), Bahram V (420-439), Yazdgard II (438-457), Hormizd III (457-459), Péroz Ier (457-484), Valash (484-488), Kavadh Ier (488-496), Zamasp (497-499), (encore) Kavadh I (499-531), Khosro Ier (531-579), Hormizd IV (579-590), Khosro II (590-628), puis d'une multitude de rois aux règnes très courts jusqu'à Yazdguard III (632-651).
337 : Début des guerres persanes contre Rome (337-360).
345 : Victoire romaine à Singara.
360 : Début de la campagne contre les perses, dirigée par l'empereur Julien l'Apostat (331-363).
363 : Julien l'Apostat est tué d'un coup de javelot lancé par un cavalier perse.
516 : Un certain Mazdak définit la doctrine du Mazdakisme.
528 : Le roi Khosrow Ier (531-579) conclut une paix éternelle avec l'empereur Justinien (527-565) pour se concentrer sur le front oriental. Les hephtalites sont détruits, et l'Arabie du Sud conquise.
531 : Le mouvement de Mazdak est écrasé (et Mazdak est exécuté). Début du règne de Khosrow Ier, qui va amener son territoire à son expansion maximale tout en profitant d'une période faste.
570 : Conquête du Yémen.
590-592 : Révoltes de Bahram-i-Chubin et Vistham Ispahbudhan. Cela va aboutir à un affaiblissement du pouvoir sassanide qui va avoir une importance capitale pour la suite des évènements.
614 : Prise de Jérusalem par l'armée sassanide.
632 : Mort du prophète Mahomet (570-632) à Médine, qui va réussir à rassembler toutes les tribus d'Arabie. À cette époque, les Arabes ne sont pas vus comme une force sérieuse par les Sassanides, bien plus occupés sur le front Ouest contre les Romains.
633 : Prise de la ville de Hira par les arabes. Commence alors l'invasion arabe (633-651).
636 : Les arabes anéantissent l'armée persane à la bataille d'Al-Qadisiyya, et prennent Ctésiphon en 637. Cela annonce la fin de la dynastie sassanide et du zoroastrisme comme religion d'État.
642 : Défaite décisive des sassanides lors de la bataille de Nahavand. Yazdgard III est vaincu par les arabes, cédant ainsi la Médie.
650 : Conquêtes arabes et islamisation de la perse.
La période Sassanide est très intéressante également, bien qu'un peu chaotique. Les Sassanides arrivent à reformer un empire vaste et puissant, sans toutefois égaler celui des Achéménides. Encore une fois, n'hésitez pas à vous cultiver sur cette riche civilisation. Il faut savoir que c'est sous cet empire que le zoroastrisme sera considéré comme la religion principale. La liste des souverains sassanides est longue, inutile de l'apprendre par cœur. Elle commence avec bien entendu Ardachîr I (224/241) et se termine sous Yazdgard III (632-651), qui cédera sous les coups du califat arabe. L'avènement du dernier souverain coïncide avec la mort du prophète Mahomet, en 632.
ISLAMISATION DE LA PERSE (À PARTIR DE +650)
La conquête islamique (637/751) et la chute des Sassanides (650) sonne la fin de la civilisation perse et de sa mythologie. C'est également la fin du Zoroastrisme comme religion principale, qui est remplacée par l'Islam. Signalons juste que la perse passe sous le contrôle du califat Omeyyade (661/749), en gardant sa langue et sa religion, puis du califat Abbasside (749/1258). L'islamisation de la perse sera ainsi un processus lent et progressif.
J'aurai pu continuer l'histoire jusqu'à nos jours, parler de l'invasion de l'Iran par les troupes de Gengis Khan (1230-1231), de la dynastie des Safavides (1501-1736) et de la dynastie des Pahlavi (1925-1979), mais cela aurait été hors-sujet en ce qui concerne la mythologie perse. À vous d'être curieux et de parfaire vos connaissances pour votre propre culture :)
Pour les arabes, les zoroastriens sont des "adorateurs du feu". On assiste donc à une destruction massive des écrits zoroastriens provoquant l'exode des zoroastriens en Inde (Les Parsis) en 716, dans la petite cité de Sanjan.. La perse portera ce nom jusqu'en 1934, où elle finira par s'appeler l'Iran.
Voilà ce qu'il faut retenir historiquement avant d'entamer toute lecture. Avec ces repères temporels, nous allons pouvoir aller plus loin. Voyons maintenant un deuxième point primordial : la religion des perses.
II. LA RELIGION DES PERSES
On ne peut clairement pas parler de mythologie perse sans parler de religion, car tous les dieux et les mythes (du moins une grande partie) se trouvent dans des livres sacrés et religieux. Ainsi, la religion et les mythes se mêlent. Il faut impérativement distinguer deux religions : le mazdéisme et le zoroastrisme. La nuance est subtile mais nécessaire.
LE MAZDÉISME
Sans rentrer dans des détails dignes des plus grands historiens, sachez que le mazdéisme est la religion la plus ancienne et la plus concernée par la mythologie perse. C'est elle qui a crée tous les dieux et l'idée du dualisme entre Ahura Mazda (le bien) et Angra Mainyu (le Mal). C'est une religion clairement polythéiste, qui a pour livre sacré l'Avesta, et qui demeure la religion principale jusqu'à l'arrivée des Sassanides, et cela malgré l'hellénisation de la perse dans sa période macédonienne. Retenez donc que la grande majorité des textes sacrés traitant de la mythologie perse sont de religion mazdéisme.
Dans le Mazdéisme, le feu est l'élément par excellence : il est l'élément purificateur. Au feu sont associés plus tard l'eau et la terre. En tant qu'éléments sacrés, ils ne doivent jamais être en contact avec ce qui peut provoquer une souillure. La consommation de Haoma matérialise l'union avec le dieu. La boisson, fabriquée à partir de la plante éphédra provoque un état d'ivresse favorable à la communion avec Ahura Mazda. Elle est aussi la boisson de l'immortalité.
La victoire d'Alexandre le Grand sur le dernier roi achéménide Darius III marque pour plusieurs siècles l'occultation de la religion Mazdéenne. C'est d'ailleurs un incendie provoqué par Alexandre à la bibliothèque de Persépolis qui va détruire l'Avesta et bien d'autres documents précieux.
Pour être clair et concis, on parle de mazdéisme comme de LA religion iranienne pré-sassanide.
LE ZOROASTRISME
N'y voyez pas une autre religion, mais plutôt une réforme du mazdéisme, vue par son "prophète" Zarathoustra, dit Zoroastre dans sa forme hellénisée. Il est indispensable de se renseigner sur ce grand monsieur qu'est Zarathoustra, puisqu'il est l'auteur (ou du moins serait) des Gathas de l'Avesta. Il aurait vécu entre l'an -1800 et -400, ce qui nous donne une grande fourchette de doutes. Toujours est-il qu'il faut attendre la dynastie sassanide pour que le zoroastrisme soit reconnu comme religion d'État, avant que cette religion ne sombre dans l'oubli après l'islamisation de la perse.
"Nous honorons la loi sainte [...] la loi donnée contre les dévas [...] la loi de Zarathoustra [...] la loi durable, la loi sainte des mazdéens."
Venons en aux différences avec le mazdéisme. Le Zoroastrisme est la première religion monothéiste connue à ce jour et cela change tout. Zoroastre ne reconnaît qu'un dieu suprême : Ahura Mazda. Tous les autres deviennent des génies à son service (Yazatas) ou des "entités bonnes". Il n'y a donc plus d'idée de dualisme, du moins pas dans le principe. Ahura Mazda est suprême et se bat contre un concept du Mal et non plus contre un dieu du Mal. Zoroastre interdit également les sacrifices animaux et l'utilisation du Haoma, boisson enivrante aux capacités hallucinogènes. Quoiqu'il arrive, retenez donc bien que le zoroastrisme n'a donc eu que peu d'influence dans les textes cosmogoniques et mythologiques, beaucoup plus dans la pensée religieuse.
Les trois règles du Zoroastrisme et de la morale mazdéenne en général = bonne pensée, bonne parole, bonne action. Pour un zoroastrien, Dieu est la source de tout ce qui est bon, source de vie, créateur de tout. Le mal cherche à détruire ou corrompre tout cela et doit être combattu.
L'émergence de la dynastie des Sassanides fait du Zoroastrisme la religion d'État. Toutefois, le monothéisme s'avère moins rigoureux qui celui instauré par Zarathoustra, et d'anciennes divinités comme Mithra et Anahita font un retour en force dans le culte.
LE ZURVANISME
Il s'agit d'un mouvement religieux qui aurait préexisté au zoroastrisme. On y retrouve la dualité Bien/Mal bien présente dans le mazdéisme, à la seule différence que le dieu Zurvan Akaran, dieu du temps infini, est le père de deux jumeaux : Ahura Mazda et Ahriman. L'un symbolise le Bien, l'autre le Mal. Son influence chez les perses aura été moindre par rapport aux deux religions précédemment décrites, mais il est bon d'en parler quand même. Nous ne disposons pas de textes zurvanites, ce qui rend sa mythologie difficile à reconstituer.
LE MANICHÉISME
Je tenais à parler rapidement de cette religion fondée par Mani au IIIe siècle de notre ère, donc pendant la période sassanide. Elle insiste sur le dualisme profond entre deux mondes : celui de la lumière et celui des ténèbres. Et tout comme le mazdéisme sur le dualisme Bien/Mal. Au départ autorisé à répandre sa pensée, Mani est vite persécuté sous le règne de Bahram I, en 272, qui souhaite rétablir alors la pensée mazdéiste. Sa fin est tragique et douloureuse. Emprisonné, il est enchaîné et torturé, et après 26 jours d'agonie, le prophète meurt d'épuisement. Comme si cela ne suffisait pas, son corps est lacéré et découpé pour être exposé aux portes de la ville royale. Glups !! Libre à vous de faire le choix de vous cultiver à ce sujet, cela sera un petit plus pour vous :)
J'airai pu aussi vous parler du Mazdakisme, dérivé du mazdéisme et du manichéisme, mais j'ai estimé que cela n'était pas nécessaire. Renseignez-vous sur cette religion mineure si vous êtes curieux. Finalement, vous vous rendrez compte aisément que toutes les religions développées sont influencées par le mazdéisme, LA religion de la perse antique, celle qui nous sera le plus utile.
Je pense avoir introduit la civilisation perse avec simplicité et efficacité. N'hésitez pas à allez plus loin en lisant des ouvrages spécialisés, vous n'en serez que gagnant. Maintenant, passons au vif du sujet !
"Parlant tous à l'origine la même langue, ayant les mêmes croyances, la vieille religion indo-européenne aux dieux souverains, le même mode de vie, ils se sont peu à peu distingués les uns des autres, ont évolué, n'ont plus gardé de traits communs que ceux qu'on peut, dans toute famille, retrouver entre cousins issus de germains. Ils sont devenus des Indiens, des Iraniens, comme d'autres de leurs parents sont devenus des Latins, des Grecs, des Celtes, des Germains."
Jean-Paul Roux - Histoire de l'Iran et des iraniens
L'histoire des indo-européens est passionnante mais très compliquée à saisir. Nous, européens, serions tous des indo-européens, et nos ancêtres viendraient donc tous de cette région du monde. N'étant pas des spécialistes de la question, voilà ce qu'il faut retenir.
LES ARYENS ET LES ÉLAMITES (-2500/-640)
Au cours du deuxième millénaire avant notre ère, le plateau iranien est donc peuplé par les Aryens au Nord, et par les Médes à l'Ouest. Les Aryens (redescendant vers le Sud) rencontrent alors une civilisation déjà bien développée et installée, avec qui ils vont cohabiter et profiter de leur culture avancée : les Élamites.
Alors qui sont les Aryens ? Il s'agit d'une population de langue indo-européenne qui va s'installer sur le plateau iranien et le Nord de l'Inde. Je ne vais volontairement pas plus loin sur ce sujet pour ne pas dire de bêtises, n'étant pas un spécialiste du sujet. Toujours est-il que cette situation serait le début de l'histoire perse : les Aryens se mêlent aux Élamites, et les Mèdes, alors divisés en tribus, vivent à l'Ouest.
-2300 : on assiste à partir de cette date approximative à un vaste mouvement de migration vers le sud.
-2000/-1000 : Des tribus d'Aryens s'installent sur le plateau iranien. Ils y rencontrent une autre culture déjà installée, qui sont les Élamites.
Retenez donc la définition suivante concernant les Aryens : Groupement de tribus semi-nomades indo-européens, à l'origine de deux grandes civilisations, iranienne et indienne.
LE ROYAUME DES MÈDES (-845/-550)
Les Mèdes sont les premiers iraniens à constituer un état organisé, dont les Perses (au Sud) sont les héritiers. Il s'agit d'un groupe de tribus iraniennes (six pour être plus exact, dont celle des Mages) qui vont se réunir pour finalement renverser l'empire assyrien (à l'ouest de la Médie). Car c'est bien cela qu'il faut retenir : les Mèdes anéantissent l'empire Assyrien avec l'aide des Babyloniens, pour céder à leur tour sous les coups du futur roi achéménide Cyrus II. Alors oui, j'ai marqué -845 comme le début du royaume Mède, mais cela prend en compte le temps de la formation et de l'organisation, avec le groupement de toutes les tribus autour d'un seul roi. Les environs de -710 me paraît être une date plus concrète, mais je maintiens malgré tout -845 comme point de départ.
L'idée globale à retenir, c'est que le 7e siècle avant notre ère est un siècle très important, où il va se passer des événements capitaux. Citons par exemple la destruction de l'Elam, de l'Urartu et de l'Assyrie (rien que ça !), ou encore l'essor des mèdes et la formation des perses. Il m'a paru donc nécessaire de détailler un peu plus cette partie de l'histoire.
-835 : Première mention des Mèdes dans les annales assyriennes.
-710 : Fondation du royaume Mède par Déjocès (Déiocès), dont la capitale est Ecbatane (Hamadan actuelle). Il rassemble ainsi les tribus mèdes (six tribus : les Buses, les Parétacéniens, les Struchates, les Arizantes, les Budiens et les Mages) autour de cette nouvelle ville et devient le premier roi Mède.
-688 : Côté perse, parlons d'Achéménès (-688/-675), fondateur supposé de la dynastie des Achéménides. Son fils Teispès lui succédera de vers -675 et deviendra le premier roi d'Anshan jusqu'en -640, mais ce dernier devra se soumettre durant son règne à Phraortès, roi des Mèdes.
-665 : Mort de Déjocès. Son fils Phraortès lui succède et parvient à soumettre les Perses dirigé par Teispès. Le souverain mède entreprend alors de nombreuses offensives contre l'Assyrie, mais meurt en -633, battu par le fameux roi assyrien Assurbanipal (Sardanapale). Son fils Cyaxare lui succèdera.
-640 : Pendant ce temps, chez les Perses, Teispès meurt et laisse son royaume divisé entre ses deux fils, Cyrus Ier (-640/-580), roi de Parsumah et d'Anshan, et Ariaramnès, roi de Parsa.
-633 : Battu par le roi assyrien Assurbanipal, Phraortès meurt ; son fils Cyaxare (ou Kyouxares) assiège alors Ninive, la capitale Assyrienne, mais doit rebrousser chemin à cause d'une invasion scythe. Il est battu par les cavaliers Scythes de Madius et doit se contraindre à la domination scythe.
-625 : Lors d'un banquet organisé, Cyaxare fait (lâchement) assassiner Madius et se libère ainsi de sa domination. Les Mèdes refoulent les Scythes, et peuvent se concentrer à nouveau sur le royaume assyrien.
-614 : Cyaxare cerne Ninive et s'empare d'Assour, grande ville assyrienne.
-612 : Les Mèdes (toujours gouvernés par Cyaxare), alliés aux babyloniens du roi Nabopolassar, s'emparent de Ninive, mettant fin à l'empire Assyrien, dont le dernier grand roi se prénomme Sîn-Shar-Ishkun (-625/-612). Le partage de l'ancien empire donne la partie nord à la Médie.
-590 : Cyaxare s'empare du royaume Manéen, poursuivant ainsi ses conquêtes vers l'ouest. Il prend possession également de Toushpa, capitale de l'Urartu, puis détruit définitivement l'Urartu avant de déclarer la guerre à la Lydie jusqu'en -585. Cyaxare et le roi de Lydie Alyatte II luttent jusqu'en mai -585 puis finissent par signer la paix entre les deux camps, avec pour frontière le fleuve Halys.
-585 : Mort de Cyaxare. Son fils Astyage lui succède, entre-ouvrant un long règne pacifique. Il épouse Aryénis, la soeur du roi lydien Crésus, tandis que sa fille Mandane épouse le roi perse de Parsumah et d'Anshan, Cambyse Ier (alors son vassal), un achéménide (de leur union va naître Cyrus II). Hélas pour lui, les Perses finissent par attaquer la Médie.
Il faut se rendre compte qu'à ce moment-là de l'histoire, les mèdes sont maître de l'Elam, de l'Arménie et de l'Anatolie orientale, tout en ayant rayé de la carte l'empire Assyrien, l'Urartu et l'Élam. Regardez-donc l'empire mède (puisqu'on peut bien parler d'empire) ! Cela force le respect.
-562 : mort de Nabuchodonosor II, roi babylonien.
-559 : Cyrus II, roi d'Anshan, succède à son père Cambyse Ier (-600/-559).
-553 : Révolte contre Astyage. Ce dernier est battu par son petit-fils Cyrus II, mettant fin à la domination mède.
-552 : La perse devient un royaume indépendant sous le roi Cyrus II, dit Cyrus le grand.
-550 : L'empire des Mèdes tombe sous les coups de Cyrus II à la bataille de Pasargades.
"Quant à Astyage, ses troupes se révoltèrent contre lui ; il fut saisi et livré à Cyrus. Celui-ci marcha sur Ecbatane, la cité royale ; l'argent, l'or, les meubles, les richesses furent pillés ; les meubles et les richesses furent transportés dans la terre d'Anzan." Annales de Nabonide
Comme vous le pouvez le voir, le royaume ne dure pas longtemps (quoique, un siècle et demi n'est-ce donc pas déjà bien ?), car la dynastie perse des Achéménides, d'abord vassaux des Mèdes, va se révolter puis prendre le pouvoir. Malgré tout, force est de constater que leur royaume est déjà immense, notamment sous le règne de Cyaxare (voir carte).
Voici la lignée des rois mèdes :
Déjocès (-710/-665)
Phraortès (-665/-633)
Cyaxare (-633/-585)
Astyage (-585/-553)
L'EMPIRE PERSE ACHÉMÉNIDE (-550/-330)
Cette partie de l'histoire de la perse est souvent la plus connue et la mieux documentée. En même temps, jamais le monde n'avait jusqu'alors connu pareil empire, ni même pareille puissance militaire. Retenez bien cela : l'empire achéménide est le premier empire de notre monde à atteindre une telle superficie et une telle puissance (voir carte ci-dessous). Malgré tout, n'y voyez pas un empire tyrannique et cruel à outrance. En effet, les satrapies (provinces) sont autonomes et les peuples conquis libres d'exercer leur religion. Ainsi, ils 'agit d'un empire multiethnique et multilingue, une mosaïque de peuples et de langues (vieux perse, mède, élamite, babylonien, égyptien, araméen, grec).
Alors pourquoi cet empire s'appelle-t-il Achéménide ? Tout simplement parce que Cyrus II est un descendant direct du roi légendaire Achéménès (-688/-675), fondateur de la dynastie des Achéménides. Son fils Teispès (-675/-640) lui succède mais vers -670, ce dernier doit se soumettre à la domination Mède. À sa mort en -640, ses deux fils se partagent le royaume : Cyrus Ier (-640/-600) et Ariaramnès. Faisons plus vite à présent : Succèderont ensuite Cambyse Ier (-600/-559), puis son fils Cyrus II (-559/-529), qui va se rebeller contre son grand-père Astyage (voir plus haut) et le battre en -550. Voilà en gros la généalogie de Cyrus II, qui est celui qui nous intéresse ici.
-550 : Cyrus II (dit Cyrus le Grand) soumet les Médes et fonde l'Empire perse. On suppose une révolte des Mèdes contre leur roi Astyage, situation dont Cyrus II va profiter pour prendre la capitale mède Ecbatane. Cyrus II bat Astyage mais il ne le tue pas, "honoré comme un père".
"Je suis Cyrus, le roi, l'Achéménide".
S'en suit d'autres conquêtes, notamment celle de la Lydie en -547 (défaite de Crésus à Sardes), de la Babylonie en -539 (défaite du roi Nabonide, traité avec clémence), et de la Ionie (premiers contacts entre les Perses et les Grecs). Il soumet donc la Lydie, la Médie, la Ionie (Ouest) et la Babylonie.
-547 : Destruction du royaume Lydien avec la mort de Crésus à Sardes. S'en suite l'attaque de la Ionie.
-539 : Cyrus conquiert Babylone, entre dans la ville, libère des milliers de juifs captifs et facilite leur retour en terre d’Israël. Il deviendra ainsi une grande figure dans la Bible.
Cyrus II meurt en -529, après 30 ans de règne, lors d'une bataille contre les Massagètes (une tribu Scythe) commandée par la reine Tomyris. Son fils et successeur Cambyse II (-530/-522) ira conquérir l'Égypte (-525/-522), soumettant ainsi tout le Proche-Orient à la même domination. Cyrus II sera enterré à Pasargades, sa capitale.
"O homme, je suis Cyrus, le fils de Cambyse, qui a établi l'empire des perses et a été roi de l'Asie ; Ne sois donc pas jaloux de ce monument qui est mien".
-525 : Cambyse II est intronisé Pharaon à Memphis.
-522 : La mort de Cambyse II après seulement 7 ans de règne (et quelques mois) laisse place à ce que l'on appelle l'usurpation de Gaumata (Smerdis), qui n'est autre que Bardiya, le frère de Cambyse. Gaumata se proclame roi en Mars -522, mais il sera tué la même année (Sept. -522) par Darius I, qui dira dans ses inscriptions : "Nul n'avait osé rien dire sur Gaumata le mage, jusqu'à ce que j'arrive."
Darius I fait partie des sept dignitaires perses qui se liguèrent contre le mage.
"Ahura Mazda m'a remis le royaume".
"Je suis Darius, le grand roi, le roi des Rois, le roi en Perse, le roi des peuples, le fils de Vistaspa, le petit-fils d'Arsamès, l'Achéménide".
La même année et une fois sur le trône, Darius I se lance dans une expédition orientale (Gandhara + vallée de l'Indus), où il soumet les Sakas (ou Saces).
-520 : Darius, fils d'Hystaspes, commence le Palais de Persepolis, qui sera sans cesse aménagé, transformé et agrandi par ses successeurs, jusqu'à sa destruction par Alexandre le Grand. Surtout, il rétablit l'ordre, suite aux troubles qui éclatent dans les différentes provinces après la mort mystérieuse de Cambyse II. Il doit donc mater plusieurs rebellions, notamment des Saces et des Élamites, mais aussi à Babylone et en Médie. Les rois rebelles, que Darius nommera "les neuf rois menteurs", seront tués atrocement, et une fois l'empire solidifié, l'empereur se lancera dans des guerres de conquête pour étendre son territoire.
"J'ai livré 19 batailles, grâce à Ahura Mazda ; Je les ai battus, et j'ai capturé 9 rois."
Voici les noms des 9 "rois menteurs" : Gaumata (Perse), Açina (Élamite), Nadintabaira (Babylonien), Martiya (Perse), Phraortès (Mède), Ciçantaxma (Asagartien), Frâda (Margien), Vahyazdâta (Perse), Araxa (Arménien).
"Celui qui vénère Ahura Mazda, la faveur sera pour lui, aussi bien de son vivant qu'après sa mort."
-519 : Conquête autour de la Mer Égée, avec notamment la prise de Samos.
-518 : Darius s'empare de la vallée de l'Indus.
-512 : les Scythes résistent à Darius.
-499/-494 : Révolte en Ionie, menée par le tyran Aristagoras de Milet mais écrasée.
Mais les premiers échecs ne tardent pas à arriver, avec une première défaite contre les Scythes du roi Scytharbès et la révolte de l'Ionie, qui ouvrira la première guerre médique (-490/-486).
-490 : Défaite lors de la bataille de Marathon, qui n'a pas l'importance ni l'impact que les grecs veulent bien laisser croire. En effet, une révolte en Égypte en -487 détourne Darius de ses envies de conquête vers l'Ouest, mais il meurt en -486, après 36 ans de règne. Il sera enterré à Naqsh-i Rustam, une sorte de vallée des rois achéménides (voir section Bon à savoir). Pour l'anecdote, un certain Philippidès parcoure une quarantaine de kilomètre après la bataille, pour rejoindre Athènes et prévenir de la victoire. Il meurt juste après avoir prononcé le mot suivant : "Nenikekamen !" ("Nous sommes victorieux"), harassé par son parcours.
-486 : Mort de Darius I. Son fils Xerxès I lui succède, et régnera dans la continuité de son père, avec une envie féroce de conquêtes, notamment vers l'Ouest. Il écrase violemment la révolte d'Égypte (-484), puis une révolte à Babylone (-483), et embellit Persepolis de palais somptueux, avant de se lancer vers la Grèce (-481), lançant ainsi la deuxième guerre médique (-481/-479). Les grecs nous ont laissé un portait peu flatteur de Xerxès, mais il n'est pas le grand perdant que l'on veut nous faire croire.
-480 : Victoire perse lors de la bataille des Thermopyles, face aux fameux 300 spartiates. Simultanément, les perses remportent également la bataille de l'Artémision. Xerxès dévaste la Boétie et l'Attique, s'emparant alors d'Athènes, qu'il incendie. Mais la joie est de courte durée, avec notamment deux défaites célèbres lors de la bataille de Salamine en -480 (bataille navale) et la bataille de Platées en -479 (bataille terrestre), sans oublier la bataille du Cap Mycale en -479, où les perses sont également vaincus.
-469 : Bataille de l'Eurymédon, qui voit l'armée perse défaite. Cette victoire décisive de la ligue de Délos met fin à la menace perse sur le Grèce.
Encore une fois, il faut savoir relativiser, car ces défaites n'ont pas l'impact que les grecs veulent nous laisser croire. La vérité est tout autre : Xerxès est obligé de mettre ses projets en suspens à cause d'une révolte à Babylone en -479, qu'il écrase sans pitié.
-465 : Xerxès, victime d'une conspiration, est assassiné par le chef de ses gardes, Artaban. Artaxerxès Ier (-465/-424) lui succède. Ce dernier devra faire face à de nombreuses rebellions, notamment de la Bactriane et de l'Égypte (-455).
-449 : La paix de Callias est conclue entre la Grèce et la Perse Achéménide, mettant fin aux guerres médiques. Celle-ci prévoit notamment l'indépendance des cités de Ionie.
-424 : Mort d'Artaxerxès Ier, Xerxès II lui succède, mais il est assassiné 45 jours plus tard par un certain Sogdianos, qui ne régnera que 6 mois et demi. Darius II (-424/-404) se chargera de le tuer et de lui succéder. La même année, le traité d'Épilycos est signé entre Darius II et Athènes.
-404 : Mort de Darius II qui laisse la concurrence au trône à ses deux fils, Cyrus le jeune et Artaxerxès II. Mais c'est bien ce dernier qui monte sur le trône achéménide.
-401 : Cyrus le jeune se rebelle contre son frère Artaxerxès II et meurt à la bataille de Cunaxa.
-394 : Bataille de Cnide qui voit la défaite de Sparte face à la flotte perse.
-387 : Sparte et la Grèce signent un traité, La paix d'Antalcidas, mettant fin à la guerre de Corinthe et reconnaissant des terres à la Perse. L'empire atteint alors l'apogée de sa taille, sous Artaxerxès II.
Mais une nouvelle puissance va tout faire basculer. La Macédoine, dirigée par Philippe II (-359/-336), a un profond désir de vengeance, qui sera concrétisé par le célèbre Alexandre le Grand (-336/-323). Deux batailles restent fameuses : la bataille d'Issos (-333) et la bataille de Gaugamélès (-331). La fin de l'empire achéménide est proche...
-338 : Artaxerxès III est empoisonné. Son fils Artaxerxès IV lui succède, mais il est lui aussi tué deux ans plus tard. C'est donc Darius III Codoman lui monte sur le trône, pour les dernières années de la dynastie achéménide (-336). Pendant ce temps, Philippe de Macédoine met fin à l'indépendance des cités grecques.
-337 : Philippe de Macédoine déclare la guerre aux Perses.
-336 : Darius III Codoman monte sur le trône. La même année, Philippe arrive en Asie mineure, mais est subitement assassiné. Son fils Alexandre lui succède.
-334 : Alexandre débarque en Asie mineure. Bataille du Granique, qui voit la victoire d'Alexandre le Grand.
-333 : Bataille d'Issos, une nouvelle fois gagnée par Alexandre le Grand.
-331 : Darius III Codoman est battu par Alexandre le Grand à la célèbre bataille de Gaugamèles (1 Octobre). C'est la défaite de trop, surtout la fin de l'Empire Achéménide. Le dernier empereur sera assassiné par un de ses satrapes, après avoir fuit le champ de bataille (lâchement), en -330.
Voici la lignée des rois Achéménides (en gras, les souverains les plus importants) :
Achéménès (-705/-675)
Teispès (-675/-640)
Cyrus I (-640/-600)
Cambyse I (-600/-559)
Cyrus II (-559/-529)
Cambyse II (-529/-522)
Bardiya (-522)
Darius I (-522/-486)
Xerxès I (-486/-465)
Artaxerxès I (-465/-424)
Xerxès II (-424)
Sogdianos (-424)
Darius II (-424/-404)
Artaxerxès II (-404/-358)
Artaxerxès III (-358/-338)
Artaxerxès IV (-338/-336)
Darius III (-336/-330)
Comme vous pourrez le constater, la succession des rois achéménides va connaître quelques troubles, avec notamment plusieurs souverains qui ne régneront même pas un an. Encore une fois, je ne rentre pas dans les détails de cette période fabuleuse de l'histoire perse. Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, n'hésitez pas à lire des ouvrages, qui abondent sur cette partie de l'histoire perse. Mon but ici est de simplifier au possible, comprenez-le bien. Ce qu'il faut saisir, c'est que l'Empire perse est le premier empire aussi vaste, comme vous pourrez le constater sur la carte. C'est tout simplement impressionnant ! Mais retenez bien cette leçon de l'Histoire : les empires, aussi puissants et vastes soient-ils, ne durent jamais...
ALEXANDRE ET LA PERSE SÉLEUCIDE (-330/-256)
Cette partie de l'histoire perse est plutôt courte et peu flatteuse pour les perses, battus par la fougue d'Alexandre le Grand. Ce dernier la contrôlera jusqu'à sa mort (c'est à dire peu de temps), mais il disparaît sans héritier direct le 23 Juin -323, à l'âge de 32 ans seulement. Son vaste empire est alors partagé entre ses 4 généraux les plus fidèles, que l'on appelle les Diadoques. Si la dynastie des Ptolémées (Lagides) règne sur l'Égypte, celle des Séleucides (Seleucos Ier Nocator héritant de la partie asiatique) dirige alors la Perse (voir carte ci-dessus pour le partage de l'empire). Il va s'en suivre fort logiquement un métissage "irano-macédonien", et nombreux sont ceux qui vont donner l'exemple, comme Alexandre lui-même qui va se marier avec la princesse Stateira, fille de Darius III, ou encore Seleucos qui va s'unir avec une fille d'une général de Darius III, nommée Apama.
-330 : Alexandre le Grand (-336/-323) règne sur l'ensemble de la perse, intégrée à son empire macédonien (hellénisation de l'Iran). On peut signaler la destruction de la ville de Persépolis en -330, notamment de sa bibliothèque, contenant l'exemplaire complet de l'Avesta.
"Ahriman, le damné [...] poussa ce maudit Alexandre le Grec [...] à venir au pays d'Iran y apporter l'oppression, la guerre et les ravages. Il mit à mort les gouverneurs de province de l'Iran, il pilla et ruina la capitale."
Livre d'Arda Viraf
"Des trois plus terribles fléaux qui se sont abattus sur la Den Mazdéenne en fait de tyrans, au cours du millénaire de Zartust, le premier fut le Xyonite et tant d'autres avec lui : le seconde fut Alexandre le Romain, homme de mort de mauvais renom, et ceux qui étaient avec lui [...]."
Livre III du Denkart
"La Loi qui consistait dans l'Avesta et le Zand et qui était disposée et consignée sur des peaux de bœufs et écrite en lettres d'or, avait été déposée à Stâkhar Pâpakan dans les archives ; mais cet hostile et fatal Ahriman, le damné, suscita le malfaisant Alexandre le Grec, qui avait pour demeure l'Égypte, et celui-ci les brûla, les livres de la Loi ; il fit périr nombre de destours, de juges, de hirbeds, de mobeds, de disciples de la Loi, de docteurs éminents, de savants du pays d'Iran , il sema la haine et la discorde parmi les grands et les chefs des familles."
Livre d'Arda Viraf
-300/-327 : Alexandre part à la conquête des satrapies orientales."La Loi qui consistait dans l'Avesta et le Zand et qui était disposée et consignée sur des peaux de bœufs et écrite en lettres d'or, avait été déposée à Stâkhar Pâpakan dans les archives ; mais cet hostile et fatal Ahriman, le damné, suscita le malfaisant Alexandre le Grec, qui avait pour demeure l'Égypte, et celui-ci les brûla, les livres de la Loi ; il fit périr nombre de destours, de juges, de hirbeds, de mobeds, de disciples de la Loi, de docteurs éminents, de savants du pays d'Iran , il sema la haine et la discorde parmi les grands et les chefs des familles."
Livre d'Arda Viraf
"Ahriman suscita Alexandre le Grec contre l'Iran"
Livre d'Arda Viraf
-327/-325 : Conquête de l'Inde et du Golfe Persique.
-326 : Bataille de l'Hydaspe, où Alexandre bat le râja indien du royaume de Paurava, Pôros.
-323 : Mort d'Alexandre le Grand (la nuit du 10 au 11 Juin) et début du partage de son empire, qui se concrétisera par une grosse décennie de batailles entre les divers généraux macédoniens. Ce sont les guerres des diadoques (-323/-281).
-312 : Fondation de la dynastie des Séleucides. Séleucos I, général d'Alexandre le Grand, règnera de -305 à -281. La liste des rois Séleucides est très longue et sans grand intérêt pour notre introduction; il faut juste comprendre qu'elle commence sous Séleucos I Nicator, puis va perdre peu à peu tout son territoire, notamment sous les coups des Parthes. La dynastie s'éteint en -64 pour devenir province romaine par Pompée, son territoire se réduisant comme peau de chagrin, mais la perse lui échappe déjà à peine 30 ans après la mort de Séleucos I. Finalement, la Perse ne reste que peu de temps dans les mains des Macédoniens.
LA DOMINATION PARTHE (-256/+224)
Les Parthes (peuple iranien de Nord-Est de l'Iran, donc non perse) mettent fin à la dynastie des Séleucides dans le plateau iranien et installent leur propre dynastie par les deux frères Arsace et Tiridate : les Arsacides. Concernant les dates de règne, il faut cependant rester très prudent, tout comme la liste des souverains parthes. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'empire parthe n'a pas laissé de chronique historique.
On peut cependant citer des rois comme :
Arsace Ier (-250/-247),
Tiridate Ier (-247/-217),
Artaban Ier (-217/-190),
Mithridate Ier (-171/-138),
Artaban V (216/224), le dernier roi parthe.
-250 : Fondation de la dynastie des Arsacides par Arsace Ier.
-171 : Début du règne de Mithridate Ier (-171/-135).
-163/-150 : Conquête de la Mésopotamie.
-53 : Victoire décisive contre les romains de Crassus à Carrhes. On parle alors de 20.000 morts côté romain, pour 38 du côté parthe !! L'armée parthe est alors commandée par le célèbre général Surena (-84/-52).
114-117 : Campagne de Trajan contre les Parthes. L'empereur romain arrive à prendre la ville de Ctésiphon.
128 : Paix conclue avec l'empereur romain Hadrien, suite à une longue guerre entamée par son prédécesseur Trajan.
199 : L'empereur Septime Sévère pille Ctésiphon.
216 : Naissance de Mani.
224 : Défaite du dernier roi parthe Artaban V face au futur souverain sassanide Ardashir Ier, lors de la bataille d'Hormizdaghan.
L'empire parthe n'avait pas de structure centralisée. De puissantes familles exerçaient le pouvoir sur les différentes provinces, et des branches collatérales de la dynastie régnante se voyaient confier le gouvernement de différentes régions. N'étant absolument pas spécialisé dans cette partie de l'histoire perse, je n'irai pas plus loin, la carte permettant de se faire une bonne idée de la puissance parthe sur le plateau iranien durant plus de 400 ans. À noter que les parthes ont été des concurrents sérieux de Rome dans l'Est de la Méditerranée, notamment concernant le royaume d'Arménie.
LA PERSE SASSANIDE (+224/+650)
On considère la perse sassanide comme un deuxième âge d'or pour les perses, et une des périodes les plus importantes pour l'histoire de l'Iran. Comprenez bien que c'est à cette époque de l'histoire que le mazdéisme zoroastrien devient la religion d'état, et que l'Avesta est reconstitué sous sa forme définitive (21 livres).
224 : Bataille d'Hormizdaghan. Ardachîr unifie toute la perse, qui redevient iranienne. Il renverse alors Artaban V (dernier roi arsacide), s'empare de Ctésiphon (qui deviendra sa capitale) et fonde la dynastie des Sassanides lors de son couronnement en 226. Son territoire comprend alors une multitude de groupes religieux : mazdéens, zurvanites, hindous, bouddhistes, grecs, juifs, chrétiens, païens, auxquels vont s'ajouter les manichéens et mazdakites.
226 : Ctésiphon tombe aux mains d'Ardashîr.
240 : Ardachîr Ier (224-240) meurt, laissant à son fils Shapur Ier (240-272) un empire encore instable. Ce dernier va combattre les romains en battant Gordien III (238-244), puis faire la paix avec son successeur Philippe l'Arabe (244-249) en échange d'une rançon. Mais son plus haut fait d'arme est à capture de l'empereur romain Valérien (253-260) en 260.
Les empereurs sassanides guerroieront longtemps avec Byzance (empire romain d'Orient) sur le front occidental, enchaînant des périodes de guerre et de paix avec les romains comme cela était le cas avec les parthes. On ne change pas les bonnes habitudes !
"Que soient immortels Ardashir le Roi des Rois, fils de Pâbag, et Shapur le Roi des Rois, fils d'Ardashir, et Hormizd le Roi des Rois, fils de Shapur." Livre de la geste d'Ardashir.
242 : À noter à cette époque un certain Mani (216-277) qui prône une nouvelle religion, le manichéisme, (encore) protégé par le roi Shapur Ier.
243 : Shapur Ier est battu par Gordien III.
244 : L'empereur romain Gordien III meurt sous les coups des perses en plein combat. La paix est conclue avec son successeur Philippe l'Arabe.
260 : L'empereur romain Valérien est capturé par Shapur Ier, ce qui restera comme son plus haut fait d'arme.
272 : Mort de Shapur Ier, remplacé par son fils Hormizd Ier (272-273). C'est vers cette époque que le Zoroastrisme devient la religion d'État. Le mage Karter devient alors Mobad d'Ormazd sous Bahram Ier (273-276), entreprend une deuxième réforme de la religion zoroastrienne, et écrit cette phrase qui nous est parvenue :
"Les roitelets des divers pays, Hormizd les amena à l'obéissance. De Rome et les Indiens, il exigea taxes et tributs. De l'Iran, il fit un pays plus embelli, plus remarquable et plus renommé. Le César seigneur des Romains, le Tégin de Kabul, roi des Indiens, le Qaghan des Turcs et les autres roitelets des divers pays, vinrent à la cour dans une douce paix." Livre de la geste d'Ardashir.
"Les doctrines d'Ahriman et des démons, de l'Empire furent chassées. Juifs, bouddhistes, brahmanes, nazaréens, chrétiens et manichéens, dans l'empire furent abattus."
277 : Mani est persécuté par le roi Bahram Ier (273-276), qui a succédé à son frère Hormizd Ier (272-273). Le prophète est emprisonné et torturé, finissant par mourir d'épuisement au bout de 26 jours d'agonie. Son cadavre est coupé en morceaux pour y être exposé.
À Bahram Ier vont succéder Bahram II (276-293), Bahram III (273), Narseh (293-302), Hormizd II (302-309), Adhur-Narseh (309), Shapur II (309-379), Ardachîr II (379-383), Shapur III (383-388), Bahram IV (383-399), Yazdgard Ier (399-420), Shapur IV (421), Khosro l'Usurpateur (421), Bahram V (420-439), Yazdgard II (438-457), Hormizd III (457-459), Péroz Ier (457-484), Valash (484-488), Kavadh Ier (488-496), Zamasp (497-499), (encore) Kavadh I (499-531), Khosro Ier (531-579), Hormizd IV (579-590), Khosro II (590-628), puis d'une multitude de rois aux règnes très courts jusqu'à Yazdguard III (632-651).
337 : Début des guerres persanes contre Rome (337-360).
345 : Victoire romaine à Singara.
360 : Début de la campagne contre les perses, dirigée par l'empereur Julien l'Apostat (331-363).
363 : Julien l'Apostat est tué d'un coup de javelot lancé par un cavalier perse.
516 : Un certain Mazdak définit la doctrine du Mazdakisme.
528 : Le roi Khosrow Ier (531-579) conclut une paix éternelle avec l'empereur Justinien (527-565) pour se concentrer sur le front oriental. Les hephtalites sont détruits, et l'Arabie du Sud conquise.
531 : Le mouvement de Mazdak est écrasé (et Mazdak est exécuté). Début du règne de Khosrow Ier, qui va amener son territoire à son expansion maximale tout en profitant d'une période faste.
570 : Conquête du Yémen.
590-592 : Révoltes de Bahram-i-Chubin et Vistham Ispahbudhan. Cela va aboutir à un affaiblissement du pouvoir sassanide qui va avoir une importance capitale pour la suite des évènements.
614 : Prise de Jérusalem par l'armée sassanide.
632 : Mort du prophète Mahomet (570-632) à Médine, qui va réussir à rassembler toutes les tribus d'Arabie. À cette époque, les Arabes ne sont pas vus comme une force sérieuse par les Sassanides, bien plus occupés sur le front Ouest contre les Romains.
633 : Prise de la ville de Hira par les arabes. Commence alors l'invasion arabe (633-651).
636 : Les arabes anéantissent l'armée persane à la bataille d'Al-Qadisiyya, et prennent Ctésiphon en 637. Cela annonce la fin de la dynastie sassanide et du zoroastrisme comme religion d'État.
642 : Défaite décisive des sassanides lors de la bataille de Nahavand. Yazdgard III est vaincu par les arabes, cédant ainsi la Médie.
650 : Conquêtes arabes et islamisation de la perse.
La période Sassanide est très intéressante également, bien qu'un peu chaotique. Les Sassanides arrivent à reformer un empire vaste et puissant, sans toutefois égaler celui des Achéménides. Encore une fois, n'hésitez pas à vous cultiver sur cette riche civilisation. Il faut savoir que c'est sous cet empire que le zoroastrisme sera considéré comme la religion principale. La liste des souverains sassanides est longue, inutile de l'apprendre par cœur. Elle commence avec bien entendu Ardachîr I (224/241) et se termine sous Yazdgard III (632-651), qui cédera sous les coups du califat arabe. L'avènement du dernier souverain coïncide avec la mort du prophète Mahomet, en 632.
La conquête islamique (637/751) et la chute des Sassanides (650) sonne la fin de la civilisation perse et de sa mythologie. C'est également la fin du Zoroastrisme comme religion principale, qui est remplacée par l'Islam. Signalons juste que la perse passe sous le contrôle du califat Omeyyade (661/749), en gardant sa langue et sa religion, puis du califat Abbasside (749/1258). L'islamisation de la perse sera ainsi un processus lent et progressif.
J'aurai pu continuer l'histoire jusqu'à nos jours, parler de l'invasion de l'Iran par les troupes de Gengis Khan (1230-1231), de la dynastie des Safavides (1501-1736) et de la dynastie des Pahlavi (1925-1979), mais cela aurait été hors-sujet en ce qui concerne la mythologie perse. À vous d'être curieux et de parfaire vos connaissances pour votre propre culture :)
Pour les arabes, les zoroastriens sont des "adorateurs du feu". On assiste donc à une destruction massive des écrits zoroastriens provoquant l'exode des zoroastriens en Inde (Les Parsis) en 716, dans la petite cité de Sanjan.. La perse portera ce nom jusqu'en 1934, où elle finira par s'appeler l'Iran.
Voilà ce qu'il faut retenir historiquement avant d'entamer toute lecture. Avec ces repères temporels, nous allons pouvoir aller plus loin. Voyons maintenant un deuxième point primordial : la religion des perses.
II. LA RELIGION DES PERSES
On ne peut clairement pas parler de mythologie perse sans parler de religion, car tous les dieux et les mythes (du moins une grande partie) se trouvent dans des livres sacrés et religieux. Ainsi, la religion et les mythes se mêlent. Il faut impérativement distinguer deux religions : le mazdéisme et le zoroastrisme. La nuance est subtile mais nécessaire.
LE MAZDÉISME
Sans rentrer dans des détails dignes des plus grands historiens, sachez que le mazdéisme est la religion la plus ancienne et la plus concernée par la mythologie perse. C'est elle qui a crée tous les dieux et l'idée du dualisme entre Ahura Mazda (le bien) et Angra Mainyu (le Mal). C'est une religion clairement polythéiste, qui a pour livre sacré l'Avesta, et qui demeure la religion principale jusqu'à l'arrivée des Sassanides, et cela malgré l'hellénisation de la perse dans sa période macédonienne. Retenez donc que la grande majorité des textes sacrés traitant de la mythologie perse sont de religion mazdéisme.
Dans le Mazdéisme, le feu est l'élément par excellence : il est l'élément purificateur. Au feu sont associés plus tard l'eau et la terre. En tant qu'éléments sacrés, ils ne doivent jamais être en contact avec ce qui peut provoquer une souillure. La consommation de Haoma matérialise l'union avec le dieu. La boisson, fabriquée à partir de la plante éphédra provoque un état d'ivresse favorable à la communion avec Ahura Mazda. Elle est aussi la boisson de l'immortalité.
La victoire d'Alexandre le Grand sur le dernier roi achéménide Darius III marque pour plusieurs siècles l'occultation de la religion Mazdéenne. C'est d'ailleurs un incendie provoqué par Alexandre à la bibliothèque de Persépolis qui va détruire l'Avesta et bien d'autres documents précieux.
Pour être clair et concis, on parle de mazdéisme comme de LA religion iranienne pré-sassanide.
LE ZOROASTRISME
N'y voyez pas une autre religion, mais plutôt une réforme du mazdéisme, vue par son "prophète" Zarathoustra, dit Zoroastre dans sa forme hellénisée. Il est indispensable de se renseigner sur ce grand monsieur qu'est Zarathoustra, puisqu'il est l'auteur (ou du moins serait) des Gathas de l'Avesta. Il aurait vécu entre l'an -1800 et -400, ce qui nous donne une grande fourchette de doutes. Toujours est-il qu'il faut attendre la dynastie sassanide pour que le zoroastrisme soit reconnu comme religion d'État, avant que cette religion ne sombre dans l'oubli après l'islamisation de la perse.
"Nous honorons la loi sainte [...] la loi donnée contre les dévas [...] la loi de Zarathoustra [...] la loi durable, la loi sainte des mazdéens."
Venons en aux différences avec le mazdéisme. Le Zoroastrisme est la première religion monothéiste connue à ce jour et cela change tout. Zoroastre ne reconnaît qu'un dieu suprême : Ahura Mazda. Tous les autres deviennent des génies à son service (Yazatas) ou des "entités bonnes". Il n'y a donc plus d'idée de dualisme, du moins pas dans le principe. Ahura Mazda est suprême et se bat contre un concept du Mal et non plus contre un dieu du Mal. Zoroastre interdit également les sacrifices animaux et l'utilisation du Haoma, boisson enivrante aux capacités hallucinogènes. Quoiqu'il arrive, retenez donc bien que le zoroastrisme n'a donc eu que peu d'influence dans les textes cosmogoniques et mythologiques, beaucoup plus dans la pensée religieuse.
Les trois règles du Zoroastrisme et de la morale mazdéenne en général = bonne pensée, bonne parole, bonne action. Pour un zoroastrien, Dieu est la source de tout ce qui est bon, source de vie, créateur de tout. Le mal cherche à détruire ou corrompre tout cela et doit être combattu.
L'émergence de la dynastie des Sassanides fait du Zoroastrisme la religion d'État. Toutefois, le monothéisme s'avère moins rigoureux qui celui instauré par Zarathoustra, et d'anciennes divinités comme Mithra et Anahita font un retour en force dans le culte.
LE ZURVANISME
Il s'agit d'un mouvement religieux qui aurait préexisté au zoroastrisme. On y retrouve la dualité Bien/Mal bien présente dans le mazdéisme, à la seule différence que le dieu Zurvan Akaran, dieu du temps infini, est le père de deux jumeaux : Ahura Mazda et Ahriman. L'un symbolise le Bien, l'autre le Mal. Son influence chez les perses aura été moindre par rapport aux deux religions précédemment décrites, mais il est bon d'en parler quand même. Nous ne disposons pas de textes zurvanites, ce qui rend sa mythologie difficile à reconstituer.
LE MANICHÉISME
Je tenais à parler rapidement de cette religion fondée par Mani au IIIe siècle de notre ère, donc pendant la période sassanide. Elle insiste sur le dualisme profond entre deux mondes : celui de la lumière et celui des ténèbres. Et tout comme le mazdéisme sur le dualisme Bien/Mal. Au départ autorisé à répandre sa pensée, Mani est vite persécuté sous le règne de Bahram I, en 272, qui souhaite rétablir alors la pensée mazdéiste. Sa fin est tragique et douloureuse. Emprisonné, il est enchaîné et torturé, et après 26 jours d'agonie, le prophète meurt d'épuisement. Comme si cela ne suffisait pas, son corps est lacéré et découpé pour être exposé aux portes de la ville royale. Glups !! Libre à vous de faire le choix de vous cultiver à ce sujet, cela sera un petit plus pour vous :)
J'airai pu aussi vous parler du Mazdakisme, dérivé du mazdéisme et du manichéisme, mais j'ai estimé que cela n'était pas nécessaire. Renseignez-vous sur cette religion mineure si vous êtes curieux. Finalement, vous vous rendrez compte aisément que toutes les religions développées sont influencées par le mazdéisme, LA religion de la perse antique, celle qui nous sera le plus utile.
Je pense avoir introduit la civilisation perse avec simplicité et efficacité. N'hésitez pas à allez plus loin en lisant des ouvrages spécialisés, vous n'en serez que gagnant. Maintenant, passons au vif du sujet !