Découvrez les différentes cosmogonies et mythologies des plus grandes civilisations du monde


mercredi 3 août 2016

MYTHOLOGIE MAYA - BON A SAVOIR


"Content est ton cœur à cause de tes descendants"
Inscription de Palenque

Avec le recul, je me rends compte qu'il s'agit très certainement (pour les Mayas du moins) de la section la plus intéressante, tant cette civilisation est fascinante. L'écriture glyphique, les chiffres, les sacrifices sanglants, les différents calendriers, les dates mayas, la redécouverte de la civilisation maya au 19e siècle,... il y a vraiment de quoi s'occuper par ici :)

LEXIQUE
Se lancer dans les sources mayas sans aucun lexique pour se guider est tout simplement suicidaire, autant vous le dire tout de suite. Mieux vaut prendre le temps de lire des ouvrages de vulgarisation, de bien prendre en compte les notes des différents auteurs, pour lister au final tous les termes (du moins une grande partie) qui nous seront pas la suite nécessaires. Et ça tombe bien : c'est ce que je viens de faire pour vous !

Adobes = briques séchées au soleil.
Aj'Kinob = prêtre du calendrier maya, grand observateur des mouvements des astres.
Ajaw (ou Ahau) = "Seigneur" ; nom donné aux rois mayas des Basses-Terres du sud.
Ah Cuch Cab = trésorier.
Ah Kulel = assistant religieux.
Balché = boisson fermentée faite à partir de miel et d'écorce de l'arbre du même nom.
Batab = magistrat, ou plutôt un chef local chargé d'assurer la bonne marche de son village.
Bactun = période équivalent à 20 katun, soit environ 394 ans !
Basses-Terres = territoires situés à 100 ou 200 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Cacaw = cacao.
Cenote = fosse naturelle ou un gouffre résultant de l'effondrement du socle calcaire.
Chacmool = autel de pierre.
Cha'Chak = danse de la pluie. Cérémonie pour appeler la pluie.
Ch'ulna = temple.
Chilanes = devins.
Copal = encens.
Glyphe emblème = titre royal sous la forme titre + nom de l'état.
Halach Uinic = "le vrai homme" ; chef suprême d'un état maya.
H-Menob = sorcier guérisseur.
Huipil = vêtement traditionnel d'Amérique centrale.
Katun = période d'environ vingt ans, équivalent à 20 tuns de 360 jours.
Kin = jour dans le calendrier solaire Tzolkin.
K'uhul Ajaw = "Seigneur divin" ; rois.
Metates = pierre à moudre le maïs.
Metnal = il s'agit du neuvième niveau de Xibalba, c'est à dire les enfers. Il est dirigé par le dieu Ah Puch.
Na = noble dame.
Nacom = chef militaire élu.
Pati = cape de coton brodé.
Pitz = nom donné au jeu de balle en maya classique.
Pok'ol pok = nom donné au jeu de balle en maya yucatèque.
Tupiles = sorte de policier chargé de faire respecter la loi.
Tzompantli = structure de poteaux en bois sur lesquels étaient empalés les crânes humains des victimes sacrifiées.
Uayeb = dernier mois de 5 jours néfastes utilisé pour compléter le Haab.
Ulama = nom nahuatl donné au jeu de balle.
Way = homme pouvant se transformer en animal.
Yaxché = l'arbre cosmique.
Yum Cimih = "Seigneur de la mort".
Xibalba = nom donné aux Enfers.

L'ÉCRITURE ET LES CHIFFRES MAYAS
Les Mayas ont été les seuls à avoir créé et maîtrisé une écriture véritable, la plus élaborée de toute l'Amérique. Ils disposaient de la forme d'écriture la plus complexe de tout l'Amérique précolombienne, qui peut être définie comme des blocs glyphiques de taille constante disposés en rangs ou en colonnes. Je ne sais pas si cela est visuellement parlant pour vous, mais retenez bien le concept de glyphes.
  • L'ÉCRITURE


Les glyphes-emblème : titres royaux sous la forme titre + nom de l'état.
  • LES  CHIFFRES
Au niveau des chiffres, il faut savoir que les mayas utilisaient un système "point-barre",  et qu'ils connaissaient le 0, ou plutôt "l'absence de valeur" (qu'ils représentaient par une sorte de coquillage allongé). Voici d'ailleurs le tableau pour mieux comprendre leur façon de calculer :


Rien de bien compliqué, comme vous pourrez vous en rendre compte par vous-même : un point vaut 1 (hun), une barre vaut 5, jusqu'à 19. À partir de 20, les choses se corsent un peu : on rajoute une unité dans un deuxième "étage" puis on recommence à compter. Ainsi, le chiffre 20 (voir tableau juste en-dessous) se représente avec une unité dans le deuxième degré puis un zéro dans le premier. Et ainsi de suite :
  • 21 : une unité dans le deuxième degré ; une unité dans le premier.
  • 22 : une unité dans le deuxième degré ; deux unités dans le premier.
  • 23 : une unité dans le deuxième degré ; trois unités dans le premier.
  • 24 : une unité dans le deuxième degré ; quatre unités dans le premier.

Concrétisons cela en représentant le chiffre 37 960 en maya. Pourquoi ce chiffre ? C'est le nombre de jours compris dans 104 années civiles de 365 jours. Allons-y !
  • Quatrième degré (ligne x8000) : 4 points (4 x 8000 = 32000).
  • Troisième degré (ligne x400) : 2 barres et 4 points (14 x 400 = 5600).
  • Deuxième degré (ligne x20) : 3 barres et 3 points (18 x 20 = 360).
  • Premier degré : chiffre 0 (ou absence de valeur).
Vous voyez qu'il faut commencer par le degré le plus haut, pour redescendre et affiner petit à petit. De vrais petits matheux ces mayas !!

Allez un petit dernier pour le fun :

  • Deuxième degré : 1 barre et 1 point (6 x 20 = 120).
  • Premier degré : 1 barre et 1 point (6 x 1 = 6).
Ce qui nous donne 126 !! Voilà de quoi me réconcilier avec les maths :)

LES SACRIFICES HUMAINS
À la question : "Est-ce que les mayas pratiquaient des sacrifices humains sanglants ?", la réponse est très simple : Oui ! Et cela, de manière très courante, surtout sur des ennemis capturés. Ces sacrifices humains pouvaient se faire par décapitation ou par cardiotomie, c'est à dire en pratiquant le fameux arrachement du cœur ! Mais les mayas ne faisaient pas cela par plaisir malsain, loin de là ! Une portée religieuse doit être insérée à ces sacrifices pour mieux les "comprendre". Ainsi, il y avait toujours deux moments dans un sacrifice : celui de l'exécution, et celui de la présentation de l'offrande. Pourquoi je dis cela ? Parce que le sang était pour les Mayas l'essence sacrée (Ch'ulel), le liant de l'Univers. C'est cela qui liait le monde des Hommes aux dieux et qui permettait au monde de suivre normalement son cours. Tout de suite, on comprend mieux pourquoi le sang coulait à profusion ! Mais on n'excuse pas pour autant...


Tout en regardant l'image ci-dessus, lisez plutôt ce passage très intéressant, copié depuis l'ouvrage de Claude-François Baudez, Une histoire de la religion des Mayas (2002) : "Le sacrifice avait lieu dans la cour au pied de la pyramide, ou à son sommet, devant le temple. On amenait en grande pompe la victime, peinte en bleu et coiffée d'une coroza auprès de l'autel rond que l'on peignait aussi en bleu. Après purification du temple, sans doute par encensement, quatre chacs s'emparaient de la victime et la couchaient rapidement sur l'autel en lui maintenant bras et jambes. Le sacrificateur ou nacom la frappait de son couteau de pierre, entre les côtes, sous le mamelon gauche. Il plongeait ensuite la main dans la plaie béante, arrachait le coeur palpitant comme le ferait "un tigre enragé", et le plaçait sur un plat qu'il tendait au prêtre qui s'empressait d'aller barbouiller de sang frais le visage des idoles. Quand le sacrifice avait lieu au sommet de la pyramide, on faisait débouler l'escalier au cadavre que l'on écorchait une fois arrivé en bas. Le prêtre se revêtait alors de sa peau pour danser avec les autres."

Avouez que ça vous procure une certaine émotion !! On s'y croirait !!

Étaient pratiqués également des sacrifices d'animaux (lamas, jaguars, faucons, pumas, ocelots, serpents,...), ainsi que l'auto-sacrifice, qui vise à se faire saigner différentes parties de son corps. Cette dernière notion est étrange, mais très intéressante car elle a occupé une place exceptionnelle et inégalée, et c'est pour cela que j'aimerai m'arrêter dessus quelques instants.
  • L'AUTOSACRIFICE
Quel concept original ! Se faire du mal et se faire saigner pour faire plaisir aux dieux !! Wééééééé !!!!
Plus sérieusement, l'auto-sacrifice était une pratique courante chez les Mayas, que l'on pratiquait avec des aiguillons de raie ou encore des épines d'oursin. Encore une fois, il faut essayer d'aller plus loin dans leur vision : les mayas faisaient couler leur propre sang pour éviter l'effondrement du cosmos, le monde devant sans cesse être fourni en "essence sacrée". Dans ce domaine, l'élite était loin d'être exemptée, bien au contraire, elle était encore plus sollicitée que le peuple.

Mais quel endroit pouvait-on se faire saigner ? Bande de petits vicieux... très bonne question ! Les endroits les plus courants étaient les oreilles (ouille!) la langue (Aie !), et parfois même le sexe (Aaaaiiiiiiiiiiieeee !!!). Plus la partie était sensible au niveau de la douleur, plus le sacrifice était grand. Le statut de la personne concernée exigeait des rites bien précis : par exemple, les rois mayas devaient se piquer le pénis avec des perforateurs de pierre ! Souvent, cela conduisait à un état de conscience altéré dû à l'importance des hémorragies ou à la douleur ressentie.

A gauche - Un prêtre qui se perce la langue (Codex Telleriano-remensis)


LE CALENDRIER MAYA
Les Mayas suivaient plusieurs systèmes calendaires indépendants, qui évoluaient de manière concomitante. Cela venait concrétiser leurs grandes connaissances en astronomie et en calculs mathématiques, au point de mettre en place des calendriers d'une grande précision (inutile de vous dire que même nos sociétés occidentales à la même époque n'arrivaient pas à ce degré de précision). 


Les Mayas s'appuyaient essentiellement sur deux calendrier annuels :
  • LE TZOLKIN
"Ordre des jours"
Il s'agit du calendrier sacré (rituel ou encore divinatoire), basé sur 260 jours (kin) autour de 13 mois  (consacré à une divinité chacun) de 20 jours. C'est le principal almanach religieux, et il est encore en usage actuellement dans certaines parties des Hautes Terres du Guatemala !

13 uinal x 20 kin  = 260 jours.

Il s'agit donc de la combinaison entre un nom de jour (20) et un chiffre allant de 1 à 13. Le premier jour est toujours 8 Ahau, le second 9 Imix, et ainsi de suite.

Voici le nom des 20 jours :


De même, voici le nom des 13 divinités consacrées à chaque mois :

  • LE HAAB
"Année solaire vague"
Il s'agit du calendrier solaire, basé sur 365 jours autour de 18 mois (uinal) de 20 jours (kin) auxquels s'ajoutait un mois final de 5 jours supplémentaires nommé uayeb (ou Xma Kaba Kinob). Inutile de vous préciser que ces cinq jours étaient réputés comme très périlleux et néfastes. Bien sûr, je vous vois venir : une vraie année solaire faisant 365,2422 jours, le calendrier que nous utilisons (nous, occidentaux) propose une année à 366 jours tous les quatre ans pour palier à cette différence (0,25 jour par an à rattraper). Bah celui des Mayas ne le faisait pas, ce qui implique logiquement une différence d'un jour tous les quatre ans. Et oui, les Mayas étaient très bons, mais pas infaillibles !

18 x 20 = 360 + 5 = 365 jours.

Voici le nom des 20 jours :



De même, voici le nom des 18 mois + le dernier mois Wayeb :


Certains mois étaient dédiés à quelque chose, comme par exemple le mois Ch'en dédié à la Lune, le mois Muwan' (Muan) dédié au Cacao ou encore le mois Pop dédié au Jaguar.

Les jours à l'intérieur de chaque mois étaient numérotés. Le premier portait le numéro 0, le deuxième le numéro 1, le dernier le numéro 19. Vous avez compris ? Premier jour de l'année = 0 Pop ; 20e jour de l'année = 19 Pop ; 21e jour de l'année = 0 Wo'

À quoi servait exactement ce calendrier solaire ? Il avait pour fonction de déterminer les dates des cérémonies, de fournir des prédictions et de guider les activités divinatoires.

Ces deux calendriers combinés se synchronisent tous les 52 ans années solaires (soit tous les 18 980 jours), et forment ensemble ce que l'on appelle une roue calendaire. Cette dernière comprend donc trois roues (donc trois cycles) imbriquées : sur le dessin ci-dessous, la roue A correspond aux 13 chiffres du Tzolkin, la roue B aux 20 jours du Tzolkin, et la roue C aux 365 jours du Haab. Au terme de 18 980 jours, soit 52 ans, on retrouve une date identique et le cycle se reproduit. Impressionnant pour des mecs qui ne connaissaient pas la roue au 16e siècle, n'est-ce pas ?

Un cycle rituel de 260 jours

  • LE COMPTE LONG (ou SÉRIES INITIALES)
Les Mayas sont (ou plutôt on été) les seuls à mesurer le temps EN PLUS en "Compte long" pour obtenir des dates plus précisesà partir du point de départ qui correspond à notre An 0. Ce décompte permet de faire le lien entre les deux calendriers et permet d'établir la position d'un évènement historique donné dans les deux systèmes. Il se base sur un système majoritairement vicésimal (base 20). Voici les unités de temps :
  • 1 kin = 1 jour.
  • 1 uinal = 20 kinob (20 jours, soit 1 mois).
  • 1 tun = 18 uinalob (360 jours, soit environ 1 an).
  • 1 katun =  20 tunob (7200 jours, soit environ 20 ans - 19,7 ans exactement).
  • 1 baktun = 20 katunob (144 000 jours, soit environ 394 ans).
  • 1 pictun = 20 baktunob (2 880 000 jours, soit environ 7885 ans).
  • 1 calabtun 20 pictunob (57 600 000 jours, soit environ 157700 ans).
  • 1 kinchiltun = 20 calabtunob (1 152 000 000 jours, soit environ 3 millions d'années).
  • 1 alautun = 20 kinchiltunob (23 040 000 000 jours, soit environ 63 millions d'années).
  • 1 hablatun = 20 alautunob (460 800 000 000 jours, soit plus d'un milliard d'années).

Dans nos sociétés occidentales chrétiennes, le point de départ de notre calendrier reste la naissance officielle de Jésus-Christ (l'an 1). Chez les mayas, cela correspond à la création du monde présent, que ces derniers fixent au 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumku, soit le 13 Aout -3114 av J.C ! C'est donc sur cette base qu'il faut s'appuyer lorsque l'on veut déchiffrer une date maya par le système du compte long, qui va nous donner le nombre de jours écoulés depuis cette date zéro.

Un année (1 Tun) équivalait à 18 mois (Uinal) de 20 jours (Kin), soit 360 jours. La fin d'un Katun (donc tous les 20 ans environ) était l'occasion de cérémonies publiques et de rituels divinatoires élaborés ; on rénovait alors la façade des temples et on érigeait de multiples stèles. Le Baktun était la plus grande unité de temps utilisée dans le calendrier maya à l'époque classique, bien que les Mayas aient conçu des cycles encore plus vastes (Pictun, Calabtun,...).

Le Compte Long demeure un cycle de 13 baktuns, correspondant à environ 5128 ans, soit la durée du monde dans lequel nous vivons actuellement. Si on applique ce temps à la date de départ, cela donne : -3114 + (environ) 5218 = 2012 ! Voilà pourquoi tant de fantasmes de fin du monde autour de cette date... mais nous sommes encore là en 2019 donc OUF ! Blague à part, 2012 (le 21 Décembre pour être plus précis) signait chez les Mayas simplement la fin d'un cycle, et le début d'un nouveau.

Prenons un seul exemple de date en Compte long, même si j'ai consacré tout un chapitre un peu plus bas à la lecture des dates mayas : 9.17.0.0.0 13 Ahau 18 Cumku. Alors là, si nous n'avons pas les bases, impossible de s'en sortir, soyons clairs. Cela signifie que depuis le point zéro se sont écoulés 9 baktuns (9 x 144.000 jours), 17 katuns (17 x 7200 jours), 0 tun, 0 uinal et 0 kin, pour atteindre le jour noté 13 Ahau 18 Cumku. Cela correspond à 1.418.400 jours écoulés depuis le point de départ conventionnel, nous amenant au 24 Janvier de l'an 771 ! Le gars (ou la fille) qui a déchiffré ça est un pur génie !
  • LE MAY
Voilà donc un autre cycle temporel qu'utilisaient les Mayas. Il s'agissait d'un cycle de 13 Katun comptant approximativement 256 années. Si je vous en parle, c'est parce qu'en combinant le May et la roue calendaire (donc Tzolkin + Haab), on obtenait le Compte court, répandu dans le Yucatan au Classique récent et au Post-Classique.

  • LE COMPTE COURT
Le Compte court  fut souvent utilisé pour la datation à la fin de la période Classique et tout au long de la période postclassique, particulièrement dans les Basses Terres septentrionales de la péninsule du Yucatán. Il faut donc bien comprendre qu'après l'an 1000, les mayas finissent par délaisser le compte long pour favoriser le compte court.

  • LE CALENDRIER VÉNUSIEN
Les Mayas utilisaient également un calendrier vénusien, basé sur une révolution complète de la planète Vénus : 584 jours. Regardez à quel point ils poussaient leur savoir : les Mayas se sont rendu-compte très tôt que le double d'un cycle de 52 ans (donc 104 ans) coïncidait avec 65 révolutions synodiques de Vénus. Cette période synodique est de 583,92 jours pour Vénus, soit 1,6 an. Si on multiplie 1,6 par 65, on obtient...104 ans !! Oh, c'est magique !! De vrais matheux ces Mayas ! Surtout une connaissance astronomique vraiment pointue.


LIRE UNE DATE MAYA
Calculer une date historique maya n'est pas une choses très compliquée pour peu d'avoir une solide connaissance du calendrier maya et beaucoup de rigueur. Par exemple, voici une date : 9.8.15.0.0. Il faut la traduire de la manière suivante : 9 Baktun, 8 Katun, 15 Tun, 0 Uinal et 0 Kin, soit en tout 1 459 000 jours, ce qui correspond à 628 de notre ère. Prenons d'autres exemples :

8.14.10.13.15 = Baktun, 14 Katun, 10 Tun, 13 Uinal, 15 Kin = 1 256 675 jours (sous entendu depuis la création de notre monde, soit depuis -3114) = -3314 + 3442 jours = 328 de notre ère.

10.3.0.0.0 = 10 Baktun, 3 Katun, 0 Tun, 0 Uinal, 0 Kin = 1 461 600 jours = -3314 + 4004 jours = 890 de notre ère.

Compris ? :)

Prenons la date suivante, inscrite sur la stèle 29 de Tikal : 8.12.14.8.15. Cette stèle est le premier monument daté des basses terres mayas et marque le début de la période classique. Lisons-la ensemble : 8 Baktuns, 12 Katuns, 14 Tuns, 8 Uinals et 15 Kins, soit 1.243.615 jours, soit environ 3406 ans. Cela nous emmène à la date de 292 de notre ère ! Et oui, quand on vous disait que les mathématiques était une matière importante hahaha.

Une dernière pour la route : 9.17.0.0.0, 13 Ahau, 18 Cumku. C'est la date enregistrée sur la stèle E de Quirigua et qui s'interprète de la faon suivante : 9 Baktuns, 17 Katuns, 0 Tuns, 0 Uinals, 0 Kins, 13 Ahau, 18 Cumku, soit 1.296.000 (9 x 144.000) + 122.400 (17 x 7200) + 0 (0 x 360) + 0 (0 x 20) + 0 (0 jour), soit 1.418.400 jours, écoulés depuis le point de départ conventionnel 4 Ahau 8 Cumku -3114, ce qui revient au 24 Janvier de l'an 771 !


Bon, j'avoue que je commence à y prendre goût moi aussi !!

LE MONDE MAYA
Comment les Mayas voyaient-ils le monde ? Voilà une question toujours aussi intéressante, peu importe les civilisations étudiées. Tentons d'y répondre.

Les Mayas avaient divisé leur monde en 3 niveaux :

  • Le monde supérieur, divisé en 13 étages.
  • Le monde du milieu, où règne l'arbre cosmique.
  • Le monde souterrain, divisé en 9 étages.
Nous arrivons donc à un total de 22 niveaux, autour d'un arbre cosmique qui relie les différentes étages : 13 pour les cieux (nommés Oxlahuntiku ou Olontiku), 9 pour l'infra-monde (nommé Xibalba ou Bolontiku). Cet arbre était appelé par les Mayas "Yaxché", soit "l'arbre vert".



Chacun de ces niveaux est personnifié par une divinité. Fort logiquement, pour l'infra-monde, nous retrouvons les 9 seigneurs de la nuit pour les 9 niveaux, le neuvième et dernier monde étant le Metnal, gouverné par le dieu Ah Puch. Hélas, je n'ai pas encore trouvé le nom de chaque niveau, et je ne sais pas si cette donnée me sera accessible puisque toutes mes lectures n'en parlent quasiment pas.

Le monde maya détient quatre points cardinaux, soutenus par des êtres surnaturels que l'on peut considérer comme des dieux : ce sont les Bacabs. Ces derniers, au nombre de quatre, soutiennent le ciel, et sont associés chacun à une direction ainsi qu'une couleur :

Nom du Bacab -  Couleur - Direction - Années - Symbolique
Hobnil - Rouge - Est (Lak'in)- Kan - Vénus.
Zac Cimi - Noir - Ouest  (Ochk'in) - Ix - Mort.
Hazonek - Jaune - Sud (Nohol) - Cauc - Soleil/Maïs.
Can Tzicnal - Blanc - Nord (Xaman) - Muluc - Étoile polaire.

LA REDÉCOUVERTE DES MAYAS
J'ai longtemps hésité à faire figurer certains des noms qui vont suivre dans la catégorie "Les grands hommes", mais j'ai eu peur de m'éparpiller et j'ai trouvé plus judicieux d'en parler ici. Il s'agit de toutes ces personnes qui ont redécouverts les vestiges mayas, oubliés depuis la chute de la civilisation maya dès le 10e siècle et bien souvent recouverts par la forêt. Imaginez donc l'excitation de redécouvrir tous ces monuments, ces stèles, ces sculptures, ces temples, bien souvent encore intacts à ce moment-là ! Imaginez également l'intérêt actuel pour ces premiers dessins ou témoignages, quand une grande partie de ce qu'ils ont vu a aujourd'hui disparu ! Vous remarquerez encore une fois l'apport majeur de trois pays décidément très actifs à cette époque : la France, l'Allemagne et l'Angleterre. Allons-y !

JEAN-FRÉDÉRIC MAXIMILIEN DE WALDECK (1766-1875)
Antiquaire, cartographe, artiste, écrivain explorateur français (un peu tout quoi !).
Quelle vie ! Comment ne pas parler de cet homme né en 1766 à Prague et mort 109 ans (!!) plus tard à Paris, en 1875 ? Au-delà d'avoir passé le siècle d'existence, il est surtout le premier artiste européen à avoir dessiné les monuments maya qu'il a vu lors de ses voyages. Personnage haut en couleur, cet homme semble avoir vécu plusieurs vies, mais c'est celle sur les études des ruines précolombiennes qui nous intéresse ici, notamment lors de sa visite en 1825 de Palenque, Mayapan, Tonina et Uxmal (il a 59 ans lorsqu'il débarque au Mexique !). En 1838, il publie Voyage pittoresque et archéologique dans la province du Yucatan pendant les années 1834 et 1836, qui demeure la première description des ruines depuis la chute de la civilisation maya au 16e siècle. Hélas, ses représentations ne sont pas que trop rarement fidèles à ce qu'il a réellement vu, n'hésitant pas à interpréter ce qu'il dessine et à enrichir certains éléments de détails inspirés des mondes gréco-romains et égyptiens. Malgré tout, son œuvre reste précieuse et d'un très grand intérêt aujourd'hui, car de nombreuses représentations ont depuis disparu.

► ŒUVRE À RETENIR
  • Voyage pittoresque et archéologique dans la province du Yucatan pendant les années 1834 et 1836 (1838).

Portrait de Waldeck

Lithographie d'une de ses représentations un peu trop "interprétées"

Vous pourrez trouver son œuvre gratuitement sur Internet, mais sachez également qu'un livre très intéressant existe sur lui, écrit par un grand spécialiste : Claude-François Baudez - Jean-Frédéric Waldeck, peintre. Le premier explorateur des ruines mayas - Éditions Hazan (1993).

ALFRED PERCIVAL MAUDSLAY (1850-1931)
Explorateur, photographe, archéologue et diplomate anglais.
Il est l'un des premiers Européens à étudier les ruines maya, inspiré par la lecture de l'œuvre de son compatriote John Lloyd Stephens. Il va livrer une "guerre" archéologique avec le français Désiré Charnay, notamment sur la découverte de la cité de Yaxchilan en 1882 (il précède de peu le français). J'ai employé volontairement ce mot fort, mais ce n'est pas vraiment le cas, car les deux hommes vont travailler ensemble et avoir un profond respect l'un pour l'autre. Toutes ses découvertes seront publiées dans un ouvrage nommé Archeologia en 4 volumes, lui-même inclus dans un ouvrage encyclopédique appelé Biologica Centrali-Americana.

► ŒUVRE À RETENIR
  • Archeology - 4 volumes - dans Biologia Centrali-Americana (1889-1902).




Désiré Charnay (1828-1915)
  • Voyage au Mexique (1858-1861).
  • Les anciennes villes du Nouveau-Monde. Voyage d'exploration au Mexique et dans l'Amérique centrale (1867-1882).

Teobert Maler (1842-1917)

John Lloyd Stephens (1805-1852)
(Accompagné par l'illustrateur Frédérick Catherwood (1799-1854), et le médecin Cabot)
  • Views of Ancien Monuments in Central America, Chiapas and Yucatan (26 litographies).
  • Incidents of Travel in Central America, Chiapas and Yucatan (1841).
  • Incidents of Travel in Yucatan (1843).

Léon de Rosny (1837-1914)

Alexander von Humboldt ?

Abbé Charles Etienne Brasseur de Bourbourg (1814-1874)
J'ai une profonde admiration pour cet homme, à qui l'on doit notamment plusieurs traductions très précieuses en français.
  • Popol Vuh : le livre sacré et les mythes de l'antiquité américaine (1861).
  • Grammaire de la langue quichée espagnole-française (1862).
  • Monuments anciens du Mexique : recherches sur les ruines de Palenque et sur les origines de la civilisation du Mexique (1866).
1839 : Catherwood et Stephens découvrent Copan puis Palenque, Uxmal, Chichen Itza, Kabah, Sayil,... Catherwood y rassemblera plus de 200 gravures.

1864 : Brasseur de Bourbourg découvre une copie des Relations des choses du Yucatán et s'empresse d'en proposer une traduction.

1952 : Alberto Ruz Lhuillier (1906-1979) découvre le tombeau du souverain maya Pacal.

L'ART MAYA
Voici donc une petite liste de quelques œuvres majeures de l'Art maya, du moins selon mon point de vue. Partons sur un petit Top 10 !

01.
02. La dalle tombale de Pacal le Grand.
03. La pierre de Leyde.
04. La stèle E de Quirigua.
05. Les fresques de Bonampak.
06. La stèle 31 de Tikal.
07. Le groupe de la croix à Palenque.
08. Le disque de Chinkultic
09. Le quadrilatère des nonnes à Uxmal.
10.

La fameuse voute en encorbellement maya - Désiré Charnay (1828-1915)


Et voici les principaux sites mayas selon les territoires :
  • Basses-Terres centrales : Copan, Quirigua, Piedras Negras, Tikal, Uaxactun, Palenque et Yaxchilan, Tonina, Calakmul, Bonampak, Caracol.
  • Basses-Terres septentrionales (Yucatán) : Chichen Itza, Uxmal, Mayapan, Labna, Ekbalam, Kabah, Tulum.
  • Hautes-Terres : Kaminaljuyu, Mixco, Viejo, Iximché et Zaculeu.
LES GRANDS SOUVERAINS
Bien sûr, la section "Les grands hommes" reprendra une grande partie de cette liste, mais le but est d'ici d'énumérer les grands souverains mayas juste pour vous donner une idée, avec le nom du souverain (qui peut parfois faire sourire), suivi de sa ville de règne.

Pacal - Palenque
Chan Balam - Palenque
Bouclier Jaguar - Yaxchilan
Oiseau Jaguar - Yaxchilan
Reine Requin avec des Mains - Yaxchilan
Premier gradin Requin - Tikal
Oiseau Zéro Lune - Tikal
Seigneur Cacao - Tikal
Seigneur Tempétueux - Tikal
Grenouille enfumée - Tikal
18 Lapin - Copan
Nouvelle aube du Ciel - Copan
Coquillage enfumé - Copan
Ciel de Silex - Dos Pilas
Griffe de Jaguar de feu - Calakmul
Né dans le feu - Uaxactun
Ciel Kawak - Quirigua

LE SAVIEZ-VOUS ?
  • Le nom du pays du Guatemala vient du nahuatl Quanhtlemallan, qui veut dire "peuplée de forêt" ou "lieu rempli d'arbres".
  • Une lunaison dure, on le sait aujourd'hui, 29,53059 jours. Et bien figurez-vous que les mayas avaient déjà trouvé bien avant le 15e siècle, un chiffre incroyablement proche : 29.53020  jours ! Au même moment, même les Européens n'ont pas un chiffre aussi incroyablement proche ! Les mayas ne connaissaient pas la roue, certes, mais force est de constater leur grand savoir astronomique qui force le respect.
  • De même, le cycle solaire réel est de 365,2422 jours, mais les Mayas utilisaient le Haab avec 365 jours, sans rajouter comme nous le faisons pour rattraper le 0,2422 manquant chaque année, une journée en plus en Février (l'année bissextile). Du coup, je vous laisse imaginer le manque de jours au fil des années...
  • L'île de Cozumel ("Terre des hirondelles" en maya yucatèque) fut très tôt colonisé par les espagnols (1518), puis fut ravagée par la variole (1570) avant de servir de base aux pirates. Malgré tout, l'île est toujours restée un grand lieu de pèlerinage pour les Mayas, car elle abrite de nombreux sanctuaires (dont la plupart ont disparu aujourd'hui) dédiés à Ix Chel, déesse de la Lune et patronne des naissances.
  • Les Mayas étaient extrêmement friands du Cacaw, c'est à dire du Cacao, pour en préparer ce qu'ils appelaient de Xocolatlen (en nahuatl) 
  • La brutale conquête de l'Amérique du Sud au 15e et 16e siècle eut une conséquence étonnante : le refroidissement de la Terre de 0.15 degrés Celsius. En effet, la mort de 90% de la population précolombienne libéra 56 millions d'hectares de terres agricoles, colonisées par la végétation tropicale, qui capta du CO2. Quand on vous dit que les espagnoles n'ont pas été si méchants que ca...