Découvrez les différentes cosmogonies et mythologies des plus grandes civilisations du monde


mercredi 3 août 2016

MYTHOLOGIE MAYA - LA COSMOGONIE MAYA

Hunahpu & Ixbalanque

Il existe dans les autres mythes de notre monde des livres extraordinaires qui expliquent la création du monde : Le Kojiki pour les Japonais, l'Edda en prose et l'Edda poétique pour la civilisation nordique, l'Enuma Elish pour les Mésopotamiens, le Bundahishn pour les Perses,... Les Mayas n'échappent pas à la règle, pour mon plus grand bonheur !

"Ce savoir est venu jusqu'à nous malgré le bûcher des espagnols, malgré la rage destructrice des hommes."
Prophétie du Chilam Balam

Inutile de faire durer le suspense plus longtemps : c'est bien le Popol Vuh que je vais vous présenter dans cette section consacrée à la cosmogonie maya. En effet, il s'agit ni plus ni moins du plus célèbre des mythes cosmogoniques mayas, plus précisément ici des mayas Quichés (ce mot voulant dire "Beaucoup d'arbres", donc "Forêt"). Mais ce n'est pas le seul, soyez-en conscients. Certains livres du Chilam Balam évoquent eux aussi des récits cosmogoniques, mais rien de comparable à ce qui est évoqué dans cet ouvrage. Le Popol Vuh reste donc notre plus riche recueil mythologique.

"Mais que veux dire Popol Vuh ?"
J'anticipe votre question, petits curieux que vous êtes ! Cela veut littéralement dire "Livre de la natte" en Quiché. Mais on le traduit généralement par "Livre du conseil" ou "Livre de la communauté".
Il s'agit d'une œuvre provenant des Hautes Terres mayas. Je vous dis ca parce que rien d'équivalent n'a survécu concernant les Basses Terres, mise à part quelques passages des livres du Chilam Balam. Si je prends quelques lignes pour vous l'expliquer, c'est que cela est très important : il s'agit d'une cosmogonie d'un peuple maya, et non des Mayas en général ! Nous faisons avec ce que nous avons :)

LE POPOL VUH
Nom : Popol Vuh.
Autres noms : Pop Wuh, Popol Wu'uj.
Date : entre 1554 et 1558 (donc après la conquête espagnole).
Contenu : textes mythologiques maya, cosmogonie, généalogie royale quiché.
Manuscrit : retranscription par Fray Francisco Jimenez vers 1701 (source originale détruite à la conquête).

Premièrement, prenons le temps de recenser les différentes traductions disponibles, puisque nous avons cette chance dans notre langue de Molière. Pour ma part, j'ai fais le choix d'acheter trois traductions différentes, les plus reconnues si j'ai bien tout saisi.

01. Pop Wuh : le livre des évènements - Adrian I. Chavez - L'aube des peuples ; Gallimard (1990).
02. Popol Vuh : le livre des Indiens Mayas Quichés - Adrian Recinos (trad. : Valérie Faurie) - Albin Michel (1991).
03. Le Popol Vuh : Les dieux, les héros et les hommes de l'ancien Guatemala d'après le livre du conseil - Georges Raynaud - Jean Maisonneuve Successeur (2000).

Bien sûr, je ne suis pas là pour vous dire que mes choix sont les meilleurs. Il existe encore d'autres traductions, notamment deux qui m'ont fait beaucoup hésiter :

04. Popol Vuh : le livre de la communauté - Pierre Desruisseaux & Daisy Amaya - Le Castor astral (2011).
05. Le Popol Vuh : Histoire culturelle des Mayas-Quichés - Raphael Girard - Payot (1953).

J'ai ajouté à tout cela la version classique de l'Abbé Brasseur de Bourbourg, que vous pourrez trouver gratuitement sur Internet :

06. Popol Vuh : le livre sacré et les mythes de l'antiquité américaine - Brasseur de Bourbourg (1861).

Autant vous dire que vous aurez le choix ! Malgré tout, j'ai bien cru comprendre que celle de Georges Raynaud était particulièrement réussie, alors j'ai fais le choix de l'inclure pour me faire mon propre avis.

Une fois les différentes traductions exposées, passons maintenant au contenu même de l'ouvrage. J'ai tendance à diviser le Popol Vuh en quatre parties, dont seule la première et la troisième seront ici étudiées :

01. Partie cosmogonique : la création du Monde.
02. Partie mythologique : les exploits des jumeaux Hunahpu et Ixbalanque.
03. Partie cosmogonique : la création de l'Homme.
04. Partie généalogique : vie des premiers hommes jusqu'aux souverains du peuple Quiché.

La deuxième partie sera analysée dans la section Les mythes. Quant à la quatrième partie, cela sera à vous de faire l'effort pour cette partie plus historique si vous voulez en savoir plus.

Dernière chose, et non des moindres : il faut avoir constamment à l'esprit que ce récit retranscrit est baigné par la chrétienté. Difficile donc de savoir ce qui est réellement indigène et ce qui a été retravaillé par nos chers chrétiens. Il n'y a qu'à lire cette phrase présente dans l'introduction de l'ouvrage : "Le récit, nous l'écrivons sous la loi du Dieu chrétien."

Ca se passe de commentaires... Maintenant que vous avons exposé tout cela, passons la cette première partie qui nous intéresse tant !

LA CRÉATION DU MONDE
ggfdgfdg

Ixpiyacoc - "Antique mystère"
Ixmucane - "Antique cacheuse"
Hunahpu-Vuch - "Chasseur de Tacuatsin"
Hunahpu-Utiu - "Chasseur de coyote"

HURACAN
Raxa Caculha "Splendeur de l'éclair"
Chipi Caculha "Trace de l'éclair"
Caculha Huracan "Maître grand éclair"

LA CRÉATION DE LA VIE
fgfdgfdg

LA CRÉATION DE L'HOMME
La création de l'Homme est racontée dans la troisième partie et est clairement annoncée par l'auteur. Cette troisième partie est divisée en 9 parties (j'ai donné des titres à chaque parties, qui ne sont en aucun cas officiels) :

01. La création de l'homme avec du maïs.
02. Les quatre premiers hommes et leur affaiblissement par les dieux.
03. Les quatre premières femmes et la multiplication des hommes (création des tribus).
04.
05.
06.
07.
08.
09.

"Voici la création de l'homme, lorsque l'on se disposa à façonner l'homme, et que l'on chercha ce qui devait entrer dans la composition de sa chair."

Il semblerait que cette création soit l'œuvre de deux dieux : Tepeu et Gucumatz.

"Le temps de l'aube est arrivé ! Il est temps que se termine l'œuvre, et qu'apparaissent ceux qui doivent nous substanter, nous nourrir, les fils éclairés, les vassaux civilisés. Qu'apparaisse l'homme, l'humanité sur la surface de la terre !"

Le message est clair : les dieux ne créent pas l'homme pour le plaisir ou la fierté, mais pour que ces derniers les nourrissent et soient soumis à eux. Cela rappelle forcément la création de l'homme dans la mythologie mésopotamienne, où l'homme doit travailler pour nourrir les dieux (voir mythologie mésopotamienne). Poursuivons.

Voilà que quatre animaux apportent les épis de maïs jaune et de maïs blanc. Ces derniers sont :

  • Yac, le chat des montagnes.
  • Utiu, le coyote.
  • Quel, la perruche.
  • Hoh, le corbeau.
"C'est ainsi qu'il découvrirent la nourriture qui devait composer la chair de l'homme. Celle-ci fut son sang ; c'est avec elle qu'on fit le sang de l'homme. Ainsi donc, le maïs entra dans la formation de l'homme par œuvre des Géniteurs."

Ces animaux montrent alors aux dieux ce lieu où se trouve toute cette nourriture : Praxil.

"Les animaux montrèrent le chemin, et moulant les épis jaunes et blancs, Ixmucane en fit neuf boissons. C'est de cet aliment que proviennent la force et l'embonpoint, les muscles et la vigueur de l'homme."

Alors les deux dieux commencent leur œuvre :

"Tepeu et Gucumatz entrèrent en conseil au sujet de la création et de la formation de notre première mère et notre premier père. De maïs jaune et de maïs blanc, on façonna sa chair, avec la pâte de maïs on fabriqua les bras et les jambes de l'homme. La chair de nos pères naquit de la seule farine de maïs."

Le nom des premiers hommes créés nous sont connus (dans l'ordre de création) :
  • Balam-Quitze ("Sorcier de l'Enveloppe"),
  • Balam-Acab ("Sorcier Nocturne"),
  • Mahuculah ("Garde-Butin"),
  • Iqui-Balam ("Sorcier Lunaire").
Cette fois-ci, leur création est réussie, et tout semble aller pour le mieux. Peut-être même un peu trop, puisque ces quatre hommes semble être dotés de super pouvoirs :

"Ils parlèrent, conversèrent, virent, entendirent, marchèrent, purent saisir des choses. Ils étaient de bons et beaux hommes, et leur figure était une figure d'homme. Ils furent dotés d'intelligence, leur vision s'étendit à l'infini, et ils commencèrent à voir et à connaître tout ce qu'il y a dans le monde [...]. Sans avoir à se mouvoir ils voyaient le monde et eux-mêmes depuis le lieu où ils se tenaient. Grande était leur sagesse, leur vue atteignait les forêts et les vallées."

Et cela n'est pas tout à fait du goût des dieux, qui n'hésitent pas à les affaiblir par prudence.

"Que leur vue atteigne seulement ce qui est proche ! Qu'ils ne voient qu'un peu de la face de la Terre ! Ne sont-ils pas par nature de simples enfants, nos créations ? Doivent-ils être eux aussi des dieux ? Et s'ils ne procréent pas ni se ne multiplient, quand naîtra l'aube, quand surgira le soleil ? Et s'ils ne se propagent pas ? Refrénons un peu leurs désirs. Doivent-ils s'égaler à nous, leurs auteurs, nous qui pouvons parcourir de grandes distances, qui connaissons et avons la perception de tout ?"

Très beau passage qui montre toute l'inquiétude des dieux face à leur création, qui leur ressemble bien trop. Alors Huracan (C'est lui, Cœur du Ciel) décide d'agir :

"Puis le Cœur du Ciel jeta un voile sur leurs yeux, qui aussitôt s'embuèrent comme lorsque l'on souffle sur la lune d'un miroir. Leurs yeux se brouillèrent et ils n'aperçurent plus que ce qui était proche. Seul ce qui les entourait devins clair à leurs yeux."

Voilà les quatre premiers hommes devenus plus "mortels", plus fragiles, plus "humains".

Durant leur sommeil, les premiers hommes sont rejoints par quatre femmes, créées avec soin par les dieux. Voici leur nom (dans l'ordre des premiers hommes) :
  • Caha-Paluna ("Blanche Demeure de la Mer"), épouse de Balam-Quitze.
  • Chomiha ("Demeure des Homards"), épouse de Balam-Acab.
  • Tzununiha ("Demeure des Colibris"), épouse de Mahuculah.
  • Caquixala ("Demeure des Aras"), épouse de Iqui-Balam.

"Ils engendrèrent des hommes, durent à l'origine des petites et des grandes tribus, furent à notre origine, nous , les gens de Quiché."

Naissent alors également d'autres branches de tribu, notamment les Rabinales, les Cakchiqueles, les Zacahas, les Lamaqs, les Cumatz, les Tuhalhas, les Uchabahas, les Canchaheles,... Le texte en cite beaucoup d'autres, mais inutile de tous les lister ici.

"O toi, Tzacol ! Bitol ! Regarde-nous ! Écoute-nous ! Ne nous abandonne pas ! Ne nous désempare pas ! O dieu qui est dans le ciel et sur la terre, Cœur du Ciel, Cœur de la Terre ! Donne-nous notre descendance, notre succession, tandis que chemine le soleil, tant ira le jour, tant ira l'aube ! Que soient nombreux les bons chemins, planes et sans embûches ! Que les tribus soient paisibles, emplies de paix et heureuses ! Que soit bonne et utile notre existence ! [...] Que le jour se lève ! Que vienne l'aurore ! Ainsi priaient-ils tandis qu'ils guettaient et invoquaient la levée du soleil, l'arrivée de l'aurore."

Il faut comprendre que les hommes créés vivent dans un monde sans soleil, baigné dans l'obscurité. C'est du moins ainsi que je l'ai compris.

"Ils n'avaient de cesse d'observer le ciel, de fixer le point où se lèverait le soleil. Ils contemplaient la lueur de l'aube, la grande étoile, Précurseur du Soleil, qui illumine la voûte du ciel et la surface de la terre, éclaire les pas des hommes créés et formés."

Mais lassés d'attendre que naisse l'aube, les quatre premiers hommes décident de se rendre à Tulan-Zuiva, accompagnés des Tam et des Lloc.