Découvrez les différentes cosmogonies et mythologies des plus grandes civilisations du monde


mercredi 7 août 2019

BASE DE DONNÉES PHRASES LECTURES - TEXTES LATINS


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
SÉNÈQUE - LETTRES A LUCILIUS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"La majeure partie de l'existence se passe à mal faire, une grande part à ne rien faire et la totalité à faire  tout autre chose que ce qu'il faudrait."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"Notre erreur est de ne voir la mort que devant nous, alors qu'elle est en grande partie derrière : son territoire est le passé."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"En étant maître du présent, tu dépendras moins de l'avenir."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"Avant de vieillir, j'ai songé à bien vivre, et dans ma vieillesse à bien mourir, mourir sans regrets."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"L'être que tu connais est dans la tombe : cherche un cœur à aimer. Mieux vaut réparer ta perte que de pleurer. " 
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"Ce n'est point parce qu'elle [l'aventure] est difficile que nous n'osons pas ; c'est parce que nous n'osons pas, qu'elle est difficile."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"Qui tient la liberté pour beaucoup pour tenir le reste pour bien peu."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"Il n'est qu'une manière d'aller droit, et tant de s'égarer."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

"Ne songer qu'à obtenir encore, c'est oublier ce qu'on a obtenu."
Sénèque (Lettres à Lucilius)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
SÉNÈQUE - CONSOLATIONS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Un malheur n'a jamais que l'importance que nous lui accordons."
Sénèque (Consolations)

"Personne ne meurt trop tôt puisque personne n'était destiné à vivre plus longtemps qu'il n'a vécu."
Sénèque (Consolations)

"Tout ce qui a atteint la perfection est proche de la fin."
Sénèque (Consolations)

"Oh ! Que de femmes dont les hauts faits restent dans l'ombre."
Sénèque (Consolations)

"L'être humain a reçu une âme mouvante et instable, qui ne se fixe nulle part, s'éparpille et disperse ses pensées sur toutes sortes de sujets connus ou inconnus, inconstante, rebelle à tout repos et prenant un très grand plaisir à la nouveauté."
Sénèque (Consolations)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
SÉNÈQUE - CONSOLATION A POLYBE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"C'est la loi : rien ne dure toujours, presque rien longtemps ; chaque chose a son côté fragile : si le mode de destruction varie, au demeurant tout ce qui commence doit finir."
Sénèque (Consolation à Polybe)

"Tout plaisir est prompt à nous quitter : il fuit, s'envole, et presque avant qu'il n'arrive, il n'est plus. Que la pensée se reporte donc sur le passé : tout ce qui jamais a pu nous charmer, rappelons-le, et que de fréquentes méditations nous le fassent mieux savourer. Le souvenir d'avoir joui est plus durable et plus fidèle que la jouissance. Vous avez possédé un excellent frère : comptez cela pour une félicité des plus grandes. Au lieu de songer combien de temps encore vous pouviez l'avoir, songez combien de temps vous l'avez eu. La nature vous l'avait, comme à tous les frères, non donné pour toujours, mais prêté : il lui a plu de le redemander, sans attendre que vous en fussiez rassasié, elle a suivi sa loi. Qu'un débiteur s'indigne de rembourser un prêt, qui surtout lui fut fait gratuitement, ne passera-t-il pas pour injuste ?"
Sénèque (Consolation à Polybe)

Combien était plus juste le sage qui, apprenant la mort de son fils, fit cette réponse digne d'une âme héroïque : "En lui donnant la vie, je savais qu'il mourrait un jour!" Certes il ne faut pas s'étonner que d'un tel père soit né un homme qui sut mourir avec courage. La mort d'un fils ne parut pas au philosophe une chose nouvelle : car qu'y a-t-il de nouveau qu'un homme meure, quand toute son existence n'est qu'un cheminement vers la mort ? "En lui donnant la vie, je savais qu'il mourrait un jour" Puis il ajoute, avec plus de sagesse encore et de fermeté : "C'est pour cela que je l'ai élevé."
Sénèque (Consolation à Polybe)


"C'est pour cela qu'on nous élève tous : quiconque arrive à la lumière est promis au trépas. Heureux du prêt qui nous est fait, rendons-le dès qu'on le réclamera. Le sort saisira l'un plus tôt, l'autre plus tard : il n'oubliera personne. Tenons-nous prêts et résolus : ne craignons jamais l'inévitable, et attendons toujours le possible. [...] Tout homme, que dis-je ? toute chose marche à sa dernière heure ; tous cependant n'ont pas pareille fin. La vie abandonne l'un au milieu de sa course ; elle échappe à l'autre dès le premier pas, tandis qu'une extrême vieillesse, déjà lasse de jours, obtient à peine le congé qu'elle demande. Celui-ci tombe au matin, celui-là le soir, mais tous nous tendons vers un terme unique. Je ne sais s'il y a plus de folie à méconnaître la loi qui nous condamne à mourir, que d'imprudence à y résister."
Sénèque (Consolation à Polybe)

"Plongez-vous donc davantage encore dans vos études chéries : c'est maintenant qu'il faut vous en faire comme un rempart, en entourer votre âme, et que d'aucun côté la douleur ne trouve accès en vous. La mémoire de ce frère demande aussi que votre plume lui élève un monument durable. Car voilà les seules œuvres de l'homme que n'outrage nulle tempête, que le temps ne consume jamais ; tout le reste, entassements de pierres, mausolées de marbre, tombeaux de terre élevés à d'immenses hauteurs, ne prolongent pas de beaucoup notre nom : tout cela périt comme nous. Il n'est d'indestructible que ce que le génie a consacré : voilà le généreux hommage, le temps que vous devez à votre frère. Mieux vaudra lui vouer votre génie, qui vivra toujours, qu'une douleur stérile et des larmes."
Sénèque (Consolation à Polybe)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
SÉNÈQUE - DES BIENFAITS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Un don a bien meilleure grâce fait d'une main preste que pleine."
Sénèque (Des bienfaits)

"On reçoit tellement plus de plaisir ce qu'on n'a pas que ce dont on regorge."
Sénèque (Des bienfaits).

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PROPERCE - ÉLÉGIES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Sachez-le, dans l'amour, les yeux commandent tout."
Properce


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
LUCRÈCE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Éviter l'amour, ce n'est pas se priver des plaisirs de Vénus, mais c'est tout au contraire, en profiter à fond sans en avoir les peines."
Lucrèce


"C'est la religion qui souvent enfanta des crimes odieux et des actes impies."
Lucrèce

"Tant la religion put conseiller de crimes !"
Lucrèce

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
CICÉRON - LES TUSCULANES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Rien n'est parfait, tout est perfectible" - Cicéron

"Chassons également les inepties dignes des vieilles femmes selon lesquelles il serait triste de mourir avant l'heure. Quelle heure ? Celle dont a décidé la Nature ? Mais elle n'a fais que nous prêter la vie, comme une somme d'argent, sans fixer d'échéance ! De quel droit vas-tu te plaindre, si elle la réclame quand elle le décide, puisque c'est à cette condition que tu l'avais reçue ?" - Cicéron (Livre I des Tusculanes)

"C'est parce qu'alors nous n'avons plus de projets qu'elle [la vie] nous paraît longue." - Cicéron (Livre I des Tusculanes)

"On envisage la mort avec sérénité si, au moment de mourir, on peut être fier de sa vie." - Cicéron (Livre I des Tusculanes)

"Celui qui redoute ce qu'il ne peut éviter ignore la sérénité, alors que celui qui ne craint pas la mort, sachant qu'elle inévitable et, de plus, qu'elle n'a rien de terrifiant, se garantir une vie heureuse." 
Cicéron (Livre II des Tusculanes)

"À partir du moment où tu jugeras honteux, indigne d'un homme, de te plaindre, de pousser des cris et des gémissements, de te laisser anéantir, paralyser par la douleur, où tu auras pour toi la noblesse d'âme, la dignité, l'honneur qui te donneront, si tu ne t'en détournes pas, une entière maîtrise de toi-même, la douleur cédera la place à la vertu et s'atténuera sous l'effet de ta détermination. Car il n'est pas de vertu sans mépris de la douleur quelle qu'elle soit."
Cicéron (Livre II des Tusculanes)

"Une chose est de faire un effort, une autre de souffrir : lorsqu'on opérait Marius des varices, il souffrait ; lorsqu'il marchait à la tête de son armée sous la canicule, il faisait un effort. Il existe cependant un lien entre les deux : l'entraînement à l'effort aide à surmonter la douleur." 
Cicéron (Livre II des Tusculanes)

"Il existe bel et bien une médecine de l'âme : la philosophie."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Le malheur que l'on croit insurmontable n'est jamais de taille à ruiner toute possibilité de bonheur."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"A peine nés et soulevés de terre, nous voilà immédiatement plongés dans un monde où le jugement est déformé et complètement faussé, si bien que nous avons presque l'impression d'avoir tété l'erreur avec le lait de notre nourrice. Rendus à nos parents puis confiés à des maîtres, nous absorbons alors tellement  d'absurdités de toutes espèces que la vérité cède le pas au mensonge et la nature aux préjugés en place." 
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Voici le rôle des consolateurs : soit extirper totalement la souffrance, soit la calmer, la réduire le plus possible, la contenir et l'empêcher de se développer, soit, enfin, lui trouver des dérivatifs."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Si tout trouble est un malheur, l'affliction est une torture. Le désir nous embrase, l'exultation nous rend frivoles, la peur nous rabaisse, mais l'affliction nous réserve des maux bien pires encore : la consomption, le tourment, la détresse, l'abjection. Elle nous déchire, nous dévore l'âme et la ronge jusqu'au bout."

Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Cette anticipation des maux futurs en adoucit le coup, puisqu'on les voit venir de loin."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Si l'on veut consoler quelqu'un qui se trouve dans l'affliction, le premier remède consistera donc à lui montrer que son malheur est inexistant ou, du moins, de peu d'importance ; le second, de lui parler de la condition commune à tous les hommes et plus particulièrement de la sienne propre ; le troisième, de préciser qu'il est vain et de la plus grande sottise de se laisser engloutir par le chagrin lorsque l'on a compris que cela ne mène à rien."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Ce n'est pas une mince affaire que de faire comprendre à quelqu'un, au moment même où il est en pleine détresse, qu'il souffre parce qu'il le veut bien et se croit obligé de souffrir."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Une âme forte possède la confiance en soi [...]. Or, un homme qui a confiance en lui-même ne se laisse pas impressionner, car l'audace et la crainte ne font pas bon ménage ensemble. En revanche, celui qui est sujet à des états dépressifs l'est aussi à la crainte, tant il est vrai que ce qui nous déprime est ce dont nous redoutons l'approche ou la menace. Il s'ensuit que la dépression est incompatible avec la force d'âme. Donc, si l'on est sous le coup d'un état dépressif, on est également la proie de la peur, de l'abattement, du découragement ; de fil en aiguille, on se trouve asservi à cet état et, tôt ou tard, on s'avoue vaincu."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)


"On se conduit ainsi dans la douleur parce qu'on pense qu'il est juste et normal de le faire, qu'on y est obligé."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)


"Voilà, en effet, le comble de la sagesse, de bien connaître l'incertitude des choses du monde ; de ne s'étonner jamais de rien, et d'être bien persuadé que tout est possible."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"J'en conviens qu'une longue prévoyance sert à en amortir le coup : et cela me persuade que l'effet qu'il produit ne vient donc pas de la nature, mais de l'opinion."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Rien n'est plus propre à émousser la pointe de l'affliction, que de penser sans cesse qu'il n'y a rien qui ne puisse arriver ; que de méditer sur la condition de l'humanité, et sur la nécessité d'obéir à la loi que nous avons reçue avec la vie. L'effet de ces réflexions est moins de nous causer de la tristesse que de nous en préserver. Car de penser sérieusement à la nature des choses, aux vicissitudes de la vie, et à la faiblesse de l'homme, ce n'est point s'attrister, c'est remplir les véritables fonctions de la sagesse."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Je sais que Chrysippe pense lui aussi qu'un malheur inopiné nous frappe plus violemment, mais cela n'explique pas tout. Certes, une attaque-surprise est bien plus effrayante qu'une attaque à laquelle on s'attend, de même qu'une tempête qui éclate brusquement plonge les marins dans une terreur plus vive qu'un coup de tabac qu'ils ont vu arriver, pour ne prendre que deux exemples. Mais si l'on se penche attentivement sur la nature de l'imprévu, on n'y découvre qu'une seule chose : tout ce qui arrive subitement paraît plus grave, et ce pour deux raisons. D'abord, parce qu'on manque de recul pour apprécier l'importance de ce genre d’événements. Ensuite, parce que l'idée qu'on aurait pu les éviter par plus de prévoyance, et le sentiment d'être responsable de leur venue, ne font qu'aviver l'affliction."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Eh quoi ! une fois que le chagrin s'est apaisé de lui-même et qu'on a compris combien la tristesse est stérile, ne voit-on pas clairement que tout cela obéit à quelque volonté ?"
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Tu m'enlèves un remède que je tiens de la nature, contre les douleurs qui vieillissent ; je veux dire, la réflexion et le temps. Remède lent à la vérité, mais efficace."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

" Quoi de plus efficace pour se débarrasser de la peine que de comprendre qu'elle n'aboutit à rien et qu'elle n'est qu'un poids mort ? Par conséquent, s'il est possible de s'en débarrasser, on peut aussi refuser de la subir."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Tandis que d'autres s'abandonnent à l'affliction parce qu'ils s'en font un devoir, eux l'ont rejetée en la considérant comme une honte. On voit donc bien que l'affliction ne réside pas dans la nature des choses mais dans l'idée que l'on s'en fait."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

"Tout le monde sait par expérience, qu'il n'y a point de chagrin qui ne se dissipe avec le temps ; et que ce qui nous guérit, ce n'est pas le temps, ce sont les réflexions qu'il nous a donné lieu de faire. Une personne qui a eu du chagrin, est toujours la même ; le sujet qui a causé son chagrin, est toujours le même : comment son chagrin n'est-il donc pas toujours le même ? Qu'il ait cessé enfin, cela ne vient pas de ce qu'il s'est écoulé beaucoup de temps, cela vient de ce qu'on a fait beaucoup de réflexions, par lesquelles on s'est persuadé que ce qu'on regardait comme un mal n'en est pas un réel."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

" L'affliction est l'idée qu'on se fait d'un mal présent, sur laquelle se greffe la conviction qu'il faut absolument souffrir."
Cicéron (Livre III des Tusculanes)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLAUTE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Ce qu'on ne veut pas arrive bien plus vite que ce que l'on souhaite." 
Plaute

"Dis-toi que le bon temps qu'on se donne dans la vie ne dure pas longtemps et que si tu laisses une bonne occase comme celle d'aujourd'hui, ce n'est pas au tombeau qu'elle se représentera !" 
Plaute (Les sœurs Bacchis)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PUBLILIUS SYRUS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Ce qui peut arriver à un individu peut arriver à n'importe qui."
Publilius Syrus

"Oui, le pauvre a bien peu, mais tout manque à l'avare sans pitié pour autrui, à lui-même barbare." 
Publilius Syrus

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
JUVÉNAL - SATIRES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Il faut savoir s'économiser pour bien jouir." 
Juvénal (Satires)

"Les gens n'entassent pas richesse pour vivre : aveuglés de vice, ils vivent pour s'enrichir."
Juvénal (Satires)

"Heureuse la sagesse qui, un par un, nous purge de nos travers et de nos folies, après nous avoir indiqué à tous la voie droite !" 
Juvénal (Satires)

"La vengeance ne procure de jouissance qu'aux esprits étroits, débiles, mesquins, et la meilleure preuve en est que les femelles raffolent de vengeances plus que personne !"
Juvénal (Satires)
[Avec la palme de la meilleure citation misogyne haha]

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
TIBULLE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Vénus poursuit de ses peines les mauvaises actions."
Tibulle

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
SALLUSTE - LA GUERRE DE JUGURTHA
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Ainsi va le monde : dans la victoire, même les lâches peuvent se vanter, tandis que la défaite déshonore jusqu'aux braves."
Salluste (La Guerre de Jugurtha)


------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - LES REMÈDES A L'AMOUR
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Venez à mes leçons, jeunes gens trompés, qui, dans votre amour, n'avez trouvé que déceptions. Celui qui vous a appris à aimer vous apprendra à vous guérir. La même main vous apportera la blessure et le remède. La terre produit à la fois des herbes salutaires et des herbes nuisibles, et souvent l'ortie est tout près de la rose."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Nason devait être votre lecture, lorsque vous avez appris à aimer ; c'est encore Nason qui, maintenant, devra être votre lecture. Pour tous je revendique la liberté et veux délivrer les cœurs courbés sous leur esclavage."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Pendant que la chose est possible et que légers sont les mouvements qui agitent ton cœur, si tu sens quelque regret, arrête tes pas dès le seuil. Étouffe dans leur nouveauté les germes funestes d'un mal qui vient de se déclarer, et, dès le départ, que ton cheval refuse d'avancer. Car le temps fortifie tout ; le temps mûrit le raison tendre et change en épis robustes ce qui était de l'herbe. L'arbre qui répand au loin son ombre sur les promeneurs, lorsqu'on l'a planté, était une baguette. Alors il était à fleur de terre et la main pouvait l'arracher ; maintenant qu'il a pris toute sa force, il se dresse sur ses racines poussées en tous sens."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Combats le mal dès le principe ; il est trop tard pour y porter remède, lorsqu'un long espace de temps l'a fortifié."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Qui n'est pas prêt aujourd'hui, demain le sera moins."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"J'ai vu des plaies d'abord faciles à guérir et qu'on différait de soigner faire payer cette longue négligence."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Il est difficile d'aborder directement tout ce qui est impétueux."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Toi qui veux voir la fin de ton amour, l'amour fuit l'activité ; mène une vie active et tu seras tranquille."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"La parure nous séduit ; les pierreries et l'or couvrent tout ; la femme même est la moindre partie de ce qu'on voit d'elle. Au milieu de tous ces ornements, souvent tu as peine à retrouver ce que tu dois aimer."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Récemment en effet mes livres ont été critiqués ; à en croire mes censeurs, ma muse est licencieuse. Pourvu que je plaise ainsi, pourvu qu'on me chante dans tout l'univers, un ou deux critiques peuvent bien attaquer l'ouvras qu'ils voudront."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Crève de dépit, mordante jalousie, fameux est déjà mon nom ; il le sera plus encore, pour peu que je continue de la même allure. Mais tu es trop pressée. Laisse-moi vivre et tu auras plus ample matière à souffrir : mon esprit porte en lui de nombreux poèmes. Car le désir de la gloire m'est cher et a grandi en moi avec les honneurs qu'elle m'apporte. Notre cheval souffle au bas de la côte, et l'élégie confesse ne pas m'être moins redevable qu'à Virgile la noble épopée."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Quand le cœur se partage et court d'une amie à l'autre, l'amour pour l'une affaiblit l'amour pour l'autre."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"C'est un crime que haïr une femme qu'on chérissait la veille ; ce dénouement convient à des âmes féroces. Ne plus s'occuper d'elle suffit ; celui dont l'amour se termine dans la haine, ou bien aime encore ou bien aura du mal à cesser de souffrir. Il est honteux de voir un homme et une femme, hier unis, devenir brusquement ennemis."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

Il faut calmer cette soif qui te brûle et te fait souffrir. J'y consens. Je veux désormais que tu boives au milieu du fleuve. Mais bois même au-delà de ce que réclame ton estomac ; arrive à ce que ton gosier soit plein et à ce que l'eau absorbée regorge. Jouis de ton amie sans arrêt, sans obstacle ; qu'elle prenne et tes nuits et tes jours. Cherche la satiété. C'est aussi un moyen de guérison que la satiété. Même lorsque tu croiras pouvoir te passer de ton amie, reste jusqu'à ce que tu sois bien rassasié, jusqu'à ce que l'abondance emporte l'amour, que tu sois dégoutté de la maison et ne veuilles plus y rester."
Ovide (Les remèdes à l'amour)

"Ne crois à la garantie ni des paroles (quoi de plus trompeur ?) ni des dieux immortels, et garde-toi de te laisser prendre aux larmes féminines : les femmes ont dressé leurs yeux à pleurer." 
Ovide (Les remèdes à l'amour)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - LES PRODUITS DE BEAUTÉ POUR LE VISAGE DES FEMMES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Que votre premier soin, jeunes filles, soit de veiller sur votre caractère : les qualités de l'âme ajoutent des attraits au visage. L'amour fondé sur le caractère est durable ; la beauté sera ravagée par l'âge et des rides sillonneront votre visage séduisant. Un temps viendra où vous regretterez de vous regarder dans votre miroir, et ces regrets feront naître de nouvelles rides. La vertu suffit, dure toute la vie, si longue soit-elle, et entretient l'amour autant qu'elle-même subsiste..."
Ovide (Les produits de beauté pour le visage de la femme)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
SALLUSTE - LA CONJURATION DE CATILINA
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Toute notre force réside dans l'âme et dans le corps : l'âme est faite davantage pour commander, le corps pour obéir ; l'une nous est commune avec les dieux, l'autre avec les bêtes. Aussi me paraît-il plus juste de recourir à l'esprit plutôt qu'à la force pour conquérir la gloire, et, puisque la vie même dont nous jouissons est courte, de prolonger le plus possible le souvenir que nous laisserons. Car l'éclat des richesses et de la beauté est chose fragile et périssable ; la vertu, elle, assure la gloire et l'immortalité."
Salluste (La conjuration de Catilina)

"Bien des mortels, esclaves de leur ventre et de leur sommeil, sans instruction et sans culture, ont traversé la vie comme des voyageurs. Pour ceux-là sans nul doute, contrairement à la loi naturelle, le corps fut une source de joie, l'âme une cause de peine. Je mets, pour ma part, sur le même plan leur vie et leur mort, puisque sur l'une et sur l'autre on fait le même silence. Tout au contraire, celui-là seul me paraît véritablement vivre et jouir du souffle qui l'anime, qui, tout entier adonné à sa tâche, recherche la gloire d'une action d'éclat ou d'un beau talent."
Salluste (La conjuration de Catilina)

"La fortune est maîtresse souveraine ; c'est elle qui, au gré de son caprice plus que suivant le vrai mérite, donne la célébrité ou l'obscurité."
Salluste (La conjuration de Catilina)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLUTARQUE - DES PRÉCEPTES DE SANTÉ
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Au spectacle des défauts de nos voisins, corrigeons les nôtres, soyons sur nos gardes et souvenons-nous de ne pas commettre les mêmes erreurs pour éviter d'avoir à célébrer cette précieuse santé, objet de nos regrets une fois cloués au lit. C'est la souffrance des autres qui nous ouvrira les yeux sur le prix inestimable de la santé et sur la nécessité de la conserver en prenant soin de nous et en nous ménageant." 
Plutarque (Comment rester en bonne santé)

"Restons au calme et reposons-nous après avoir fait l'amour ou quelque effort pénible ; buvons de l'eau après avoir festoyé et pris du vin ; mettons-nous à la diète, surtout, et ne laissons dans notre corps aucun résidu superflu après avoir mangé des mets lourds, de la viande ou des plats recherchés. Car ces excès sont en eux-mêmes la cause de bien des maladies et viennent renforcer, alimenter les autres causes."
Plutarque (Comment rester en bonne santé)

"N'allons donc pas remplir et alourdir notre corps pour devoir ensuite le purger et le laver ; veillons plutôt à ce qu'il reste leste pour qu'il puisse remonter comme du liège du fait de sa légèreté si jamais il se trouve accablé." 
Plutarque (Comment rester en bonne santé)

"En détournant constamment ses pensées de la table pour les porter sur ces objets [des occupations], le ventre dispersera ses appétits effrayés, comme les Muses mettent en fuite les Harpyes."
Plutarque (Comment rester en bonne santé)

"Quant au temps passé à s'occuper d'histoire et de poèsie, certains l'appellent, non sans charme, le dessert des savants et des lettrés." 
Plutarque (Comment rester en bonne santé)

"Socrate, le premier, recommandait d'éviter les mets qui incitent à manger sans avoir faim et les boissons qui poussent à boire sans avoir soif. Il n'en interdisait pas purement et simplement l'usage ; il enseignait à n'en user qu'en cas de besoin et à mettre de plaisir qu'il procure au service de la nécessité."
Plutarque (Comment rester en bonne santé)



-------------------------------------------------------------------------------------------------------
CICÉRON - DE LA VIEILLESSE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Les vieillards intelligents, agréables et enjoués supportent aisément la vieillesse tandis que l'acrimonie, le naturel chagrin et la morosité sont fâcheux à tout âge." 
Cicéron (De la vieillesse)

"À y bien réfléchir, je vois quatre raisons possibles de trouver la vieillesse détestable. Premièrement, elle nous écarterait de la vie active ; deuxièmement, elle affaiblirait notre corps ; troisièmement, elle nous priverait des meilleurs plaisirs ; et quatrièmement, elle nous rapprocherait de la mort."
Cicéron (De la vieillesse)

"La vieillesse ne permet pas de faire ce que font les jeunes gens, mais elle fait tant et mieux : ce ne sont ni la force, ni l'agilité physique, ni la rapidité qui autorisent les grands exploits ; ce sont d'autres qualités, comme la sagesse, la clairvoyance, le discernement. Qualités dont non seulement la vieillesse n'est pas privée, mais dont, au contraire, elle peut se prévaloir spécialement."
Cicéron (De la vieillesse)

"De toute évidence, l'irréflexion est le propre de l'âge en sa fleur, la sagesse le propre de la maturité."
Cicéron (De la vieillesse)

"Loin d'être passive et inerte, la vieillesse est toujours affairée, bouillonnante, occupée à des activités en rapport avec le passé et les goûts de chacun. Et certains vieillards, même, loin de faire toujours les mêmes choses, se lancent dans l'étude de choses nouvelles."
Cicéron (De la vieillesse)

"L'héritage d'une jeunesse voluptueuse ou débauchée, c'est un corps épuisé."
Cicéron (De la vieillesse)

"La vie suit un cours bien précis et la nature dote chaque âge de qualités propres. C'est pourquoi la faiblesse des enfants, la fougue des jeunes gens, le sérieux des adultes, la maturité de la vieillesse sont des choses naturelles que l'on doit apprécier chacune en son temps."
Cicéron (De la vieillesse)

"Il ne suffit pas d'être attentif à son corps ; il faut davantage encore s'occuper de l'esprit et de l'âme. L'un et l'autre, en effet, risquent d'être éteints par la vieillesse comme la flamme d'une lampe privée d'huile. Et si le corps s'alourdit sous le poids des exercices, l'esprit, en s'exerçant, s'allège."
Cicéron (De la vieillesse)

"On ne souffre pas d'être privé de ce qu'on ne regrette point."
Cicéron (De la vieillesse)

"L'approche silencieuse de la vieillesse est imperceptible à qui reste plongé dans ces études et ces travaux."
Cicéron (De la vieillesse)

"Quant à l'avarice des vieillards, je la comprends mal. N'est-il pas déraisonnable, quand la route à faire s'amenuise, de vouloir augmenter son viatique ?"
Cicéron (De la vieillesse)

"Quel insensé, fût-ce un jeune homme, aurait l'assurance d'être encore en vie le soir même ?"
Cicéron (De la vieillesse) 

"La plus belle façon de mourir, c'est, l'intelligence intacte et les sens en éveil, de laisser la nature défaire lentement ce qu'elle a fait." 
Cicéron (De la vieillesse) 

"Tous les âges paraissent un fardeau à celui qui ne trouve aucune ressources en lui-même pour mener une vie belle et bonne."
Cicéron (De la vieillesse)

"La meilleure fin que l'on puisse souhaiter, c'est lorsque, alors que l'on a encore toute sa tête et sens sens intacts, la nature dissout elle-même l'oeuvre qu'elle avait édifiée."
Cicéron (De la vieillesse) 


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLUTARQUE - LA SÉRÉNITÉ INTÉRIEURE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Ce n'est pas la multitude ou le petit nombre des occupations, c'est ce qu'elles ont en soi d'honnête ou de laid, qui détermine la sérénité ou le découragement." 
Plutarque (La sérénité intérieure)

"De même que la chaussure épouse la forme du pied et non le contraire, de même les dispositions de chacun façonnent sa vie à leur image."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Nous pouvons assigner une place à chaque événement de notre vie, de telle façon que cet événement nous soit le plus utile possible en ce qu'il a d'heureux, le moins affligeant en ce qu'il a de néfaste. C'est à quoi nous devons nous attacher si nous sommes raisonnables. Les gens qui ne réfléchissent pas et qui n'entendent rien à la vie sont comme le malade dont le corps ne peut supporter ni le chaud ni le froid. Le succès les enivre, l'adversité les déprime."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Ce qui peut aussi contribuer à la sérénité au milieu des revers, c'est de ne point s'obstiner à fermer les yeux sur les avantages et les agréments qui nous restent encore."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Il y a folie, en effet, à s'affliger de ce qu'on perd et à ne pas se réjouir de ce que l'on conserve. Nous faisons comme les marmousets. Quel que soit le nombre de leurs jouets, à supposer qu'on leur en ait pris un seul, voilà qu'ils jettent tous ceux qui leur restent, ils trépignent, ils se lamentent."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Oui, soyons heureux de vivre, de nous bien porter, de voir le soleil, de n'être ni au milieu des guerres, ni milieu des révolutions. La terre nous offre son sein pour que nous la cultivions ; la mer, sa surface si nous voulons la traverser sans crainte. Nous sommes libres de parler, de garder le silence, de travailler, de ne rien faire. Nous goûterons mieux encore ces bonheurs, si nous supposons un instant qu'ils nous fassent défaut, si nous nous rappelons souvent à nous-mêmes combien la santé est précieuse pour un malade, la paix pour ceux qu'écrase la guerre, combien il est désirable d'acquérir de la considération et des amis dans une aussi grande ville lorsqu'on est inconnu et étranger, et, au contraire, quel regret c'est de se voir privé de tous ces avantages quand on les a réalisés. Est-ce à dire qu'un bien ne devienne important et précieux pour chacun de nous que quand il est perdu ? Est-ce à dire que tant que nous le conservons il doive de rien valoir ? Un objet a-t-il jamais acquis une valeur en cela seul qu'il n'existait plus ?"
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Usons-en [des choses] de manière à y trouver le plus de plaisir et de profit possible, afin que, si nous venons à les perdre, la privation nous en soit moins cruelle à subir."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Les prisonniers sont jaloux de ceux qui ont été libérés, et les affranchis, des hommes libres. Ceux qui ne sont pas des hommes libres portent envie aux gens riches ; les gens riches, aux satrapes ; les satrapes, aux monarques ; les monarques, enfin, aux dieux : ils voudraient presque lancer la foudre et les éclairs. Qu'en résulte-t-il ? Éprouvant toujours le besoin de ce qui est au-dessus d'eux, les mortels ne se trouvent jamais satisfaits de leur partage."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Nous de même, quand nous entendrons un autre nous dire que notre condition est bien mesquine, que c'est une indignité que nous ne soyons ni consuls, ni gouverneurs de province, nous avons le droit de rétorquer : "Notre sort est tout à fait magnifique ; notre existence est digne d'envie, puisque nous n'en sommes pas réduits à mendier, à porter des fardeaux, à faire le métier de flatteur.""
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Des chagrins innombrables sont attachés à la richesse, à la gloire, à la royauté. Mais ils sont invisibles pour le vulgaire, parce que la fumée d'orgueil qui les recouvre empêche de les apercevoir."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"C'est parce que l'on admire ce que possèdent les autres, que l'on déprécie et que l'on dénigre sa propre situation."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Nous devons, dociles à l'enseignement que donne l’inscription delphique, apprendre à nous connaître nous-mêmes et nous consacrer ensuite à un objet unique, à savoir celui pour lequel nous avons une aptitude naturelle. Mais gardons-nous de nous passionner tantôt pour un genre de vie, tantôt pour un autre, gardons-nous de violenter notre nature."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Il faut choisir l'état qui nous convient, en faire l'objet exclusif de nos travaux, sans nous occuper du reste."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"Dans un oubli stupide et ingrat, ils [les hommes] absorbent et engloutissent leur passé, ils font disparaître toute action, tout succès, tout loisir plaisant, toute vie sociale, toute jouissance : ils ne veulent pas que la vie ait cette unité qui tient dans l'intrication du passé et du présent. À leurs yeux la vie d'hier est autre que celle d'aujourd'hui, celle de demain ne sera pas non plus celle d'aujourd'hui. Ce sont autant d'existences séparées ; et à peine s'est-il produit quelque chose de leur oubli plonge aussitôt ce quelque chose dans le néant."
Plutarque (La sérénité intérieure)

"L'insensé est plus préoccupé de la crainte de la mort que du désir de vivre."
Plutarque (La sérénité intérieure)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLUTARQUE - DE L'ÉDUCATION DES ENFANTS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"La gloire est chose respectable, mais peu solide. La beauté est digne d'envie, mais éphémère. La santé est un trésor, mais un trésor bien facile à perdre. La vigueur corporelle est désirable, mais elle cède bien vite à la maladie, à la vieillesse. Du reste compter sur la force du corps, c'est s'entretenir, qu'on le sache bien, dans une erreur complète." 
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"Je demande que l'âme ne soit ni téméraire, ce qui tient de l'imprudence, ni lâche et tremblante, ce qui tient de la servilité : le talent, la perfection, c'est de suivre en tout un juste milieu."
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"Pour le soin du corps, les hommes ont créé deux sciences, la médecine et la gymnastique, dont l'une nous maintient en bonne santé, l'autre nous assure une bonne constitution ; mais contre les infirmités et les maladies de l'âme il n'y a qu'un remède : c'est la philosophie." 
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"Il sera utile ou plutôt indispensable de ne pas apporter, non plus, de l'indifférence à l'acquisition d'écrits anciens. Il faut même en faire des recueils, comme en agriculture on s'approvisionne d'outils ; car, de la même manière, les outils de la science ce sont les livres ; et l'on a occasion de reconnaître que l'instruction en découle comme d'une source."
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"En tout cas, donner à ses enfants, dans la mesure du possible, la direction la meilleure, est un devoir pour les pères, même pour ceux qui sont pauvres ; sinon, ils leur doivent au moins celle qui se trouve à leur portée."
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"Il faut amener les enfants à la pratique du bien par des exhortations, des paroles, et non pas, grands dieux ! par des coups et des mauvais traitements."
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"J'ai vu certains pères qui, à force d'aimer leurs enfants, en étaient venus à ne les aimer point. Que veux-je dire en parlant ainsi ? Un exemple rendra plus claire ma pensée. Dans leur argent désir de voir promptement leurs fils être les premiers en tout, ils leur imposent un travail qui n'a pas de proportion, sous lequel ils succombent découragés ; et d'ailleurs, accablés par l'excès de la fatigue, ils ne reçoivent plus l'instruction avec docilité. Eh bien, comme les végétaux se développent si on les arrose modérément, mais que trop d'eau les étouffe, de même l'esprit s'accroît par des études mesurées, mais il est comme noyé sous des travaux excessifs. Il faut donc qu'on laisse enfants reprendre haleine, loin de les occuper sans relâche. Que l'on y réfléchisse : toute l'existence est une alternative de repos et de travail ; et c'est dans ce but que non seulement l'état de veille, mais encore le sommeil a été instauré par le Créateur. Il n'y a pas uniquement guerre : il y a paix aussi ; non uniquement tempête, mais aussi calme ; non uniquement labeur actif, mais aussi jours fériés. Pour le dire en un mot, le repos est l'assaisonnement du travail." 
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"Le souvenir des choses passés devient un exemple, lorsqu'il s'agit de prendre des décisions sages en vue de l'avenir." 
Plutarque (De l'éducation des enfants)

"On choisira pour fils des femmes qui ne soient ni trop nobles, ni trop riches. "Vise la quille à ta portée" est un précepte sage. Choisir beaucoup au-dessus de soi, ce n'est plus être le mari de la femme ; c'est devenir, à son insu, l'esclave de la dot."
Plutarque (De l'éducation des enfants)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLUTARQUE - CONSOLATION A APOLLONIOS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Ainsi, face à de tels malheurs, la raison commande aux hommes intelligents de n'être ni insensibles, ni trop sensibles : la première attitude est brutale et inflexible, la seconde molle et efféminée. L'homme réfléchi, en revanche, ne dépasse pas les bornes du convenable ; il est capable de supporter intelligemment ce que la vie lui réserve d'agréable et de pénible ; il s'est préparé à se plier à l'ordre des choses en s'y soumettant sans protester."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"Rester soi-même face à ce que nous considérons comme le bonheur et garder une attitude noble face au malheur, voilà la marque de l'homme instruit et maître de soi."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"Chercher la constance dans l'inconstance caractérise les gens dont le raisonnement sur l'ordre des choses est faussé."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"Le corps de l'homme est mortel et éphémère, mortelles sont les joies et ses peines et, en un mot, tout ce qui compose son existence."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"Quoi d'étonnant si ce qui est séparable est séparé, si ce qui est soluble est dissous, si ce qui est combustible est consumé, si ce qui est destructible est détruit ? Ainsi, à quel moment la mort ne nous habite-t-elle pas ?"
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"Un potier, avec la même argile, peut façonner des figures d'êtres vivants et les détruire, puis en façonner d'autres et les détruire encore, et ainsi alternativement sans s'arrêter. Pareillement, la nature, avec la même matière, a fait naître nos ancêtres, les a détruits ensuite pour engendrer nos pères, puis nous-mêmes, et engendrera encore d'autres hommes, les uns après les autres, en un cycle infini."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"C'est sa perfection, non sa durée, qui fait la mesure de la vie."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"C'est en leur rendant honneur et en cultivant leur mémoire que nous apportons ce soutien à ceux qui nous ont quittés."
Plutarque (Consolation à Apollonios)

"Notre séjour en ce monde est très bref. Ne passons pas notre vie dans la tristesse de l'affliction et la misère du deuil, en torturant notre esprit par le chagrin et en torturant notre corps. Il faut évoluer, devenir meilleurs et mieux assumer notre condition d'hommes. Pour ce faire, appliquons-nous sérieusement à fréquenter des personnes qui ne partageront pas notre peine par flatterie, qui ne réveilleront pas notre douleur mais qui chasseront notre chagrin par des paroles de consolation nobles et dignes."
Plutarque (Consolation à Apollonios)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLUTARQUE - MANGER CHAIR
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Mangeons de la chair, pourvu que ce soit pour satisfaire à la nécessité, non pour fournir aux délices, ni à la luxure ; tuons un animal, mais pour le moins que ce soit avec commisération et avec regret, non point par jeu ou plaisir, ni avec cruauté, comme l'on fait en plusieurs sortes maintenant."
Plutarque (Manger chair)






-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - CONSOLATION À LIVIE AUGUSTA
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"La gloire du héros, cette gloire si chèrement acquise, vivra du moins ; elle est impérissable : elle échappe aux ravages du feu. L'histoire lui ouvrira ses pages, les siècles futurs en liront les nobles récits, et la poésie et les arts la célébreront à leur tour."
Ovide (Consolation à Livie Augusta)


"La vie nous a été donnée pour en jouir ; elle nous a été prêtée sans intérêt, mais aussi sans époque fixe de restitution. Partout la fortune dispose du temps à son gré : c'est elle qui enlève les jeunes, elle qui épargne les vieux ; partout où elle se précipite, elle se précipite comme une folle ; sa foudre tombe sur l'univers entier, et d'aveugles coursiers promènent triomphants cette aveugle déesse."
Ovide (Consolation à Livie Augusta)


"La mort est aussi inflexible qu'inévitable ; le fil de nos jours une fois tranché, nul ne pourrait en renouer la trame."
Ovide (Consolation à Livie Augusta)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
ÉPICTÈTE - MANUEL
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Souviens-toi que la raison d'être du désir est d'en obtenir l'objet, et la raison d'être de l'aversion, de n'en pas rencontrer l'objet. Quiconque échoue dans son désir est infortuné, quiconque se heurte à l'objet de son aversion est malheureux. Si donc tu réserves ton aversion, parmi les choses qui dépendent de toi, aux choses contraires à la nature, tu ne te heurteras jamais à ce qui te répugnes. Mais si tu t'avises de détester la maladie, la mort, la pauvreté, tu seras malheureux."
Épictète (Manuel)


"À propos de toute chose qui te plaît, qui t'est utile ou que tu aimes, n'oublie pas d'en formuler la définition, en commençant par les plus minimes objets. Si tu aimes une marmite, dis : J'aime une marmite. Et quand elle sera cassée tu seras sans trouble. Si tu embrasses ton enfant, ta femme, dis-toi que tu embrasses un être humain, et, quand il mourra, tu seras sans trouble."
Épictète (Manuel)


"Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu'ils portent sur les choses. Par exemple, la mort n'est rien de redoutable, sinon Socrate lui-même l'aurait trouvée telle. Mais le jugement par lequel nous déclarons la mort redoutable, voilà bien ce qui est redoutable."
Épictète (Manuel)


"En face de tout ce qui arrive, n'oublie pas de te replier sur toi-même et de te demander quelle force tu possèdes pour en tirer de l'utilité. Est-ce un bel homme, une belle femme qui frappe ta vue ? Tu trouveras la continence. Est-ce une fatigue qui survient ? Tu trouveras l'endurance. Des insultes ? Tu trouveras la patience. et quand tu auras bien pris ces habitudes, le tourbillon des idées ne t'emportera pas."
Épictète (Manuel)


"Si tu veux que tes enfants, ta femmes, tes amis vivent toujours, tu n'es qu'un sot : c'est vouloir que ce qui ne dépend pas de toi dépende de toi, que ce qui n'est pas à toi soit à toi. De même, tu es fou, si tu attends que ton esclave ne fasse rien de travers : c'est prétendre que le vice ne soit pas le vice. Mais si tu veux atteindre un idéal conforme à la nature, tu en as le pouvoir. Le maître d'un homme, c'est celui qui peut à son gré lui procurer ou lui enlever l'objet de ses désirs ou de ses aversions. Si tu veux être libre, il ne faut avoir attrait ou répulsion pour rien de ce qui dépend des autres. Sinon on est forcément esclave."
Épictète (Manuel)


"Quelle que soit l'issue des événements, il dépend de moi d'en tirer profit."
Épictète (Manuel)


"Il ne tient qu'à toi d'être invincible : tu n'as qu'à refuser toute lutte où il ne dépend pas de toi d'être vainqueur."
Épictète (Manuel)


"Une seule route mène à la liberté : le mépris de ce qui ne dépend pas de nous."
Épictète (Manuel)


"Si tu désires être philosophe, dis-toi qu'on se moquera de toi, que la foule sur ton passage s'exclamera : "Tiens ! le voilà qui nous revient tout d'un coup philosophe !", mieux : "Où a-t-il pris ces grands airs ?" Pour toi, sans prendre de grands airs, attache-toi à ce qui te semble le meilleur. Et n'oublie pas que, si tu restes ferme dans tes principes, ceux-là mêmes qui se riaient de toi d'abord finiront par t'admirer, tandis que si tu te laisses vaincre par leur ironie, tu n'en seras que deux fois ridicule."
Épictète (Manuel)


"Si tu ne fais pas les mêmes efforts que les autres pour obtenir ce qui ne dépend pas de nous, tu ne peux prétendre aux mêmes succès qu'eux [...]. Si tu prétends et ne pas payer ton tribut et récolter les faveurs, tu es un insatiable et un sot."
Épictète (Manuel)


"L'enfant d'un autre est mort ou sa femme ? Personne qui ne dise : "C'est la condition humaine." Mais fait-on cette perte soi-même, c'est tout de suite : "Hélas ! comme je suis malheureux !!!" Il faudrait se souvenir de ce qu'on a éprouvé à l'annonce du même événement chez les autres."
Épictète (Manuel)


"Si on livrait ton corps au premier venu, tu serai dans l'indignation. Et toi-même, tu livres ta propre âme au premier venu, par exemple en la laissant envahir par le trouble et la confusion pour une injure qu'il t'aura dite, et tu n'as pas honte ?"
Épictète (Manuel)


"De toute entreprise, examine les causes et les suites. Ne te mets à l'oeuvre qu'après cet examen, sinon tu seras plein d'ardeur d'abord par simple ignorance de ce qui doit suivre, devant les difficultés tu lâcheras prise honteusement."
Épictète (Manuel)


"Si quelqu'un juge fausse une proposition vraie, ce n'est pas la proposition qui est lésée, mais l'homme qui s'est laissé tromper."
Épictète (Manuel)


"Types de raisonnements incohérents  : "Je suis plus riche que toi, donc je te suis supérieur. - Je parle mieux que toi, donc je te suis supérieur." Voici mieux raisonné : "Je suis plus riche que toi, donc mes possessions dépassent les tiennes. - Je parle mieux que toi, donc mon élocution est supérieure à la tienne." Mais toi, tu n'es ni richesse ni élocution."
Épictète (Manuel)


"Ne te dis jamais philosophe, et ne parle pas en général avec le vulgaire de principes philosophiques : agis d'après ces principes [...] Si, entre gens du vulgaire, la conversation tombe sur quelque principe philosophique, fais-toi une règle de ne pas répondre : tu cours grand risque en effet de rendre une chose non digérée. Si l'on te dit : "Alors tu ne sais rien", et que tu n'en sois pas piqué, c'est alors, sache-le, que tu commences à être philosophe. Vois les moutons : ce n'est pas en vomissant l'herbe qu'ils montrent aux bergers qu'ils en ont bien mangé ; ils digèrent leur pâture et ils produisent laine et lait. Fais donc comme eux : n'étale pas tes principes devant le vulgaire, montre-lui les fruits qu'ils portent quand ils sont bien assimilés."
Épictète (Manuel)

"Conduite et caractère de l'homme vulgaire : ce n'est jamais de lui-même qu'il attend avantage ou hommage, c'est des choses extérieures. Conduite et caractère du philosophe : il n'attend avantage ou dommage que de lui-même."
Épictète (Manuel)


"Tu n'es plus un jeune homme, te voici un homme. Si tu n'y fais pas attention, si tu traînes, si tu ajoutes les délais aux délais, si tu recules de jour en jour le moment où tu te consacreras à toi-même, tu ne te rendras même pas compte que tu ne fais aucun progrès et tu auras passé toute ta vie et seras mort comme le vulgaire. Allons, juge-toi digne désormais de vivre en adulte et qui fait des progrès. Que tout ce qui te semble le meilleur soit pour toi un loi inviolable. La vie te présentera des choses pénibles ou agréables, glorieuses ou obscures : souviens-toi que le combat est ouvert. Tu es au stade, à Olympie, plus moyen de différer. Un seul jour, un seul incident peut ruiner ton progrès ou le confirmer."
Épictète (Manuel)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
ÉPICTÈTE - ENTRETIENS (LIVRE I)
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Alors que nous pouvons nous attacher à un seul objet et nous en occuper, nous préférons nous appliquer et nous lier à une multitude de choses : notre corps, notre fortune, notre frère, notre ami, notre enfant, notre esclave. Ce sont autant de chaînes qui par leur poids nous entraînent au fond."
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Tu te considères uniquement comme un fil parmi tous les fils constituant la trame d'une tunique. - C'est à dire ? - C'est à dire que tu voudrais ressembler aux autres hommes, de même qu'un fil ne cherche pas à se distinguer des autres fils. Or moi je veux être la pourpre de la tunique sénatoriale, cette petite pièce d'étoffe chatoyante qui donne au reste sa noblesse et sa beauté. Alors pourquoi me demandes-tu d'être comme tout le monde ? Si je cherche à l'être, comment serais-je encore cette bande de pourpre ?"
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Le progrès, dans n'importe quel domaine, rapproche toujours du but auquel la perfection amène une fois pour toutes."
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Si quelqu'un refuse l'évidence même, il est difficile de trouver un argument capable de le faire changer d'avis. Cela ne tient ni à sa puissance intellectuelle, ni à la faiblesse de son maître : quand un homme qui s'est laissé piéger reste buté comme une pierre, comment peut-on encore raisonner avec lui ?"
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Pourquoi restons-nous paresseux, négligents et indolents ? Pourquoi cherchons-nous toujours des prétextes pour ne pas travailler et passer nos nuits à autre chose qu'à exercer notre esprit ?"
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Là où règne l'ignorance règnent aussi la sottise et le manque d'éducation sur des questions qui nous sont nécessaires."
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Quand tu es seul, tu te dis isolé, tandis qu'en société tu traites les autres de voleurs et d’intrigants. Tu vas même jusqu'à blâmer tes parents, tes enfants, tes frères et tes voisins. Tu devrais plutôt envisager la solitude comme une forme de calme, de liberté, et comparer ton sort à celui des dieux."
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Rien de grand ne se produit subitement, pas plus que le raisin et les figues. Si tu me disais maintenant : "Je veux une figue", je te dirais : "Il faut du temps." Laisse d'abord l'arbre fleurir ; laisse-le produire ses fruits, puis laisse-les mûrir. Le fruit du figuier n'arrive pas comme ça, sur l'heure, à sa pleine maturité ; et tu voudrais cueillir facilement, en si peu de temps, le fruit d'un esprit humain ? N'y compte pas, même si je te le disais."
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Regarde un peu : tu as de beaux vêtements, ton voisin n'en a pas ; tu as une fenêtre et tu veux les faire sécher. Or ce voisin, dans son ignorance, s'imagine que le bien consiste à posséder de beaux habits. Et toi qui t'en fais la même idée, tu penses qu'il ne viendra pas te les prendre ? Tu montres à des gourmands un gâteau que tu dévores tout seul, et tu ne veux pas qu'ils te l'arrachent ? Évite de les provoquer, évite d'avoir une fenêtre, de faire sécher tes vêtements !"
Épictète (Entretiens - Livre I)


"J'ai toujours voulu que les gens que je rencontre m'admirent et me suivent en s'exclamant : "Oh, quel grand philosophe !" - Mais qui sont ces gens dont tu veux susciter l'admiration ? Ne s'agit-il pas de ceux que tu traites habituellement de fous ? Et quoi ! veux-tu donc être admiré par des fous ?"
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Ne soit pas plus lâche que les enfants. Quand un jeu a cessé de leur plaire, ils s'écrient : "Je ne joue plus !" Fais comme eux. Quand la situation te déplaît, va-t'en en disant : "Je ne joue plus !" Mais si tu restes, ne te plains pas."
Épictète (Entretiens - Livre I)


"Où puis-je partir pour fuir la mort ? Indiquez-moi le pays, indiquez-moi les peuples chez qui je pourrais me rendre, chez qui elle ne pénétrera pas ; indiquez-moi quelque formule magique qui puisse m'en préserver. Si je n'en ai pas, que voulez-vous que je fasse ? Je ne peux échapper à la mort. Mais puis-je échapper à la peur qu'elle m'inspire ? Vais-je mourir en tremblant et en pleurant ?"
Épictète (Entretiens - Livre I)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
ÉPICTÈTE - ENTRETIENS (LIVRE II)
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"De quoi avons-nous peur ? De ce que échappe à notre libre arbitre. Dans quels cas, à l'inverse, montrons-nous de l'assurance comme si le danger n'existait pas ? Dans les cas où s'exerce notre libre arbitre. Etre trompé, agir sans réfléchir, commettre un acte honteux, brûler d'un vil désir pour quelque chose, tout ça nous est égal pourvu que nous réussissions dans les domaines qui ne relèvent pas de notre libre arbitre. Mais face à la mort, à l'exil, à la peine, au mépris, voilà que l'on bat en retraite, voilà que l'on s'agite !"
Épictète (Entretiens - Livre II)


" Il faut faire preuve à la fois de prudence et d'assurance, se montrer sûr de soi vis-à-vis de ce qui ne relève pas de notre libre arbitre, et prudent vis-à-vis de ce qui en relève."
Épictète (Entretiens - Livre II)


"Qu'est-ce que tu es ? Un homme. Si tu te considères comme une entité isolée, il est conforme à ta nature de vivre jusqu'au grand âge, d'être riche et bien portant. Mais si tu te considères comme un homme et une partie d'un tout, il t'appartient - du fait de ce tout - d'être malade, de traverser les mers et de courir des risques, de vivre dans l'indigence et, parfois, de mourir avant l'heure."
Épictète (Entretiens - Livre II)


"Pourquoi les épis poussent-ils ? N'est-ce pas pour mûrir ? Mais s'ils mûrissent, n'est-ce pas aussi pour être fauchés ? En effet, ils ne sont pas isolés. Par conséquent, s'ils étaient doués de raison, ne devraient-ils pas prier pour n'être jamais fauchés ? Mais c'est une malédiction pour les épis de n'être jamais fauchés. Sachez de même que pour les hommes, ne pas mourir est une malédiction. C'est la même chose que de ne pas mûrir, de ne pas être fauché. Mais nous, nous devons tomber sous la faux tout en étant conscients du fait même d'être fauchés, et c'est la cause de notre indignation."
Épictète (Entretiens - Livre II)


"Je ne peux te dire qu'une chose : si un homme ne sait pas qui il est, pourquoi il est né, dans quel monde il se trouve, avec qui il vit, ce qu'est le bien et le mal, le beau et le laid, s'il ne peut suivre un raisonnement ou une démonstration, savoir ce qui est vrai ou ce qui est faux, s'il est incapable de les différencier, il ne se conformera à la nature ni dans ses désirs, ni dans ses aversions, ni dans ses penchants, ni dans ses entreprises, ni dans ses affirmations, ses négations et ses doutes, cet homme en somme s'en ira aveugle et sourd, en pensant qu'il est quelqu'un alors qu'il n'est personne."
Épictète (Entretiens - Livre II)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
HORACE - ODES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"La pâle mort heurte d'un pied égal les tavernes des pauvres et les tours des rois. O fortuné Sestius, la courte durée de la vie nous défend de nous engager dans de longues espérances."
Horace (Odes)


"Ce qui sera demain, garde-toi de le chercher, et le jour, quel qu'il soit, que la fortune te donnera, mets-le à profit : ne dédaigne, jeune homme, ni les douces amours ni les danses, tant que la morose chevelure blanche est loin de ta verte jeunesse."
Horace (Odes)

"Pendant que nous parlons, le temps jaloux se sera enfui : cueille le jour, et fais le moins possible confiance au lendemain."
Horace (Odes)

"Quoi que tu aies dans le cœur, allons, confie-le à des oreilles sûres."
Horace (Odes)

"Accorde-moi, fils de Latone, je t'en prie, de jouir des biens acquis, ayant la santé et toutes mes facultés, et de ne pas connaître une vieillesse honteuse privée de la cithare."
Horace (Odes)

"Que l'on soit riche et issu du vieil Inachus, ou pauvre, d'humble origine et qu'on ait pour seul toit le ciel, peu importe : on est la victime de l'impitoyable Orcus. Nous sommes tous poussés vers le même lieu, notre sort à tous est agité dans l'urne pour en sortir tôt ou tard et nous faire passer sur la barque pour l'éternel exil."
Horace (Odes)

"Avec une fortune qui grossit viennent le souci et la faim d'en avoir davantage."
Horace (Odes)

"N'espère rien d'immortel, te prévient l'année ainsi que l'heure qui emporte le jour nourricier."
Horace (Odes)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
CATULLE - POÉSIES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Les soleils peuvent mourir et renaître, 
Nous, une fois morte la brève lumière de la vie,
C'est une unique, une éternelle nuit qu'il nous faut dormir."
Catulle (Poésies)


"La femme de mon cœur dit préférer ne s'unir à personne
Sinon moi - pas même à Jupiter s'il l'en priait.
Elle le dit. Mais ce que dit une femme à son amant épris,
Il faut l'écrire sur le vent et l'onde rapide."
Catulle (Poésies)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - LES HALIEUTIQUES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"C'est la technique qui règle nos efforts ; c'est en elle que sont tous nos espoirs."
Ovide (Les Halieutiques)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - L'ART D'AIMER
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Le vin prépare les cœurs et les rend aptes aux ardeurs amoureuses ; les soucis fuient et noient dans des libations multiples. Alors naît le rire ; alors le pauvre prend de la hardiesse ; alors disparaît la douleur, ainsi que nos soucis et les rides de notre front. Alors les âmes s'ouvrent en une franchise bien rare à notre époque ; c'est que le dieu chasse les artifices. Là souvent le cœurs des jeunes hommes a été captivé par des belles ; Vénus dans le vin, c'est du feu sur du feu. Mais n'accorde pas trop de foi à la trompeuse clarté de la lampe : pour juger de la beauté, la nuit et le vin sont mauvais. C'est de jour et en plein air que Pâris regarda les déesses et dit à Vénus : "Tu l'emportes sur tes deux rivales, Vénus" La nuit dissimule les taches et est indulgente à toutes les imperfections ; à ces heures-là, toute femme semble belle. Prends le jour comme conseiller pour juger des pierres précieuses ou de la laine teinte en pourpre ; prends-le comme conseiller pour juger des traits du visage et des lignes du corps."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Tu auras beau t'en défendre, elle t'arrachera quelque chose : la femme a trouvé l'art de s'approprier l'argent d'un amant passionné."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Promets, promets ; cela ne coûte rien ; en promesses tout le monde peut être riche."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"C'est par la simple élégance qui doivent plaire les hommes : que leur peau soit halée par les exercices du Champ de Mars ; que leur toge aille bien et n'ait pas de taches. Que ta chaussure soit bien correctement nouée ; que les agrafes ne soient pas rouillées. Que ton pied ne soit pas perdu et ne nage pas dans un soulier trop large ; qu'une coupe maladroite n'enlaidisse pas et ne hérisse pas ta chevelure ; que tes cheveux, que ta barbe soient taillés par une main experte, que tes ongles soient bien coupés et propres, qu'aucun poil ne se dresse dans les narines ; qu'une haleine désagréable ne sorte pas d'une bouche malodorante, et que l'odeur du mâle, père du troupeau [le bouc], ne blesse pas les narines. Tout le reste, abandonne-le soit aux jeunes filles lascives, soit aux hommes qui, contre nature, cherchent l'amour d'un homme."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"L'amour coupable est agréable à l'homme ; il l'est aussi à la femme : [mais] l'homme sait mal dissimuler, la femme cache mieux ses désirs. Si le sexe fort s'entendait pour ne pas faire les avances, la femme, vaincue, prendrait bientôt le rôle de les faire."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Donc va ; n'hésite pas à espérer triompher de toutes les femmes ; sur mille, il y en aura à peine pour te résister. Qu'elles cèdent ou qu'elles résistent, elles aiment toujours qu'on leur fasse la cour ; même si tu es repoussé, l'échec est pour toi sans danger. Mais pourquoi serais-tu repoussé, quand on trouve toujours du plaisir à une volupté nouvelle, et que l'on est plus séduit par ce qu'on n'a pas que par ce qu'on a ? La moisson est toujours plus riche dans le champ d'autrui, et le troupeau du voisin a les mamelles plus gonflées."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"L'ivresse, si elle est véritable, te fera tort ; si elle est feinte, elle peut t'être utile."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Promets hardiment : ce sont les promesses qui entraînent les femmes."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"L'Espérance, si l'on s'y accroche au départ, a la vie longue ; c'est une divinité trompeuse, bien sûr, mais chevillée à nous."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Les larmes également sont utiles : avec des larmes tu amollirais le diamant."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Combien désirent ce qui leur échappe et détestent ce qui est à leur portée !"
Ovide (L'Art d'aimer - Livre I)


"Il ne faut pas moins de talent pour garder les conquêtes que pour les faire."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Si tu veux conserver ton amie et n'avoir jamais la surprise d'être abandonné par elle, joins les dons de l'esprit aux avantages du corps. La beauté est un bien fragile : tout ce qui s'ajoute aux années la diminue ; elle se flétrit par sa durée même ; ni les violettes, ni les lis à la corolle ouverte ne sont toujours en fleurs, et, la rose une fois tombée, l'épine se dresse seule. Toi aussi, bel adolescent, tu connaîtras bientôt les cheveux blancs ; tu connaîtras bientôt les rides, qui sillonnent le corps. Forme-toi maintenant l'esprit, bien durable, qui sera l'appui de ta beauté : seul il subsiste jusqu'au bûcher funèbre."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)

"Dépouille tout orgueil, si tu veux être aimé longtemps."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Il y a tout de même des femmes cultivées, mais un groupe peu nombreux ; l'autre groupe n'est pas cultivé, mais veut le paraître."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"L"amour, encore jeune et peu sûr de lui, se fortifie à l'usage ; nourris-le bien, et , avec le temps, il deviendra solide."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Amusez-vous, mais soyez prudents ; que votre faute soit cachée et furtive ; il ne faut tirer aucune vanité de votre action coupable. Et ne fais pas de cadeau que l'autre puisse reconnaître ; n'aie point d'heure fixe pour ton infidélité, et si tu ne veux pas qu'une amie te surprenne dans une retraite qu'elle connait, ne donne pas toujours tes rendez-vous au même endroit. Chaque fois que tu écriras, commencer par bien examiner toi-même les tablettes ; combien de femmes y lisent plus qu'on ne leur écrit !"
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Il y a des femmes auprès desquelles une obéissance craintive va contre le but, et dont l'amour languit, faute d'une rivale. Généralement la prospérité enivre l'esprit et il n'est pas facile, dans le bonheur, de montrer une âme égale. Voyez un feu presque éteint pour avoir consumé peu à peu ses aliments : il a disparu sous la cendre blanche qui le recouvre ; mais, si l'on y ajoute du soufre, la flamme qui semblait éteinte se retrouve et donne la même lumière qu'auparavant. Ainsi quand le cœur languit dans l'indolente torpeur de la sécurité, il faut employer des aiguillons pénétrants pour réveiller l'amour. Arrange-toi pour que ton amie ait des inquiétudes sur ton compte ; réveille l'ardeur de son cœur attiédi ; qu'elle pâlisse en apprenant ton infidélité."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Pour nous, nous ne racontons qu'avec retenue nos succès, même réels ; nos larcins amoureux restent protégés par le mystère d'un silence impénétrable."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Ce que tu as du mal à supporter, il faut t'y accoutumer ; tu le supporteras facilement ; l'habitude atténue bien des choses, tandis que l'amour naissant remarque tout."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Tandis que les forces ou les années le permettent, affrontez les fatigues : bientôt, de son pas silencieux, viendra la vieillesse qui vous courbera."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre II)


"Dès à présent, songez à la vieillesse qui viendra : ainsi vous ne laisserez passer aucun moment sans en profiter. Pendant que vous le pouvez, et que vous êtes encore au printemps de la vie, amusez-vous ; les années s'en vont comme une eau qui s'écoule ; l'onde qui a passé devant nous ne remontera plus à sa source ; de même l'heure qui a passé ne peut plus revenir. Il faut profiter de son âge ; il fuit d'un pied rapide, cet âge, et tout heureux qu'il soit, il est moins heureux que celui qui l'a précédé. A la place où vont ces broussailles flétries, j'ai vu fleurir des violettes ; ce buisson épineux m'a fourni jadis d'agréables couronnes. Un temps viendra où, toi qui laisses aujourd'hui les amoureux dehors, vieille et abandonnée tu seras seule la nuit sur ta couche froide. Ta porte ne sera pas brisée dans une querelle nocturne, et, le matin, tu n'en trouveras pas le seuil jonché de roses. Si rapidement, hélas ! la peau se relâche et forme des rides, pendant que disparaît la belle carnation d'un gracieux visage ; ces cheveux blancs dont tu jures que tu les avais déjà lorsque tu étais jeune fille, brusquement, couvriront toute ta tête. Les serpents, en quittant leur mince peau, se dépouillent de leur vieillesse, et le cerf n'est pas plus vieux quand son bois tombe ; mais nous c'est sans recours que disparaissent nos avantages : cueillez la fleur, car , si elle n'est pas cueillie, elle se flétrira et tombera d'elle-même. De plus les enfantements font vieillir plus vite : des moissons répétées vieillissent un champ."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre III)


"Ce qui reste caché demeure inconnu ; ce qui est inconnu ne soulève aucune passion."
Ovide (L'Art d'aimer - Livre III)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - CONTRE IBIS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Mes livres n'ont blessé que moi : c'est l'artiste lui-même qui périt avec son Art."
Ovide (Contre Ibis)


"Puisque je ne révèle pas encore ton nom aux curieux, prends toi aussi pour l'instant celui d'Ibis et, de même que mes vers se voileront de quelque obscurité, ainsi puisse être sombre le cours entier de ta vie !"
Ovide (Contre Ibis)


"Je le maudis, moi, celui que j'entends par Ibis et qui avoir par ses forfaits mérité ces imprécations. Sans retard, je serai le prêtre qui ratifiera les vœux formulés. Vous tous, témoins du sacrifice qui je célèbre, que vos bouches me secondent ; vous tous, témoins du sacrifice, faites entendre des paroles lugubres et, les joues baignées de pleurs, approchez d'Ibis ; porteurs de funestes présages, accourez du pied gauche et de vêtements noirs recouvrer votre corps. Et toi, pourquoi tarder à prendre les bandelettes mortuaires ? Déjà se dresse, comme tu le vois, l'autel de tes funérailles ; la procession est prête ; que rien ne retarde mes vœux funestes ! Tends la gorge à mon couteau, victime sinistre ! Que la terre te refuse ses moissons, le fleuve ses ondes, que te refusent leurs souffles le vent et la brise ; que le soleil soit pour toi sans éclat, la lune sans clarté, que les astres brillants se dérobent à tes yeux ; que ni Vulcain ni l'air ne s'offrent à toi, que la terre et la mer te refusent tout passage ! Exilé, sans ressources, vagabond, va chez autrui de seuil en seuil et quête d'une bouche tremblante un peu de nourriture ! Qu'une douleur gémissante ne laisse aucun repos à ton corps, à ton âme épuisés ; que la nuit te soit plus redoutable que le jour, le jour que la nuit ; soit toujours misérable sans jamais rencontrer de pitié ; que de ton infortune se réjouissent hommes et femmes ! Que la haine s'ajoute à tes larmes et sois jugé digne, malgré mille maux soufferts, d'en souffrir davantage ; que, par exception, soit privé de la sympathie coutumière le spectacle odieux de ta fortune ; aie des raisons de mourir sans en avoir le moyen ; que l'obligation de vivre te fasse échapper à une mort souhaitée ; qu'après une longue lutte le souffle abandonne tes membres torturés, après le supplice d'une longue agonie !"
Ovide (Contre Ibis)


"Malheur à toi ! Dans ta misère, tu subiras de si nombreuses et si cruelles infortunes qu'elles m'arracheront, je crois, à moi aussi des larmes. Ces larmes me donneront un bonheur sans fin ; ces pleurs me seront plus doux que le rire."
Ovide (Contre Ibis)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PERSE - SATIRES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"As-tu un but où tu tendes et vers lequel tu diriges ton arc ou poursuis-tu çà et là les corbeaux en leur lançant et des tessons et de la boue, sans te demander où te conduisent tes pas, et vis-tu au gré des circonstances ?"
Perse (Satire III)


"Instruisez-vous et rendez-vous compte, ô malheureux, des causes des choses : que sommes-nous et pour quelle existence venons-nous au monde, quel rang nous a été assigné ou bien par où et d'où prend-on moelleusement le tournant de la borne, quelle est la mesure de l'argent, quels souhaits les dieux nous permettent-ils de former, à quoi peut servir une monnaie au relief saillant, quelles libéralités conviendrait-il de faire à sa patrie et à ses chers parents, qui la divinité te commande-t-elle d'être et quel poste occupes-tu dans l'humanité ?"
Perse (Satire III)


"Cueillons les douceurs, c'est notre bien que la vie dont tu jouis ; cendre, mânes, objet de conversation, voilà ce que tu deviendras ; vis en pensant à la mort, l'heure fuit, ce que je dis est déjà du passé."
Perse (Satires V)


-------------------------------------------------------------------------------------------------------
RUTILIUS NAMATIANUS - RETOUR EN GAULE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Rien n'est long de ce qui ne cesse jamais de plaire."
Rutilius Namatianus (Retour en Gaule)


"Nous aimons mieux nous résigner au repos devant l'obstacle dressé."
Rutilius Namatianus (Retour en Gaule)


"Nous payâmes bien cher notre repos dans ce riant séjour, par la dureté de l'aubergiste, qui dépasse celle d'Antiphatès pour ses hôtes. En effet à ce lieu était préposé un juif hargneux, un de ces animaux irréconciliables avec la nourriture de l'homme. Il nous porte en compte arbrisseaux meurtris, algues foulées et crie : "Oh, préjudice énorme !"  pour un peu d'eau prélevée dans le bassin. Nous rendons toutes les injures qu'elle mérite à cette race immonde qui se mutile sans pudeur l'extrémité du membre génital, à cette souche de folie qui a tant à cœur son glacial sabbat, mais dont le cœur même est encore plus glacé que sa religion. Chaque fin de semaine est condamnée pour elle à un honteux engourdissement, image aveulissante de la lassitude qu'elle prête à son dieu. Quant aux autres extravagances de cette bande d'esclaves imposteurs, il serait impossible, je pense, à tous les enfants du monde d'y ajouter foi. Ah ! si seulement la Judée n'avais jamais été soumise par les armes de Pompée et réduite par l'autorité suprême de Titus ! Vous extirpez ce fléau : la contagion ne s'en répand que plus loin, et la nation vaincue pèse lourdement à son vainqueur."
Rutilius Namatianus (Retour en Gaule)


"Ne nous indignons pas si les corps des mortels ont une fin : des exemples nous font voir que les villes peuvent mourir."
Rutilius Namatianus (Retour en Gaule)



-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - LES TRISTES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Tant que j'étais à l'abri, j'étais caressé par un désir de gloire,  je souhaitais avec ardeur me faire un nom. Aujourd'hui, si je ne hais pas mes poèmes et cette passion qui n'a nui, estimons-nous heureux ! C'est à mon talent que je dois mon exil."
Ovide (Les Tristes - Livre I - I)


"La poésie requiert l'isolement pour l'écrivain, et le calme ; moi, je suis secoué par la mer, les vents, la fureur de l'hiver. Toute crainte nuit à la poésie ; et moi, désespéré, je crois avoir à tout moment un glaive planté dans la gorge."
Ovide (Les Tristes - Livre I - I)


"Oh ! j'ai bien fait de ne pas accepter qu'elle [sa femme] embarque avec moi pour ne pas avoir à endurer, misère ! un mort double ! Mais si je meurs maintenant, puisqu'elle est à l'abri du danger, je suis sûr de survivre dans cette moitié de moi-même."
Ovide (Les Tristes - Livre I - II)


"C'est un fait  : tout comme à l'épreuve du feu on contemple l'or pur, la fidélité se manifeste dans les moments difficiles. Tant que tout va bien et que sourit la Fortune au visage serein, notre force intacte entraîne tout le monde dans son sillage ; mais dès le moindre coup, c'est la fuite, et celui qui était entouré d'une nuée d'amis, plus personne ne le connaît [...] De tant d'amis que j'avais, nous ne restez que deux ou trois à peine : les autres étaient compagnon de la Fortune, non les miens."
Ovide (Les Tristes - Livre I - V)


"Je n'ai fomenté contre lui [Auguste] nulle attaque et c'est mon ingénuité qui me vaut cet exil."
Ovide (Les Tristes - Livre I - V)


"C'est mon poème dont je te confie la lecture, quoi qu'il vaille, le poème qui dit les métamorphoses des humains, ouvrage infortuné que la fuite de son maître a interrompu. Au moment du départ, je l'ai, dans ma détresse, comme bien d'autres choses jeté au feu de mes propres mains [...] J'ai déposé, sur le bûcher dévorant mes entrailles, ce cher livre innocent, afin qu'il périsse avec moi, car d'une part j'abhorrais les Muses responsables de mon accusation, d'autre part mon poème était encore en chantier, inabouti. Puisqu'il n'a pas entièrement disparu mais existe (je pense qu'il en a été fait plusieurs copies), je souhaite aujourd'hui qu'il vive et charme les loisirs féconds des lectures en les faisant se souvenir de moi. Cependant, on ne pourra longtemps supporter sa lecture si l'on sait que je n'ai pu y mettre la dernière main. L'ouvrage m'a été enlevé, encore sur le métier, le dernier coup de lime a fait défaut à son écriture et je demande ta bienveillance, lecture, plutôt que tes louanges."
Ovide (Les Tristes - Livre I - VII)


"Tant que la chance te sourit, tu compteras beaucoup d'amis ; si le temps n'est plus au beau fixe, tu seras seul."
Ovide (Les Tristes - Livre I - IX)


"Tu sais que ce vieux poème [l'Art d'aimer] fut pour moi un badinage de jeunesse ; peu louable, certes, mais qui n'était qu'un jeu. Donc, s'il est  vrai qu'aucun argument ne peut défendre ma faute, je pense que l'on peut au moins l'excuser."
Ovide (Les Tristes - Livre I - IX)


"Mon cœur est dans la tourmente bien plus que la mer. Aussi dois-tu être d'autant plus indulgent, aimable lecteur, si (comme ils le sont à ces vers sont inférieurs à ton attente. Je ne les ai pas écrites dans mes jardins, comme naguère, et toi, mon petit lit accoutumé, tu ne m'accueilles pas. Je suis jeté, sous une lumière d'hiver, dans un abîme indomptable, et l'eau sombre frappe même mon papier."
Ovide (Les Tristes - Livre I - XI)


"Ma poésie est responsable du fait qu'hommes et femmes ont voulu m'étudier pour mon malheur ; Ma poésie est responsable du fait que César a blâmé ma conduite pour mon Art, qu'il a déjà fait interdire."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"Examine mon plus grand ouvrage, qui n'est pas encore achevé, ces corps transformés de manière incroyable : tu y trouveras des éloges sur votre famille, tu y trouveras maints gages de mon attachement."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"Il m'en souvient, tu [Auguste] approuvais ma vie et mon comportement lorsque je défilais sur le cheval que tu m'avais donné ; si cela ne sert à rien et si l'on ne tire aucune gloire de l’honnêteté , je n'étais du moins convaincu d'aucun crime ; on m'avait confié non sans raison le sort des accusés et les procès qui devaient être instruits par les centumvirs. J'ai aussi statué sur les affaires privées, en juge irréprochable, et la partie perdante même a reconnu mon intégrité."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"J'ai la vie sauve, ta colère n'est pas allée jusqu'à la mort, O prince qui uses avec modération de ton pouvoir ! De plus, je conserve les biens de mes aïeux, que tu n'as pas confisqués comme si m'accorder la vie était trop peu. Tu n'as pas condamné mes actes par décret du sénat, mon départ n'a pas été ordonné par jugement spécial ; c'est en me chargeant de vis reproches que tu as vengé, comme il se doit, tes offenses. Ajoute que l'édit, quoi sévère et terrifiant, a été cependant modéré dans la formulation de la peine : j'y suis désigné comme "relégué", et non "exilé", et tu emploies des termes spéciaux pour mon sort."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"Bien que deux accusations m'aient perdu, un poème et une erreur, je ne peux parler de la faute qui concerne la seconde : car rouvrir tes blessures, César, je n 'en vaux pas la peine ; c'est déjà trop de t'avoir fait souffrir une fois. Reste la première selon laquelle on me reproche d'être devenu, par un poème infâme, le maître de l'adultère et de l'ignominie."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"C'est ma frivolité qui m'a rendu odieux à tes yeux, à cause cet Art que tu as vu comme une incitation à la débauche."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"J'ai écrit des poèmes d'amour et des futilités sans qu'aucun racontar effleure ma réputation, et il n'y a aucun mari même issu de la plèbe qui doute de sa paternité par ma faute. Crois-moi, mes mœurs n'ont rien à voir avec mon poème, ma vie est respectable, ma Muse folâtre, une grande partie de mon oeuvre n'est que pure fiction ; elle s'est permis plus que son auteur."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"Moi aussi, j'ai fais une erreur voici longtemps avec ce fameux texte [L'Art d'aimer] : la punition récente frappe une faute qui ne l'est pas. J'avais déjà publié ce poème à l'époque où j'ai tant de fois, sans relâche, défilé en tant que chevalier, quand tu stigmatisais les délits. Donc, ces écrits que je croyais - dans ma naïveté - ne pas pouvoir me nuire jeune, voici qu'ils me nuisent, devenu vieux : vengeance tardive qui s'abat sur un livre ancien, et le châtiment est loin du moment où il a été mérité."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"J'ai composé six Fastes en autant de livres, et chaque volume s'arrête sur son propre mois ; et cet ouvrage naguère écrit en ton honneur, César, et qui t'est dédié, mon destin l'a interrompu. J'ai aussi confié à la poésie tragique un sujet royal qui possède le ton grave qui lui convient [Médée], et j'ai traité, bien que je n'aie pas pu mettre la dernière main au projet, des êtres transformés en formes nouvelles."
Ovide (Les Tristes - Livre II)

"Imagines-tu ce que je ressens, languissant dans ce pays terrible, au milieu des Sarmates et des Gètes ? Je ne supporte pas le climat, je ne m'habitue pas à cette eau et, je ne sais pourquoi, je n'aime pas cette terre. Pas de maison correcte, pas de nourriture convenable pour un malade, personne pour guérir mon mal grâce à l'art d'Apollon, pas d'ami pour me réconforter, pour me parler et faire passer le temps qui coule si lentement. Je languis, épuisé, aux confins des lieux habités et, près de la mort maintenant, je pense à ce qui me manque."
Ovide (Les Tristes - Livre III - III)

"Fais en sorte que mes cendres soient rapportées dans une petite urne : ainsi, une fois mort, je ne serai plus exilé. Mêle-les à des feuilles  et à de la poudre d'amome, ferme le tout, enterre-le aux portes de la ville et fais graver dans le marbre, en grandes lettres, ces vers d'une épitaphe qu'un voyageur puisse lire rapidement : "Moi qui gis là, chantre moqueur des amours tendres, moi, Nason le poète, c'est mon talent qui m'a perdu. Si tu as aimé, toi qui passes, dis sans difficulté : "Que les cendres de Nason reposent en paix"" Cette épitaphe me suffit ; car mes livres sont des monuments pour moi plus grands et beaucoup plus durables et j'ai la conviction, bien qu'ils m'aient nui, qu'ils donneront à leur auteur célébrité et longue vie."
Ovide (Les Tristes - Livre III - III)

"Toi aussi, méfie-toi des hauteurs extrêmes et modère, je t'en prie, tes ambitions car tu mérites de traverser la vie sans rencontrer d'obstacles et de jouir d'un destin plus éclatant."
Ovide (Les Tristes - Livre III - IVa)

"Vis pour toi et tiens-toi éloigné des grands de ce monde ! Vis pour toi, autant que possible, évite ce qui brille : la foudre impitoyable vient du feu qui brille."
Ovide (Les Tristes - Livre III - IVa)

"Je n'ai rien dit, ma langue ne s'est pas laissé emporter par les mots et l'excès de boisson ne m'a pas fait lâcher de paroles sacrilèges. Je suis puni parce que mes yeux ont vu sans le vouloir un fait répréhensible et mon seul tort est d'avoir eu des yeux."
Ovide (Les Tristes - Livre III - V)

"A l'origine de ma faute, il n'y a qu'une erreur. Il serait long et dangereux de dire en quelles circonstances mes yeux sont devenus complices d'un mal funeste et mon esprit tremble à l'idée de ce moment, comme à celle de sa blessure, et la douleur renaît à cette évocation et tout ce qui peut conduire à une telle honte, il convient de le voiler et le cacher dans l'ombre de la nuit. Je dirai donc seulement que j'ai commis une faute mais sans en rechercher aucun bénéfice, et que mon crime doit s'appeler sottise si l'on veut appeler les choses par leur nom."
Ovide (Les Tristes - Livre III - VI)

"Rien de ce que nous avons n'est immortel excepté les biens du cœur et du talent."
Ovide (Les Tristes - Livre III - VII)

"Je ne me fais ni au climat ni à l'eau ni à la terre ni à l'atmosphère, hélas ! une constante lassitude habite mon corps. Que mon malaise moral altère par contagion ma santé physique ou que la cause de mon mal se trouve dans la région, depuis que j'ai atteint le Pont je souffre d'insomnie, je n'ai plus que la peau sur les os et n'apprécie aucune nourriture. La couleur - en automne, quand les premiers frimas ont frappé - des feuilles que l'hiver naissant a meurtries est celle de mes membres, et je n'ai pas d'énergie pour réagir, et je ne trouve ici que des raisons de gémir de douleur. Je ne vais pas mieux dans ma tête que dans mon corps, tous deux sont également malades et j'endure une double dégradation. L'image de mon sort, perceptible, ne me quitte pas, se tient devant mes yeux comme un corps bien visible, et lorsque je regarde ce pays, les mœurs des habitants, leur tenue, leur langage, quand me vient à l'esprit ce que je suis, ce que j'étais, mon désir de mourir est si fort que je reproche à la colère de César de ne pas se venger des offenses par l'épée."
Ovide (Les Tristes - Livre III - VIII)

"Si quelqu'un se souvient encore ici de Nason le réprouvé et si mon nom, sans moi, survit à Rome, qu'il sache que je vis sous des étoiles qui jamais ne touchent la mer, que je vis en plein pays barbare. Je suis entouré de Sarmates, race farouche, de Besses et de Gètes, peuplades indignes, ô combien, de mon génie !"
Ovide (Les Tristes - Livre III - X)

"Quand la cause est facile n'importe qui peut être habile et il suffit de bien peu d'efforts pour piétiner ce qu'on a fait tomber ; abattre des citadelles et des remparts qui se dressent, c'est du courage : sur des ruines, ce sont les lâches qui s'acharnent."
Ovide (Les Tristes - Livre III - XI)

"Diffuses-tu mes poèmes à la seule exception de l'Art qui a fait bien du tort à son créateur ? Oui, fais-le, je t'en prie, toi qui apprécies les poètes modernes, et conserve mon oeuvre à Rome autant que tu le peux. C'est contre moi qu'a été prononcé l'exil, non contre mes livres qui n'ont pas mérité le châtiment de leur maître [...] Je te les confie car plus ils seront privés de leur père, plus la charge sera lourde pour toi, leur tuteur. Trois de mes enfants [Les trois livres de l'Art d'aimer] ont subi le même sort que moi ; prends publiquement en charge l'intérêt des autres. Il y a aussi les quinze volumes de métamorphoses, des poèmes arrachés aux funérailles de leur auteur. Cet ouvrage aurait pu, si je n'étais pas mort avant d'y avoir mis la dernière main, s'assurer plus de célébrité. C'est non corrigé qu'il est aujourd'hui proposé au public si toutefois on propose au public quelque chose de moi."
Ovide (Les Tristes - Livre III - XIV)

"Il n'y a personne sur cette terre dont les oreilles, si je disais mes vers, puissent me comprendre ; il n'y a pas d'endroit où me retirer : les murs protecteurs et les portes fermées repoussent les attaques des Gètes. Souvent je cherche un mot, un nom, un lieu et il n'y a personne capable de me renseigner ; souvent j'essaie de dire quelque chose - cet aveu me fait honte ! - et les mots me manquent, et j'ai désappris à parler. Je n'entends presque parler autour de moi que le thrace et le scythe, et je crois pouvoir écrire en langue gète."
Ovide (Les Tristes - Livre III - XIV)

"Je n'ai personne à qui lire mes vers, personne dont les oreilles puissent entendre les mots latins. C'est pour moi-même que je lis et écris - car que faire ? - et mes textes sont à l'abri de tout jugement ! Je me suis souvent dit : "Pour qui cette application, cette peine ? Est-ce que les Sarmates et les Gètes vont lire mes écrits ?" J'ai même souvent laissé couler mes larmes en écrivant et ma lettre en a été toute mouillée de pleurs ; je ressens au cœur mon ancienne blessure comme fraîche et une pluie de tristesse s'infiltre en moi."
Ovide (Les Tristes - Livre IV - I)

"Moi aussi, j'ai enduré jadis plus patiemment les maux que j'endure, car d'innombrables journées les ont décuplés. Croyez-moi, je suis à bout et, pour autant que j'en puisse juger par ma santé physique, mes maux s'achèveront dans peu de temps. Car je n'ai plus ni les forces ni les couleurs que j'avais ; je n'ai plus qu'une mince peau pour recouvrir mes os. Mais mon esprit est encore plus malade que ne l'est mon corps, étant sans fin dans le ressassement de son malheur. Rome est loin de moi ; ceux que j'aime, mes amis, sont loin et ma femme, que m'est plus chère que toute autre, est loin ; tout près, c'est le peuple des Scythes et la horde des Gètes vêtus de braies. Ainsi, je suis tourmenté par ce que je vois et ce que je ne vois pas. Un seul espoir, pourtant, peut me consoler dans tout cela : c'est que la mort vienne abréger mes maux."
Ovide (Les Tristes - Livre IV - VI)

"Après avoir vécu dix lustres sans le moindre faux pas, je suis acculé au pire moment de ma vie et, non loin de la borne que je croyais presque atteindre, mon char s'est lourdement écroulé. Fou que je suis, j'ai poussé à sévir contre moi l'être le plus doux que l'immense univers possède et mes fautes ont eu raison de sa clémence. Mon erreur ne m' a cependant pas fait perdre la vie, une vie que je dois passer loin de ma patrie, sous le pôle boréal, sur un territoire qui s'étend à gauche du Pont-Euxin."
Ovide (Les Tristes - Livre IV - VIII)

"L'homme que j'ai été, ce baladin de l'érotisme que tu lis, postérité, apprends à le connaître. Ma patrie est Sulmone aux multiples sources fraîches, qui est située à quatre-vingt-dix milles de Rome. C'est là que je suis né et, si tu veux savoir l'année, c'est celle qui a vu la mort des deux consuls. Si cela a du sens, l'ordre que j'ai hérité de mes aïeux est ancien, ce n'est pas une faveur récente de la Fortune qui n'a fait chevalier. Je n'étais pas l'aîné, je suis arrivé après un frère qui avait vu le jour douze mois avant moi. La même étoile du matin a présidé à nos deux naissances, on a célébré cet anniversaire unique avec deux gâteaux : c'est le premier jour, parmi les cinq festivités de Minerve la guerrière, qui voit se dérouler des combats sanglants. Nous voilà éduqués très tôt et notre père prend soin de nous envoyer à Rome, auprès d'enseignants remarquables. Mon frère était depuis son plus jeune âge attiré par l'éloquence, né pour les grandes joutes oratoires du forum. Quant à moi, j'ai aimé le culte divin dès l'enfance et la Muse m'attirait en secret vers ses travaux. Mon père m'a souvent dit : "Que t'adonnes-tu à cette pratique inutile ? Homère lui-même ne s'y est pas enrichi." J'étais troublé par ces paroles et, délaissant tout l'Hélicon, je tentais d'écrire des mots sans me préoccuper du rythme ; ma poésie trouvait spontanément sa musicalité propre et ce que je m'essayais à dire était en vers. Cependant, au fil des années qui passaient en silence, mon frère et moi avons pris la toge virile : on met sur nos épaules le laticlave pourpre et notre ardeur à l'étude demeure ce qu'elle était auparavant. Mon frère était âgé de vingt ans quand il est mort et c'est une partie de moi-même qui a commencé à me manquer. J'ai accepté les premières charges que l'on confie aux jeunes gens et j'ai, un certain temps, été l'un des tresviri. Restait la curie ; je m'en suis tenu à la bande étroite : une telle charge était trop lourde pour mes forces ; ni ma santé physique ni mon esprit n'étaient aptes à ce travail et je fuyais l'ambition et ses inquiétudes. Les sœurs d'Aonie me persuadaient de rechercher des loisirs inoffensifs que, de moi-même, j'avais toujours aimés. J'ai cultivé assidûment les poètes de cette époque et dans tous ces chantres que je voyais je croyais voir des dieux. Macer, plus âgé que moi, m'a souvent lu ses Oiseaux, avec les serpents nuisibles et les herbes utiles ; Properce me disait régulièrement ses poèmes d'amour car une réelle complicité nous liait l'un à l'autre , Ponticus qui excellait dans l'épopée, Bassus dans la satire, ont fait partie de mon cercle de proches relations et l'inventif Horace a captivé mes oreilles en scandant des vers raffinés sur sa lyre éolienne. J'ai seulement croisé Virgile et, pour Tibulle, l'avare destin ne nous a pas donné le temps de devenir amis. Il était né après toi, Gallus, et Properce après lui ; quant à moi, j'étais le quatrième de cette lignée. Comme je l'avais fait pour mes aînés, mes cadets m'ont beaucoup lu et ma poésie n'a pas tardé à se faire connaître. Lorsque j'ai commencé à lire en public mes tout premiers poèmes, je n'avais encore rasé ma barbe qu'une ou deux fois. Celle qui m'avait inspiré et que je chantais dans toute la ville, je l'ai désignée du pseudonyme de Corinne. J'ai beaucoup écrit, certes, mais ce que j'ai jugé mauvais, je l'ai moi-même jeté au feu pour y remédier. Lorsque je suis parti en exil, furieux contre mon feu sacré et mes poèmes, j'en ai brûlé qui auraient pu plaire. J'avais le cœur tendre, peu résistant aux traits de Cupidon, et il suffisait de peu pour l'émouvoir. Or, bien que je sois de nature à m’enflammer au moindre feu, on n'a jamais rien raconté sur mon compte. J'ai été marié presque gamin à une femme qui ne me convenait sur aucun plan, et cette union fut brève. Une autre épouse lui a succédé qui, bien qu'irréprochable, n'allait pas partager durablement mon lit. La dernière, qui est restée avec moi ces dernières années, a supporté d'être la femme d'un homme en exil. Ma fille m'a rendu grand-père toute jeune, ayant eu deux enfants mais pas avec le même époux. Mon père a terminé ses jours après avoir ajouté neuf lustres à neuf autres lustres ; je l'ai pleuré exactement comme lui-même aurait pleuré ma mort. Bientôt après, j'ai enterré ma mère. Heureux sont-ils tous deux d'avoir été ensevelis à temps puisqu'ils ont disparu avant la date de ma peine ! Heureux suis-je aussi qu'ils n'aient pas vécu mon malheur actuel et  qu'ils n'aient pas souffert à cause de moi ! [...] Mes plus belles années ayant fui, il me venait déjà des cheveux blancs qui se mêlaient à mon ancienne chevelure. Depuis ma naissance, les cavaliers vainqueurs avaient dix fois remporté le prix et été couronnés de branches d'olivier de Pise quand le prince offensé m'ordonna, dans sa colère, de me rendre à Tomes, située sur la rive gauche du Pont-Euxin. La raison de ma disgrâce est également trop connue de tous pour qu'il faille la confirmer par des précisions. Rappellerai-je la trahison de mes amis et les méfaits de mes esclaves ? J'en ai beaucoup souffert, tout autant que de l'exil. Je me suis indigné, à la réflexion, de me laisser abattre par ces maux et, rassemblant mes forces, j'ai réussi à en triompher ; sans penser à moi et à ma vie passée dans la tranquillité, j'ai pris les armes que les circonstances imprévues m'imposaient et j'ai subi sur terre comme sur mer autant de catastrophes qu'il y a d'étoiles entre le pôle caché et le visible. J'ai fini par atteindre, après une longue errance, le pays des Sarmates voisins des Gètes porteurs d'arcs[...]Merci à toi, Muse ! car c'est toi qui m'apportes la consolation, toi qui apaises mes soucis, toi qui guéris mon cœur ; c'est toi qui me guides et m'accompagnes, toi qui m'éloignes de l'Hister pour me donner ma place au milieu de l'Hélicon. C'est toi qui m'as donné de mon vivant - et c'est rare -  un grand nom, ce que l'opinion publique donne généralement après la mort. Et la jalousie, qui déprécie ce qui est neuf, n'a eu la dent dure et injuste pour aucun de mes ouvrages. En effet, bien que notre siècle ait connu de grands poètes, l'opinion ne s'est pas montrée méchante envers mon talent et si j'en place moi-même beaucoup au-dessus de moi, on ne me juge pas inférieur à eux et je suis très lu dans le monde entier. S'il y a du vrai dans les pressentiments des poètes, même si je meurs à l'instant, terre, je ne t'appartiendrai pas. Et que je doive ma réputation à ma poésie ou à ton adhésion, aimable lecteur, c'est à juste titre que je t'en remercie."
Ovide (Les Tristes - Livre IV - X)

"Novice et joyeux, j'ai joué sur des vers joyeux et juvéniles ; mais aujourd'hui je regrette de les avoir composés. Depuis ma chute, je ne cesse de rendre public mon malheur imprévu et je suis moi-même la matière de mon livre ; comme le cygne gisant sur la rive pleure, dit-on, sa mort d'une voix qui défaille, moi, éloigné, banni sur les côtes sarmates, je fais tout pour que ma disparition ne passe pas inaperçue."
Ovide (Les Tristes - Livre V - I)

"Tu [Auguste] as modéré ta colère en m'accordant la vie et en ne m'enlevant ni les droits ni le titre de citoyen, en n'abandonnant pas ma fortune à d'autres, ainsi qu'en ne me qualifiant pas d'exilé dans ton ordonnance. J'ai craint tout cela, car je croyais l'avoir mérité, mais ta colère est plus douce que n'a été ma faute."
Ovide (Les Tristes - Livre V - IIb)

"T'intéresse-t-il de savoir ce qu'est le peuple de la région de Tomes et au milieu de quelles mœurs je vis ? Bien que cette côte comporte un mélange de Grecs et de Gètes, elle se compose surtout de Gètes plutôt insoumis ; une assez grande affluence de Sarmates et de Gètes circule à cheval sur les routes. Parmi eux, il n'y a personne qui ne porte un carquois, un arc et des flèches jaunies au venin de vipère. Voix rude, visage farouche, image saisissante de Mars ; une chevelure, une barbe jamais taillées ; une main prompte à faire des blessures en jouant du couteau, que chaque barbare porte attaché à son flanc. C'est au milieu d'eux que vit, hélas ! ton poète : négligeant aujourd'hui les jeux de l'amour, c'est eux qu'il voit, ami, eux qu'il écoute !"
Ovide (Les Tristes - Livre V - VII)

"Ces barbares cohabitent avec nous sans distinction et occupent même la plus grande partie des habitations. Sans aller jusqu'à en avoir peur, on peut les exécrer à voir leurs corps couverts de peaux et leurs longs cheveux. Un pantalon perse, au lieu du costume du pays, habille même ceux qui passent pour être originaires d'une ville grecque ; ils ont une langue commune pour communiquer entre eux alors que je suis obligé de m'exprimer par gestes. Le barbare, ici, c'est moi qui ne suis compris de personne et ces Gètes stupides se moquent des mots latins, disent souvent, ouvertement et sans risque, du mal de moi."
Ovide (Les Tristes - Livre V - X)

"Un pays entouré d'innombrables ennemis me retient. Ajoute qu'un talent longtemps attaqué par la rouille s'engourdit et se dégrade beaucoup par rapport au passé. Un champ fertile qui n'est pas assidûment rafraîchi par la charrue ne donnera que du chiendent et des ronces ; un cheval qui reste longtemps au repos court mal et arrivera le dernier de ceux qui sont au départ des stalles ; si une barque reste longtemps hors des eaux habituelles, elle pourrit doucement, se fend et se fissure ; et moi aussi, qui fus un petit nom autrefois, n'espère pas que je redevienne semblable à celui que j'étais : les maux que j'ai longtemps subis ont brisé mon talent et il ne me reste rien de mon ancienne énergie."
Ovide (Les Tristes - Livre V - XII)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - LES PONTIQUES
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Lorsque j'ai voulu me tuer pour mettre fin à mes souffrances, elle m'en a aussi dissuadé et, posant la main sur moi, m'a retenu :"Que fais-tu ? m'a-t-elle dit, il te faut non du sang mais des larmes; ce sont elles qui apaisent souvent la colère du prince." Aussi, bien que je ne puisse y prétendre par mes mérites, j'espère beaucoup de sa divine bonté. Prie-le pour moi, Graecinus, de ne pas être intraitable, et ajoute tes paroles à mes prières."
Ovide (Les Pontiques - Livre I - VI)

"Personne n'est estimé sinon celui à qui la Fortune sourit ; il suffit qu'elle donne de la voix pour tout faire fuir amour d'elle. Et moi - protégé autrefois par de nombreux amis tant qu'une brise favorable soufflait dans mes voiles -, depuis qu'un vent orageux a enflé la mer en furie, je suis abandonné au milieu de l'eau sur un bateau en pièces, et quand d'autres ne voulaient même pas avoir l'air de me connaître, vous avez été à peine deux ou trois à porter secours à l'homme abattu."
Ovide (Les Pontiques - Livre II - III)

"Ce n'est pas pour un crime de sang que je suis venu sur les côtes du Pont, ni pour avoir concocté de ma main un poison mortel, et je n'ai pas été convaincu de faux en écriture pour avoir apposé sur le nœud d'une tablette un faux cachet. Et je n'ai rien fait qui soit interdit par la loi ; pourtant, il faut que j'avoue un délit plus grave que ceux-ci. Ne me demande pas ce que c'est : j'ai écrit un traité stupide. Voilà ce qui empêche mes mains d'être innocentes ! Ne cherche pas à savoir si j'ai fait autre chose de mal afin que ma faute reste cachée sous mon seul Art. Quoi qu'il en soit, elle a déclenché chez mon censeur une colère modérée dans la mesure où il ne m'a rien ôté que mon sol natal."
Ovide (Les Pontiques - Livre II - X)

"Vous aussi, plus tard vos descendants feront souvent votre éloge et mes écrits rendront votre gloire éclatante. Même ici, les Sarmates et les Gètes vous connaissent déjà et ce peuple barbare apprécie de si grands cœurs. Comme je leur parlais récemment de votre probité - car j'ai appris à parler le gète et le sarmate -, un vieillard qui se trouvait par hasard dans notre réunion a répondu à mes propos de la façon suivante: "Nous aussi, nous connaissons le nom de l'amitié, cher étranger, qui sommes séparés de vous par le Pont et l'Hister.""
Ovide (Les Pontiques - Livre III - II)

"On apprécie les textes généralement après la mort, car l'envie fait du tort aux vivants et les déchire injustement."
Ovide (Les Pontiques - Livre III - IV)

"Pardonnez-moi, mes amis, d'avoir tant espéré de vous : je ne commettrai plus ce genre de faute. On ne me dira plus dur envers mon épouse qui est apparemment aussi timorée qu'honnête à mon égard, et peu active. Cela aussi, Nason, tu le supporteras, car tu as supporté pire : aucun fardeau ne peut désormais t'affecter."
Ovide (Les Pontiques - Livre III - VII)

"Tout ce qui est humain est suspendu à un fil ténu et un malheur soudain fait s'écrouler ce qui était fort."
Ovide (Les Pontiques - Livre IV - III)

"S'il est en effet sans danger, je crois, de dire la vérité, le mensonge comporte sans doute moins de risques."
Ovide (Les Pontiques - Livre IV - VI)

"Rien ne convient mieux aux princes que l'hommage rendu par les poètes dans leurs vers. Les vers font totalement l'apologie de vos mérites et veillent à ce que la renommée de vos actes ne tombe pas. Grâce au poème, la valeur reste vive, ignore le tombeau et sera connue de toute la postérité. La vieillesse destructrice vient à bout du fer et de la pierre et rien n'a plus de vigueur que le temps. Les écrits traversent le temps : c'est par les écrits que tu connais Agamemnon et tous ceux qui ont pris les armes avec ou contre lui."
Ovide (Les Pontiques - Livre IV - VIII)

"Les Tomitains sont furieux contre moi à cause de ces paroles et une colère générale s'est déchaînée contre mes vers. Je ne cesserai donc jamais de me porter tort dans mes vers et je souffrirai toujours de mon tempérament imprudent ! J'hésite donc à me couper les doigts pour ne plus écrire et je suis encore assez fou pour reprendre les traits qui m'ont nui ! Je me tourne à nouveau vers les anciens écueils et les eaux où mon bateau naufragé a succombé ! Mais je n'ai rien lancé contre vous, n'ai commis nulle faute, Tomitains que j'aime, bien que j'abhorre votre pays. Qu'examine qui veut les traces concrètes de mon travail : je ne me suis pas plaint de vous dans mes lettres. Le froid, les incursions qu'il faut craindre de toutes parts et les murs attaqués par l'ennemi, c'est ce dont je me plains. C'est au pays, non aux personnes, que j'ai fais des reproches très justes."
Ovide (Les Pontiques - Livre IV - XV)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
TITE LIVE - HISTOIRE ROMAINE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Plus la gloire est grande, plus l'envie est proche."
Tite-Live (Histoire romaine - Livre XXXV)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
OVIDE - LES AMOURS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Nous qui avions été jadis de Nason les cinq livres, nous voici trois : formule préférée par l'auteur. Supposons que ut n'éprouves aucun plaisir à ta lecture ; ta peine sera allégée grâce à ces deux retraits."
Ovide (Les Amours - Livre I - Epigramme)

"Léger devient le poids, si on le porte bien."
Ovide (Les Amours - Livre I - II)

"Le temps glisse en secret et nous échappe, éphémère, et glisse l'année, rapide sur ses chevaux lancés."
Ovide (Les Amours - Livre I - VIII)

"Mars est indécis et Vénus incertaine : les vaincus se relèvent, et tombent ceux que l'on n'aurait jamais crus pouvoir être abattus."
Ovide (Les Amours - Livre I - IX)

"Quant à moi, j'étais paresseux, né pour l'oisiveté et la mollesse, le lit et la pénombre avaient brisé mon énergie ; ma passion pour une jeune beauté a secoué mon indolence et m'a obligé à militer dans son camp. Depuis, tu me vois m'activer et mener des guerres nocturnes : si vous ne voulez pas devenir paresseux, soyez amoureux."
Ovide (Les Amours - Livre I - IX)

"Toutes les femmes encensées dans la Ville entière, mon amour ambitionne de les avoir."
Ovide (Les Amours - Livre II - IV)

"Heureux celui qui ose défendre avec vigueur ce qu'il aime."
Ovide (Les Amours - Livre II - V)

"Corinne a éliminé le fardeau dont son ventre était lourd, l'imprudente, et la voici couchée, épuisée, en danger de mort. Certes, pour avoir pris à mon insu un risque aussi grand, elle mérite ma colère, mais la colère tombe sous l'effet de la peur. C'est pourtant de moi - je le crois, du moins - qu'elle était enceinte : ce qui est possible, j'ai tendance  à le croire vrai."
Ovide (Les Amours - Livre II - XIII)

"Les paroles des femmes, plus légères que feuilles qui tombent, sont vaines : le vent et l'onde les emportent à leur gré."
Ovide (Les Amours - Livre II - XVI)

"Ce qui est permis laisse froid ; ce qui ne l'est pas plus violemment excite : si l'on aime ce qu'un autre autorise, on ne ressent plus rien. Nous, les amants, devons être partagés entre l'espoir et la crainte, et un échec de temps en temps fera le lit du désir."
Ovide (Les Amours - Livre II - XIX)

"Tu (c'est la muse Tragédie qui lui parle) alimentes, et tu l'ignores, les ragots de toute la ville lorsque, sans la moindre pudeur, tu narres tes exploits. Il serait temps que tu sois ému, emporté par une inspiration plus noble ; tu as assez lambiné : commence un ouvrage plus grand. Cette matière rabaisse ton génie ; chante les exploits des grands hommes et tu pourras dire : "Ce champ-là est digne de mon esprit"."
Ovide (Les Amours - Livre III - I)

"Nous recherchons l'interdit et désirons toujours ce que l'on nous refuse, comme un malade ne pense qu'à l'eau qui lui est défendue."
Ovide (Les Amours - Livre III - IV)

"Pourquoi l'avoir prise belle, si tu ne la voulais que vertueuse ? Les deux ne peuvent coexister en aucune façon."
Ovide (Les Amours - Livre III - IV)

"Pleurante Elégie, dénoue tes cheveux en signe de révolte : Hélas ! aujourd'hui tu vas porter trop bien ton nom ! Le serviteur de ton art, ta gloire, l'illustre Tibulle : son cadavre brûle sur le bûcher dressé. Voici que le fils de Vénus porte un carquois en miettes, un arc brisé et un flambeau éteint [...]. Quand un destin mauvais emporte les meilleurs, j'en arrive à croire qu'il n'y a pas de dieux. Vis pieux, tu mourras pieux ; observe les rites, la mort terrible te traînera des temples où tu sacrifies jusqu'au fond du tombeau. Aie confiance dans tes bons poèmes : ci-gît Tibulle ; de tout son être il reste à peine ce qu'une petite urne contient. C'est bien toi, poète sacré, que les flammes du bûcher emportèrent, sans craindre de se repaître de ton cœur ? Elles auraient pu brûler les temples dorés des dieux vénérables puisqu'elles ont assumé un acte aussi impie [...]  S'il reste toutefois une chose de nous qu'une ombre et un nom, c'est dans le vallon élyséen que Tibulle sera. Et tu viendras avec lui, ton jeune front couronné de lierre, Savant Catulle, avec ton cher ami Calvus ; ainsi que toi, Gallus, si l'accusation d'avoir trahi ton ami est fausse, toi qui a su donner ton sang et ta vie. Ton ombre les accompagne, élégant Tibulle, tu as augmenté la foule des bienheureux. Que tes restes reposent en paix et en sécurité dans l'urne, je le souhaite, et que le sol sur tes cendres ne pèse pas. "
Ovide (Les Amours - Livre III - IX)

"Comme mon épouse était originaire de Faléries où les fruits abondent, nous sommes allés voir, Camille, les remparts vaincus grâce à toi."
Ovide (Les Amours - Livre III - XIII)

"Non, je ne te demande pas de ne pas me tromper - tu es si belle -, mais de ne pas me faire forcément connaître mon malheur, et je n'ai pas la sévérité d'exiger que tu deviennes vertueuse mais te demande seulement d'essayer de faire semblant. Celle qui peut nier l'infidélité n'est pas infidèle et seul l'aveu de la faute la fait montrer du doigt. Quelle folie de montrer au grand jour ce que la nuit cache et de porter sur la place publique ce que l'on fait en secret ! [...] Trompe les autres, trompe-moi ; laisse-moi errer dans l'ignorance, je veux pouvoir jouir de ma stupide crédulité."
Ovide (Les Amours - Livre III - XIV)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
ELIEN - HISTOIRE VARIÉE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"La rumeur partout divulguée dit que c'est par excès de luxe que les Sybarites se sont perdus et ont perdu leur ville. Mais ce qui n'est pas connu de la majorité, moi je vais l'exposer : on dit également des gens de Colophon qu'ils se sont perdus par leur mollesse absolue. Et en effet ceux-ci vivaient dans des vêtements coûteux et exagéraient dans les plaisirs de la table, en s'adonnant à une débauche qui allait bien au-delà des besoins essentiels."
Elien (Histoire variée - Livre I)

"Et voici des paroles de Socrate à Alcibiade. Ce garçon avait grand'peur de se présenter devant le peuple. Socrate l'encouragea en lui demandant : "Ne méprises-tu pas ce cordonnier-là ?", et il le nomma. Alcibiade répondit que oui, et Socrate de reprendre : "Et ce héraut qui crie parmi les groupes qui discutent sur l'agora, et ce fabricant de tentes?" Comme le fils de Cleinias répondait toujours par l'affirmative, Socrate dit : "Eh bien donc, le peuple des Athéniens est composé de gens pareils. Si tu les méprises individuellement, tu dois aussi les mépriser en bloc." C'est avec fierté que le fils de Sophronisque et de Phénarété donnait ces leçons au fils de Cleinias et de Dinomaché."
Elien (Histoire variée - Livre II)

"Le roi Antigonos voyant son fils traiter les sujets avec violence et intempérance, cet Antigonos dit : "Ne sais-tu pas, cher enfant, que nos royauté est une glorieuse servitude ?". Les paroles d'Antigonos à l'égard de son fils sont très civilisées et humaines. Si quelqu'un n'est pas de cet avis, je crois bien qu'il ne sait pas ce qu'est un homme royal ni simplement politique, mais qu'il a vécu à l'époque d'un homme tyrannique."
Elien (Histoire variée - Livre II)

"Anaxagore de Clazomènes était en train de discuter avec ses amis lorsque quelqu'un l'aborda pour lui dire que les deux seuls enfants qu'il avait étaient morts. Il dit alors, sans se troubler : "Je savais que j'avais mis au monde des mortels.""
Elien (Histoire variée - Livre III)

"Xénophon sacrifiait, lorsqu'un messager vint de Mantinée lui annoncer que son fils Gryllos était mort. Xénophon enleva sa couronne, mais poursuivit la sacrifice. Après que le messager eut ajouté que c'était en vainqueur qu'il était mort, Xénophon remit la couronne sur sa tête. Cette histoire est bien connue et divulguée dans le public."
Elien (Histoire variée - Livre III)

"Qui était meilleur commandant, Démétrios Poliorcète ou Timothée d'Athènes ? Je vais décrire la manière d'agit de chacun d'entre eux. C'est à vous de donner votre préférence à l'un des deux. Démétrios prenait les villes par violence et volonté de pouvoir, en commettant les pires vexations et injustices, il se servait de machines, ébranlait et sapait les murailles. Timothée, quant à lui, le faisait par la persuasion, en faisant comprendre qu'il était plus avantageux d'obéir aux Athéniens."
Elien (Histoire variée - Livre III)

"Lorsqu'Ilion fut prise, les Achéens eurent pitié du sort des captifs et, de manière très grecque, ils firent proclamer ceci : chacun des hommes libres aurait le droit de prendre avec lui un de ses biens qu'il choisirait, à condition de pouvoir le porter. Enée laissa le reste et chargea sur son dos les dieux ancestraux [les Pénates]. Les Grecs, heureux de la piété de cet homme, lui accordèrent d'emporter un second bien. Il chargea alors son très vieux père sur ses épaules, et l'emporta. Très frappés à nouveau par ce fait, les grecs lui laissèrent tous ses biens, prouvant ainsi que même les ennemis les plus acharnés s'adoucissent à l'égard des hommes pieux qui se comportent avec révérence envers les dieux et leurs parents."
Elien (Histoire variée - Livre III)

"Le peintre Nicias peignait avec tant d'ardeur qu'il en oubliait souvent de manger, absorbé qu'il était par son art."
Elien (Histoire variée - Livre III)

"Chez les Laconiens comme chez les Romains, une loi interdisait d'acheter le genre de nourriture qu'on voulait et dans la quantité désirée : ils exigeaient que les citoyens fussent modérés en tout et en premier lieu à table."
Elien (Histoire variée - Livre III)

"Épicure de Gargettos proclamait à haute voix : "Celui qui ne se contente pas de peu ne se contente de rien." Le même disait qu'il était prêt, s'il avait une miche de pain et de l'eau, à rivaliser de bonheur avec Zeus en personne. Avec cette pensée, pourquoi donc Épicure faisait-il l'éloge du plaisir, nous l'apprendrons une autre fois."
Elien (Histoire variée - Livre IV)


"Les plaisanteries et les moqueries n'ont, à ce qu'il me semble aucun pouvoir. Si elle s'attaquent à un esprit ferme, elles sont réduites à néant ; ce n'est que lorsqu'elles s'attaquent à un esprit médiocre et bas qu'elles ont le dessus, et souvent elles ne se contentent pas d'offenser, mais tuent. En voici une preuve : persiflés par la comédie, Socrate riait, et Poliagros se pendit."
Elien (Histoire variée - Livre V)


"Périclès, lorsqu'il était stratège, proposa aux Athéniens d'introduire une loi excluant de la citoyenneté qui n'était pas né de deux parents originaires de la ville. Il dut ensuite payer de sa personne d'avoir fait adopter cette loi : ses deux enfants, Paralos et Xanthippos, moururent lors de l'épidémie de peste, et il ne resta à Périclès que ses bâtards, qui n'étaient pas citoyens à cause de la loi introduite par leur père."
Elien (Histoire variée - Livre VI)


"A l'époque où les gens de Mitylène avaient la suprématie sur la mer, ils mirent au point cette punition pour les alliés qui faisaient défection : ils interdirent aux enfants de ceux-ci d'apprendre à lire et à écrire et de recevoir une éducation musicale. Ils considéraient en effet que c'était la plus lourde des punitions que de vivre dans l'ignorance et à l'écart des Muses."
Elien (Histoire variée - Livre VII)


"Un homme de Chios arriva à Sparte alors  qu'il était déjà âgé. Il était vaniteux à bien des égards, et en particulier avait honte de sa vieillesse, raison pour laquelle il avait essayé de dissimuler ses cheveux blancs au moyen d'une teinture. Il prit la parole devant les Lacédémoniens et, avec une telle tête, dit ce pour quoi il était venu. Archidamos, le roi des Lacédémoniens, se leva alors et déclara : "Comment pourrait-il dire quelque chose qui vaille, cet homme qui porte le mensonge non seulement dans son âme mais même sur sa tête ?" Et il repoussa ses propositions en dénonçant le caractère de l'homme de Chios d'après son apparence."
Elien (Histoire variée - Livre VII)


"Après avoir vaincu les Athéniens à Chéronée, Philippe, bien que le succès l'exaltait, modéra néanmoins son ardeur et ne devint pas arrogant. Dans ce but, il jugea nécessaire de se faire rappeler dès l'aube par un esclave qu'il était un homme, et commanda donc à son esclave de remplir cette tâche. On dit qu'il ne sortait pas ni qu'aucun de deux qui s'adressaient à lui n'était reçu chez Philippe avant que l'esclave ne lui eût crié trois fois cet avertissement quotidien. Il lui disait : "Philippe, tu es un homme !""
Elien (Histoire variée - Livre VIII)


"Diogène déjeunait un jour dans une taverne. Démosthène passa par là et Diogène l'invita. Comme l'orateur déclinait l'invitation, il lui dit : "Démosthène, as-tu honte d'entre dans une taverne ? Pourtant ton maître y entre chaque jour !" Il désignait ainsi les gens du peuple et les citoyens privés, et voulait montrer par là que les hommes publics et les orateurs sont esclaves de la foule."
Elien (Histoire variée - Livre IX)


"Aristippe faisait un trajet en bateau, lorsqu'une tempête survint. Il en fut très effrayé. Un passager lui dit alors : "Mon cher Aristippe, as-tu peur, toi aussi, comme tout le monde ?" Et lui de répondre : "Evidemment. En effet, dans votre cas, le désir de survivre et le danger actuel ont pour enjeu une vie misérable, tandis que dans mon cas, c'est une vie heureuse qui est en cause.""
Elien (Histoire variée - Livre IX)

"Diogène avait mal à une épaule, qu'il eût été blessé, comme je le pense, ou pour quelque autre motif. Comme il semblait souffrir beaucoup, un de ses ennemis se moqua de lui en disant : "Pourquoi ne meurs-tu pas, Diogène, et ne te libères-tu pas de tes peines ?" Il répondit : "Ceux qui savent ce qu'il faut faire et dire dans la vie, c'est bien qu'il vivent." Il convenait qu'il était de ce nombre. "Pour toi, en revanche, dit-il, qui ignores ce qu'il faut faire et dire, c'est une belle chose que de mourir. Mais moi, qui ai part à cette connaissance, je dois vivre.""
Elien (Histoire variée - Livre X)

"Platon disait que les espoirs sont les rêves des hommes éveillés."
Elien (Histoire variée - Livre XIII)

"Xénophon raconte que Socrate eut un entretien avec la courtisane Théodoté, qui était une très belle femme. Il conversa également avec Callistô, qui disait : "Moi, cher fils de Sophronisque, je suis plus forte que toi : tu n'es capable de m'arracher aucun des miens, alors que moi, si je le veux, je t'enlève tous les tiens." Et lui : "C'est tout à fait normal : toi, tu les amènes tous sur la route qui descend, moi, je les force à atteindre la vertu, et la montée est raide et inhabituelle pour la plupart.""
Elien (Histoire variée - Livre XIII)

"On jugea qu'Aristippe tenait des propos très valables lorsqu'il prescrivait aux hommes de ne point s'inquiéter après coup du passé ni de s'inquiéter à l'avance de l'avenir. Une telle attitude est en effet un signe de confiance sur le jour présent et même sur la partie du jour où l'on est précisément en train d'agir et de penser. Il disait que seul le présent nous appartient, et non ce qui vient  de se passer, ni ce à quoi l'on s'attend : l'un est irrémédiablement perdu, et de l'autre nous ignorons s'il aura lieu."
Elien (Histoire variée - Livre XIV)

"Polyclète fit deux sculptures de même sujet, l'un complaisante à l'égard des foules et l'autre selon les règles de son art. Il s'efforça de plaire au grand nombre de la manière que voici : au gré de chacun qui entrait, il changeait et modifiait quelque détail de la sculpture, obéissant aux suggestions de tous. Il produisit enfin les deux œuvres. L'une fut louée par tous, et l'on se moqua de l'autre. Polyclète prit alors la parole et dit : "Celle que vous critiquez, c'est vous qui l'avez faite, tandis que cella que vous admirez est de moi.""
Elien (Histoire variée - Livre XIV)


"Quant à moi, je loue au plus haut point ceux qui éliminent les maux à leur début et les font cesser avant qu'ils n'acquièrent de la force. Ainsi Agésilas conseilla de tuer sans jugement ceux qui ne réunissaient la nuit à l'époque de l'attaque thébaine."
Elien (Histoire variée - Livre XIV)



-------------------------------------------------------------------------------------------------------
PLUTARQUE - SUR LE BAVARDAGE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Il est délicat et difficile pour la philosophie d'entreprendre de soigner le bavardage. Car son remède, la parole, est fait pour ceux qui écoutent, et les bavards n'écoutent personne, comme ils sont toujours en train de parler. Voilà le premier mal contenu dans l'incapacité à se taire : l'incapacité à écouter."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Dans les autres maladies de l'âme, comme l'appât du gain, le désir de gloire, la lubricité, on peut tout à fait trouver ce à quoi l'on aspire, mais c'est aux bavards qu'il arrive la chose la plus fâcheuse : recherchant des auditeurs, ils n'en trouvent aucun, car tout le monde prend la fuite comme en déroute : que les gens soient assis à l’amphithéâtre ou en train d'aller et venir sous la galerie, quand ils en voient arriver un, ils se donnent vite le signal pour lever le champ."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Celui-ci [Aristote] était importuné par un bavard qui l’assommait de récits ineptes en disant régulièrement : "Étonnant, Aristote, hein ?" "L'étonnement, répondit-il, ce n'est pas ce que tu me racontes, c'est que l'on ait des pieds et que l'on te supporte.""
Plutarque (Sur le bavardage)

"L'on dit que le sperme de ceux qui sont très portés à l'union charnelle est stérile : de même, la parole des bavards est sans effet et sans fruit."
Plutarque (Sur le bavardage)

"La griserie est une détente et l'ivresse une logorrhée. Car ce qui est dans le cœur de l'homme sobre est sur la langue de l'homme ivre."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Tant le silence est quelque chose de profond, de religieux, de sobre, et l'ivresse de babillard : étant sans intelligence et dotée de peu d'esprit, elle fait, par là même, beaucoup de bruit."
Plutarque (Sur le bavardage)

"De même que le vin, qui fut inventé en vue du plaisir et de la convivialité, est changé, par ceux qui sont forcés d'en boire beaucoup et sans mélange, en un poison imbuvable, de même le langage, le plus plaisant et le plus humain des symboles, devient, par ceux qui en usent mal et négligemment, inhumain et insociable : croyant être charmants, ils sont ennuyeux ; admirables, ils sont ridicules ; aimables, ils sont déplaisants."
Plutarque (Sur le bavardage)

"C'est pourquoi, à mes yeux, si ce sont les hommes qui nous apprennent à parler, ce sont les dieux qui nous apprennent à nous taire, en nous enseignant le silence dans les cérémonies et les mystères."
Plutarque (Sur le bavardage)

"L'on n'a jamais tiré autant de profit d'une seule parole proférée que du silence gardé sur un grand nombre d'autres."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Ceux qui reçoivent une éducation vraiment noble et royale apprennent d'abord à se taire et ensuite à parler."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Si tu laisses échapper de toi-même le secret pour le placer chez un autre, tu te réfugies dans une confiance étrangère en ayant renoncé à la tienne : au cas où cet autre se montre semblable à toi, c'est à juste titre que tu es perdu, et au cas où il se montre meilleur, tu es sauvé par l'absurde, en ayant trouvé quelqu'un d'autre qui fût plus fiable que toi."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Il y a trois genre de réponses aux questions : le nécessaire, l'aimable, et le superflu. Par exemple, quand quelqu'un demande si Socrate est chez lui, l'un répondra, contre son gré et sans enthousiasme : "Non, il n'est pas chez lui", et s'il veut être laconique, il supprimera même le "chez lui" et ne proférera que la négation seule [...] Un autre répondra plus aimablement : "Il n'est pas chez lui, mais au marché", et s'il veut forcer la mesure : "à y attendre des hôtes". Quant au bavard excessif, surtout su'il a lu Antimaque de Colophon, il dira : "Il n'est pas chez lui, mais au marché, à y attendre des hôtes d'Ionie dont Alcibiade lui a parlé dans une lettre écrite de Milet où il passe son temps auprès de Tissapherne, le satrape du Grand Roi qui soutenait auparavant les Lacédémoniens mais qui maintenant est aux côtés des Athéniens à cause d'Alcibiade, car Alcibiade voulant revenir dans sa patrie a fait changer d'avis Tissapherne".
Plutarque (Sur le bavardage)

"De même que Socrate prescrivait de se garder de ces aliments qui incitent à manger sans avoir faim et de ces breuvages qui incitent à boire sans avoir soif, de même pour les paroles, il faut que le bavard craigne particulièrement celles qui lui donnent le plus de plaisir et dont il use à tort et à travers, et qu'il résiste à leur déferlement."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Les hommes parlent soit parce qu'ils en ont besoin pour eux-mêmes, soit dans l’intérêt de ceux qui les écoutent, soit pour se procurer du plaisir entre eux et assaisonner par des paroles, comme avec du sel, l'occupation et l'action dans laquelle ils se sont engagés. Mais si ce que l'on dit n'est ni profitable à celui qui le dit, ni nécessaire à celui qui l'entend, et que c'est dénué de saveur et de charme, pourquoi le dire ?"
Plutarque (Sur le bavardage)

"On regrette souvent d'avoir parlé, mais jamais de s'être tu, et l'ascèse l'emporte sur toutes choses et est plus forte que tout."
Plutarque (Sur le bavardage)

"Le silence, lui, non seulement ne donne pas soif, comme dit Hippocrate, mais il ne donne ni chagrin ni souffrance."
Plutarque (Sur le bavardage)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
CELSE - CONTRE LES CHRETIENS
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Ceux qui croient sans examen tout ce qu'on leur débite ressemblent à ces malheureux qui sont la proie des charlatans et courent derrière les métragyrtes, les prêtres mithriaques ou sabbadiens et les dévots d'Hécate ou d'autres divinités semblables, la tête perdue de leurs extravagances et de leurs fourberies Il en est de même des chrétiens. Plusieurs parmi eux ne veulent ni donner, ni écouter les raisons de ce qu'ils ont adopté. Ils disent communément : "N'examine point, crois plutôt" et : "Ta foi te sauvera" et encore : "La sagesse de cette vie est un mal, et la folie un bien"."
Celse (Contre les chrétiens)

"On ne sait quels méchants contes fabriqués avec vieilles légendes dont ils remplissent d'abord les imaginations de leurs adeptes, comme on étourdit du bruit des tambours ceux qu'on initie aux mystères des Corybantes."
Celse (Contre les chrétiens)

"Ils montrent bien qu'ils ne veulent et ne savent gagner que les niais, les âmes viles et sans intelligence, des esclaves, de pauvres femmes et des enfants. Quel mal y a-t-il donc à avoir l'esprit cultivé, à aimer les belles connaissances, à être sage et à passer pour tel ? Est-ce que cela est un obstacle à la connaissance de Dieu ! N'est-ce pas plutôt une aide et un secours pour atteindre les vérité ? On ne voit pas, il est vrai, les coureurs de foire et les charlatans ambulants s'adresser aux hommes de sens et oser faire leurs tours devant eux ; mais s'ils aperçoivent quelque part un groupe d'enfants, d'hommes de peine ou de gens sans éducation, c'est là qu'ils plantent leurs tréteaux, exhibent leur industrie et se font admirer."
Celse (Contre les chrétiens)

"Ils disent bien, et avec vérité, que nul mortel n'est sans péché. Où est en effet l'homme parfaitement juste et irréprochable ? Tous les hommes sont par nature enclins à mal faire."
Celse (Contre les chrétiens)

"Leurs docteurs ne cherchent et ne trouvent pour disciples que des hommes sans intelligence et des esprits épais. Ces docteurs ressemblent assez bien à ces empiriques qui se font fort de rendre la santé à un malade, mais ne veulent pas qu'on appelle de savants médecins, de peur que ceux-ci ne dévoilent leur ignorance. Ils s'efforcent de rendre la science suspecte."
Celse (Contre les chrétiens)

"Mais les juifs qui se mettent en ce haut rang et prêtent à Dieu une si grande sollicitude à leur égard, qui sont-ils donc ? Des esclaves échappés d'Egypte en fugitifs. Ces hommes n'ont jamais rien fait qui fût digne de mémoire, n'ont jamais compté pour rien dans le monde."
Celse (Contre les chrétiens)

"Il n'est pas aisé de connaître l'origine des maux quand on n'est pas philosophe."
Celse (Contre les chrétiens)

"N'ayant rien à répondre, ils ont recours à la plus absurde des défaites : que tout est possible à Dieu."
Celse (Contre les chrétiens)

"Mais si les Juifs s'arrogent le privilège de lumières plus hautes et d'une sagesse plus relevée, affectent de mépriser les autres comme des impurs et refusent d'avoir commerce avec eux, je leur répéterai que la croyance même qu'ils professent touchant le ciel ne leur appartient pas en propre, que, sans parler des autres, les Perses, comme Hérodote le rapporte, n'ont reçue il y a longtemps."
Celse (Contre les chrétiens)

"Ces charlatans évitent autant qu'ils peuvent les hommes de la société polie, parce qu'ils ne se laissent pas tromper aisément, pour prendre dans leurs filets les plus grossiers."
Celse (Contre les chrétiens)

"La foule ignorante est facilement dupe de ces mots étranges auxquels elle attribue une vertu merveilleuse."
Celse (Contre les chrétiens)

"On distingue la substance et le devenir, l'intelligence et le visible. Avec la substance est la vérité, avec le devenir l'erreur. La vérité est objet de science, et l'erreur objet d'opinions. La connaissance va à l'intelligence, la vue au visible. L'entendement perçoit l'intelligible, l’œil le visible."
Celse (Contre les chrétiens)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
MARC-AURELE - PENSÉES POUR MOI-MEME
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Lire dans le détail et ne pas se contenter d'un intelligence globale : ne pas être trop vite d'accord avec ceux qui nous parlent ; avoir connu les Commentaires d'Épictète, qu'il me communiqua de chez lui."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre I)

"N'avoir égard, si peu que ce soit, à rien autre qu'à la raison : rester toujours semblable à soi-même, dans les souffrances aiguës, dans la perte des enfants, dans les longues maladies."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre I)

"Supporter les ignorants et ceux qui jugent sans réflexion ; s'adapter à tous si bien que sa compagnie était plus réconfortante que n'importe quelle flatterie, et que, grâce à l'opportunité de sa conversation, il était fort respecté."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre I)

"Savoir beaucoup sans le faire paraître."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre I)

"Avoir pour ses enfants une véritable affection."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre I)

"L'amour des siens, l'amour du vrai, l'amour du juste."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre I)

"Ce que je suis : chair, souffle vital et raison."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre II)

"Il te faut désormais bien comprendre de quel monde tu es une partie, qui est celui qui le gouverne et dont tu es un fragment ; comprends aussi qu'il y a une limite de temps qui t'es assignée ; si tu ne profites pas de cet instant pour atteindre la sérénité, il passera, toi, tu passeras aussi, et il ne reviendra pas."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre II)

"Voici ce qu'il faut avoir toujours présent à l'esprit : ce qu'est la nature de l'univers, ce qu'est la mienne et dans quel rapport elle est avec l'autre, de quel tout elle est une partie ; et qu'il n'est personne qui puisse t'empêcher d'agir et de parler conformément à cette nature dont tu es une partie."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre II)

"Dusses-tu vivre trois mille ans et autant de fois dix mille ans, souviens-toi pourtant que personne ne perd une autre vie que celle qu'il vit, et qu'il n'en vit pas d'autre que celle qu'il perd. Donc le plus long et le plus court reviennent au même. Car le présent est égal pour tous ; est donc égal aussi ce qui périt ; et la perte apparaît aussi comme instantanée ; car on ne peut perdre ni le passé ni l'avenir ; comment en effet pourrait-on vous enlever ce que vous ne possédez pas ? Il faut donc se souvenir de deux choses : l'une que toutes les choses sont éternellement semblables et recommençantes, et qu'il n'importe pas qu'on voie les mêmes choses pendant cent ou deux cents ans ou pendant un temps infini ; l'autre qu'on perd autant, que l'on soit très âgé ou que l'on meure de suite : le présent est en effet la seule chose dont on peut être privé, puisque c'est la seule qu'on possède, et que l'on ne perd pas ce que l'on n'a pas."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre II)

"La durée de la vie humaine ? Un point."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre II)

"Si tu ne sens plus rien, tu n'auras plus à subir les peines et les plaisirs."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre III)

"Souviens-toi que chacun ne vit que dans l'instant présent, dans le moment ; le reste, c'est le passé ou un obscur avenir. Petite est donc l'étendue de la vie ; petit, le coin de terre où l'on vit ; petite, la plus longue renommée dans la postérité ; elle dépend de la succession de petits hommes qui vont mourir très vite et qui ne connaissent ni eux-mêmes ni ceux qui sont morts il y a longtemps."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre III)

"Dans ce qui n'est ni bien ni mal, je vise le préférable."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre III)

"Considère la rapidité avec laquelle tous sont oubliés, l'abîme du temps infini dans l'un et dans l'autre sens, la vanité des paroles retentissantes, l'humeur changeante et indécise de ceux qui semblent te louer, l'étroitesse du lieu où cette gloire se borne ; car la terre entière n'est qu'un point, et ce pays n'en est qu'une infime fraction."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre IV)

"De tels êtres viennent naturellement telles choses, c'est une nécessité ; vouloir qu'il n'en soit pas ainsi, c'est la figue sans le suc. Souviens-toi toujours que, dans très peu de temps, toi et lui, vous serez morts ; et peu après, il n'y aura même pas trace de votre nom."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre IV)

"Tant que tu vis, tant que cela t'est permis, améliore-toi."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre IV)

"Que de loisir on gagne à ne pas observer ce que dit le voisin, ce qu'il fait ou ce qu'il pense, à voir seulement ses propres actions, pour qu'elles soient justes, pieuses et conformes au bien. Ne regarde point autour de toi ; cours droit sur ta ligne ; ne te disperse pas."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre IV)

"Ne pas être étourdi : quand il s'agit de l'action, accomplis l'acte juste ; quand il s'agit de la représentation, conserve la perception claire."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre IV)

"Aveugle, celui qui ferme les yeux de son intelligence. Mendiant, celui qui a besoin d'autrui et ne tire pas de lui-même tout ce qui sert à vivre."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre IV)

"L'être est comme une fleuve en continuel écoulement ; ses activités sont en changement incessant ; leurs causes ont des milliers de transformations ; presque rien n'est stable, même ce qui est le plus proche."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre V)

"Ta vie peut toujours avoir un heureux cours puisque tu peux toujours prendre le bon chemin, juger et agir avec méthode."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre V)

"Ne va pas penser que, si une chose est difficile à comprendre pour toi, elle est incompréhensible pour tout homme ; mais si une chose est possible et familière à un homme, crois bien aussi que tu peux l'atteindre."
Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre VI)

"Si l'on peut me convaincre et me montrer que je juge ou que j'agis à tort, je serai content de changer ; car je cherche la vérité, qui ne peut être un dommage pour personne ; or celui qui persiste dans son erreur ou son ignorance subit un dommage."

Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre VI)


"Mort : cessation de l'impression sensible, de l'activité des tendances, de la pensée réfléchie et de l’entretien de notre corps."

Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre VI)




"Reste simple, bon, pur, grave, naturel, ami de la justice, pieux, bienveillant, amical, résolu à agir comme il convient."

Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même - Livre VI)

-------------------------------------------------------------------------------------------------------
CICERON - L'AMITIE
-------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Mon premier réconfort, c'est de ne pas tomber dans l'erreur de ceux qui sont littéralement désespérés par la mort d'un ami. Je m'attache à penser que rien de mauvais ne vient d'arriver à Scipion ; si malheur il y a, c'est moi qui le subis, et s'affliger de sa propre détresse ce n'est pas aimer ses amis mais s'aimer soi-même."
Cicéron (L'amitié)

"L'amitié, elle, est beaucoup plus solide : si un parent peut toujours se dérober, ce n'est pas le cas d'un ami. Sans dévouement, le mot amitié lui-même perdrait tout son sens, pas le mot parenté."
Cicéron (L'amitié)

"L'amitié est une entente, au sens fort, sur les choses humaines et divines , entente nourrie d'affection."
Cicéron (L'amitié)

"Dans l'amitié vraie, point de mensonge ni de tromperie : elle n'est que vérité, que sincérité. A mon avis, c'est donc la nature et non le besoin la mère de l'amitié ; une inclinaison naturelle de l'âme, une propension à aimer et non un calcul intéressé."
Cicéron (L'amitié)

"Car, en amitié, pour beaucoup, le pire danger c'est l'appât du gain et, pour les meilleurs, la soif de gloire et d'honneur qui les amène bien souvent à se haïr férocement."
Cicéron (L'amitié)

"N'exigeons jamais rien et n'acceptons jamais rien de déshonorant. Se justifier d'avoir mal agi, notamment contre l'Etat, en invoquant le devoir d'amitié, est une excuse inacceptable ; honteuse même."
Cicéron (L'amitié)

"Nous pouvons donc édicter, et de façon irrévocable, la première loi de l'amitié : ne réclamer à ses amis que des choses honnêtes ; ne leur accorder, également, pour les aider, que ce qui est honnête et sans attendre d'y être sollicité ; se montrer toujours dévoué et jamais indécis ; oser parler franchement. Il faut privilégier les amis de bon conseil, ceux qui profitent de leur influence pour donner des avis clairs et, quand les circonstances l'exigent, convaincants."
Cicéron (L'amitié)

"Qui serait capable d'accepter l'idée de n'aimer personne ni d'être aimé par quiconque simplement pour avoir le droit de jouir de tout à profusion et de vivre dans l'opulence ? Les tyrans vivent ainsi, dans la méfiance, inquiets et soupçonneux, privés d'affection, sans véritable ami sur qui se reposer. Nulle place, dans leur vie, pour l'amitié. Peut-on aimer celui qui vous fait trembler ou que vous croyez faire trembler ? On fait mine, pourtant, de révérer les tyrans, mais cela ne dure jamais. Une fois renversés - ce qui se produit ordinairement -, on se rend compte à quel point ils manquaient d'amis."
Cicéron (L'amitié)

"La seconde thèse ramène l'amitié à une réciprocité trop stricte dans les services et le dévouement mutuels. ce serait insulter à l'amitié que de la borner ainsi à un calcul aussi méticuleux entre recettes et dépenses. Je crois, pour ma part, qu'elle est plus généreuse et moins intéressée. Son obsession n'est pas de rendre exactement - et mesquinement - ce qu'elle  a reçu. En amitié, on ne craint pas de "perdre", ni de voir une offre dédaignée, ni de trop investir."
Cicéron (L'amitié)

"Il vaudrait mieux nous convaincre d'apporter un soin particulier dans le choix de nos amis nous évitant ainsi de commencer à aimer quelqu'un que nous risquerions, par la suite, de détester."
Cicéron (L'amitié)

"Il faut également choisir pour amis des gens simples, affables avec lesquels on puisse s'entendre, c'est à dire qui aient les mêmes goûts que nous. C'est la fidélité qui en dépend : elle est incompatible, en effet, avec un caractère versatile et tortueux. Celui qui n'a pas les mêmes goûts que vous, ni un caractère capable de s'adapter au vôtre, en saurait être un ami sûr ni constant."
Cicéron (L'amitié)

"Les hommes supérieurs doivent donc, en amitié, se mettre au niveau de ceux qui leur sont inférieurs ; pour autant il ne faudrait pas que ces derniers se sentent humiliés d'être ainsi surpassés en intelligence, en fortune ou en célébrité [...]. Qu'ils sont odieux, ceux qui reprochent à autrui les services qu'ils ont rendus ! Autant il est juste que le bénéficiaire d'un service en garde souvenir - et gratitude ! -, autant vaut-il mieux que celui qui l'a rendu s'abstienne de le rappeler sans cesse."
Cicéron (L'amitié)

"Il n'existe qu'un moyen pour se prémunir contre ces défauts et ces inconvénients, c'est de n'accorder jamais son amitié prématurément, non plus qu'à des gens qui en soient indignes ; et ceux qui méritent l'amitié ont toujours, en eux-mêmes, de quoi inspirer l'affection. Ils sont rares, bien sûr, comme tout ce qui est remarquable, et rien n'est plus difficile, dans tout domaine, que de trouver la perfection absolue."
Cicéron (L'amitié)

"A ses amis, il ne faut pas craindre d'adresser reproches et avertissements, mais il faut accepter, amicalement, les mêmes en retour, quand ils sont exprimés avec bienveillance."
Cicéron (L'amitié)

"Quant à ceux qui restent sourds à la vérité même quand c'est leur ami qui leur parler, il faut désespérer d'eux. Caton emploie, comme souvent, une jolie formule à ce sujet : "Mieux vaut parfois des ennemis sans indulgence que des amis qui paraissent agréables. Les premiers disent toujours la vérité, les seconds jamais." Et il est absurde que ceux qui reçoivent un avertissement ne soient pas vraiment atteints comme ils devraient l'être ; ils ne sont guère peinés d'avoir commis une faute mais s'irritent d'être blâmés ; c'est le contraire qui serait plus logique : ils devraient s'affliger de leur faute et se réjouir de la réprimande."
Cicéron (L'amitié)

"Le propre de la véritable amitié est donc de donner des conseils sans méchanceté ni rudesse et d'en recevoir avec patience et bonne humeur. Sachons aussi qu'il n'est pire fléau, en amitié, que la révérence, l'obséquiosité, la flatterie : on peut utiliser tous les qualificatifs qu'on voudra, mais il faut condamner cette plaie des hommes frivoles et hypocrites qui parlent toujours pour vous faire plaisir sans jamais être sincères. Si, dans tous les cas, l'hypocrisie est détestable puisqu'elle induit en erreur et altère la vérité en empêchant toute sincérité, en amitié elle devient rigoureusement impossible car elle fait disparaître la franchise sans laquelle nulle amitié n'est viable."
Cicéron (L'amitié)

"Existe-il un esprit plus influençable et inconstant que celui d'un homme qui change d'avis sous l'influence des opinions, des volontés d'autrui, ou même de la simple expression d'un visage, d'un signe de tête."
Cicéron (L'amitié)

"C'est la vertu, je dis bien la vertu, Gaius Fannius et toi Quintus Mucius Scévola, qui rend l'amitié possible et qui permet de la conserver. Elle porte en elle harmonie, stabilité et constance : lorsqu'elle se révèle et laisse voir la lumière qui est en elle, quand elle reconnaît la même lueur chez autrui, elle se rapproche de lui et partage, en retour, tout ce dont il est riche. Ainsi s'embrase l'amour et l'amitié. Les deux mots, en effet, viennent du verbe aimer qui ne signifie rien d'autre que d'éprouver pour autrui une affection qui n'inspire nul souci de profit ni de besoin ; et cela même si le profit récompense d'autant mieux l'amitié qu'on ne le recherchait pas."
Cicéron (L'amitié)