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jeudi 18 août 2016

MYTHOLOGIE MÉSOPOTAMIENNE - LES GRANDS HOMMES


J'ai fais le choix de vous parler de dix grandes personnalités de cette civilisation mésopotamienne, plus ou moins connus, et plus ou moins légendaires selon les cas. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, on en sait parfois bien plus sur ces êtres d'un autre temps que sur des hommes de notre ère ! L’intérêt de cette section est de ressortir des personnalités qui ont marqué l'époque concernée, par leurs actes et leur influence, dans l'Histoire. Et grâce à l'exceptionnel travail des archéologues et des traducteurs acharnés de tablettes en mille morceaux, je pense que cela est désormais possible ! Il y a un peu de tout, de l'akkadien, du chaldéen, de l'assyrien, et du sumérien, bref, il y en a pour tous les gouts !

J'ai porté mon choix sur (par ordre chronologique) :
01. Sargon d'Akkad (-2335/-2279)
02. Naram-Sin (-2254/-2218)
03. Gudéa (-2141/-2122)
04. Ur-Nammu (-2112/-2095)
05. Hammurabi (-1792/-1750)
06. Asarhaddon (-680/-669)
07. Assurbanipal (-668/-627)
08. Nabuchodonosor II (-605/-562)
09. Nabonide (-556/-539)
10. Sémiramis

Téglath-phalasar III ?
Tukulti ninurta Ier ? (-1244/-1208)
Sargon II (-721/-705) ?

Tous les choix se discutent, mais je pense avoir listé malgré tout les personnalités les plus fortes de cette civilisation. J'aurai très bien pu mettre un Nabopolassar ou un Sennachérib en plus, mais il a fallu faire des choix, et un choix par définition même implique des sacrifices :)

I. SARGON D'AKKAD
Nom : Sargon d'Akkad, Sargon Ier, Sargon l'Ancien.
Dates : -2335/-2279.
Fonction : Souverain (au sang non royal) qui a fondé le premier empire connu de l'Histoire.

"Sargon, roi d'Akkad, commissionnaire d'Inanna, roi de Kish, prêtre d'Anu, roi du pays, gouverneur d'Enlil, défit la ville d'Uruk et détruisit ses murailles."
Inscription à la gloire de Sargon

Souverain fondateur de l'Empire d'Akkadé, il unifie les principales cités de Mésopotamie sous son autorité et met un terme aux querelles incessantes qui opposent les cités-états. Inutile de vous dire qu'au vue des dates très lointaines de son règne, nous ne pouvons faire que des suppositions de dates sur son règne, que l'on situe à peu près de -2335 à -2279. Sargon d'Akkad est tout simplement le premier souverain à unifier sous un même sceptre la Mésopotamie entière, constituant alors le premier empire connu de l'histoire humaine. Ce n'est pas rien ! Surtout venant de la part d'un homme dont les textes vantent les origines modestes, ayant apparemment appartenu à l'administration du roi Ur-Zababa, de la dynastie de Kish.

Il bat notamment son grand rival Lugalzagesi, prince d'Umma, puis prend la ville d'Uruk et fonde la ville d'Akkad. On parle de 34 victoires pour 50 ensi (gouverneurs) soumis ! Bref, sans rentrer dans les détails, sachez qu'à la fin de son règne, il laisse à ses successeurs un vaste empire


« Ma mère était grande prêtresse. Mon père, je ne le connais pas. Les frères de mon père campent dans la montagne. Ma ville natale est Azupiranu, sur les bords de l’Euphrate. Ma mère, la grande prêtresse, me conçut et m’enfanta en secret. Elle me déposa dans une corbeille de roseaux, dont elle scella l’ouverture avec du bitume. Elle me lança sur le fleuve sans que je puisse m’échapper. Le fleuve me porta ; il m’emporta jusque chez Aqqi, le puiseur d’eau. Aqqi le puiseur d’eau me retira [du fleuve] en plongeant son seau. Aqqi le puiseur d’eau m’adopta comme son fils et m’éleva. Aqqi le puiseur d’eau m’enseigna son métier de jardinier. Alors que j’étais jardinier la déesse Ištar se prit d’amour pour moi et ainsi j’ai exercé la royauté pendant cinquante-six ans. »



Sargon d'Akkad va créer un empire et une dynastie qui durera 180 ans. Durant son règne d'environ 50 ans, il crée le premier empire de l'histoire à prétention universelle (l'empire d'Akkad), mettant fin aux cités-états sumériennes qu'il va unifier (Ur, Umma, Lagash,...).

II. NARAM-SIN (-2254/-2218)
Nom : Naram-Sin.
Dates : -2254/-2218.
Fonction : Quatrième roi d'Akkad.

"Depuis la fondation d'humanité, aucun roi des rois n'avait détruit Armanum et Ebla. Le dieu Nergal ouvrit la voie de Naram-Sin le fort."

"Naram-Sin, le puissant, roi d'Akkad et des quatre régions du monde, parce qu'Ishtar ne lui a donné aucun rival, il est une statue d'or."

Naram-Sin ("Aimé de Sin") est le petit-fils de Sargon d'Akkad, fils de Manishtusu, et il va emmener l'empire akkadien à son apogée durant son règne. Son début de règne est agité : en effet, il doit faire face à de nombreuses révoltes. Mais sa contre-offensive est ferme : Naram-Sin remporte neuf batailles en une seule année, et triomphe des trois usurpateurs qui s'étaient dressés contre lui. Il se fait dorénavant appelé "roi des quatre régions" et va même jusqu'à se considérer comme de nature divine, ce qui est une première dans le règne d'un roi. L'ensemble de son règne va être régi par les conquêtes militaires : soumission de l'Elam, action militaire contre le pays de Magan, domination du pays de Subartu,...

La fameuse stèle de Naram-Sin


III. GUDÉA (-2141/-2122)
Nom : Gudéa.
Dates : -2141/-2122.
Fonction : Deuxième prince (ensi) de la IIe dynastie de Lagash.

Gudéa est un roi (ensi) de l'état indépendant de Lagash, ayant vécu durant la période néo-sumérienne, peu après la mort du dernier souverain de l'empire d'Akkadé, Shu-Turul (-2168/-2154). Il vit durant une période où les cités-états de Sumer récupèrent leur indépendance, et il parvient à maintenir son pouvoir face à la puissance croissante d'Ur. De son règne, nous ne savons que peu de choses, si ce n'est qu'il a été ce que l'on appelle un "roi-bâtisseur", ainsi qu'un homme très pieux. Notons ainsi la construction de l'Eninnu, temple consacré à Ningirsu, dieu de la ville de Lagash. Mais ce souverain a mérité sa place dans mon top 10 pour une raison originale : ce que les archéologues ont retrouvé de son règne, c'est à dire de nombreuses statues, inscriptions et fragments de bas-reliefs. Regardez plutôt :


La qualité exceptionnelle et la renommé de tout ce qui a été retrouvé lui font l'honneur d'être présent dans mon Top 10, sans que je n'ai plus de choses à dire à son sujet.

IV. UR-NAMMU (-2112/-2095)
Nom : Ur-Nammu.
Dates : -2112/-2095.
Fonction : Fondateur de la troisième dynastie d'Ur.

Ur-Nammu est le premier roi de la IIIe dynastie d'Ur, fondateur de l'empire d'Ur (Ur III). Pourquoi a-t-il mérité sa place ici ? Pour mal de choses. Tout d'abord pour avoir élaborer le premier Code de lois. Ensuite, parce que son règne a constitué une période de grande prospérité économique et de stabilité politique. Il a ainsi chassé les Elamites de Sumer, et imposé son autorité à ses rivaux.
"Ur-Nammu, homme fort, roi d'Ur"

V. HAMMURABI (-1792/-1750)
Nom : Hammurabi.
Dates : -1792/1750.
Fonction : Sixième roi de la première dynastie de Babylone.

"Je suis Hammurabi, le roi parfait [...]. Grâce à la sagesse qu'Ea m'a attribuée, j'ai anéanti mes ennemis en haut et en bas, j'ai dominé les guerres."
Prologue du Code de Hammurabi

Né vers -1810, Hammurabi fut durant 42 ans le sixième roi de Babylone de la première dynastie babylonienne (de souche amorrite). Son règne est un des plus longs et des plus prestigieux, considéré comme le premier âge d'or de la civilisation babylonienne. En quelques années seulement, il va réussir à unir l'ensemble de la Mésopotamie sous son pouvoir.

Buste royal dit "Tête de Hammurabi"

Mais si son nom a traversé le temps jusqu'à nous, c'est notamment grâce à la découverte du Code de Hammurabi, une stèle rédigée vers -1750, considérée comme le texte de lois le plus ancien jamais retrouvé et, surtout, le plus complet du Proche-Orient (près de 300 articles de lois !). Et comble de la chance pour nous, français, elle a été retrouvée fin 1901 par des archéologues français, à Suse, et trône désormais au musée du Louvre, à Paris, au département des antiquités orientales. Je ne peux que vous inviter à aller l'admirer de vos propres yeux, puis de lire sa traduction française complète pour qu'elle n'est plus de secret pour vous !

Le fameux code de Hammurabi

Je n'ai pu m'empêcher de vous recopier les premières lignes du Prologue du Code de Hammurabi (L.1-49):
"Lorsque le sublime Anu, le roi des Anunnaku, et Enlil, le seigneur du ciel et de la terre qui fixe les destinées du pays, eurent conféré le pouvoir suprême sur tous les peuples à Marduk, le fils aîné d'Ea, et l'eurent exalté parmi les dieux Igigi ; Lorsqu'ils eurent prononcé le nom révéré de Babylone et l'eurent rendue prépondérante parmi les régions du monde, qu'ils eurent établi pour lui (Marduk), en son centre, une royauté éternelle dont les fondements sont aussi stables que le ciel et la terre, alors en ce temps-là Anu et Enlil, pour assurer le bien-être du peuple, prononcèrent mon nom, Hammurabi, pour faire prévaloir la justice dans le pays, pour éliminer le méchant et le pervers, pour empêcher le fort d'opprimer le faible, pour m'élever comme Shamash, le Soleil, au-dessus des hommes, pour illuminer le pays."

"Les dieux m'ayant appelé, c'est moi, Hammurabi, le Pasteur salutaire, au pouvoir juste... J'ai tenu dans mes bras mes gens de Sumer et d'Akkad : je les ai constamment gouverné dans la paix."

VI. ASSARHADDON (-680/-669)
Assarhaddon ("Assur à donné un frère") est le fils de Sennachérib, et son successeur bien que le cadet. En effet, à la mort de son père, assassiné par un des ses frères (Arad-Mulissu), Assarhaddon se retrouve alors en confrontation pour le trône avec un autre frère, Arad-Ninlil. Mais c'est bel et bien qui finit par triompher, sans que l'on sache comment. Du point de vue de son règne, on a retenu la conquête de l'Égypte et la restauration de Babylone (que son père avait mise à sac). Mais comme nous aimons également beaucoup des détails insolites, nous le connaissons également pour sa paranoïa légendaire, sa santé fragile et son gout très prononcé pour la divination. Effet, il était un souverain très fréquemment plongé dans un état dépressif, et très craintif pour sa vie tout le long de son règne. Mais tout, cela ne doit pas faire oublier qu'il a été avant tout un souverain intelligent et conquérant, qui a soumis l'Égypte et calmer astucieusement la région de Babylonie en restaurant la ville que son propre père avait dévasté.

Nom : Assarhaddon.
Père : Sennachérib.
Mère : Zakutu.
Fonction : Roi d'Assyrie (de la dynastie des Sargonides).
Règne : -680/-669.


VII. ASSURBANIPAL (-668/-627)
En septième position, ni plus ni moins que son successeur et troisième fils, Assurbanipal ("Assur a donné un fils héritier"), plus connu en Occident sous le nom de Sardanapale (forme latine). Ce dernier est désigné comme successeur du vivant de son père, tandis que son frère Shamash-Shum-Ukin est proclamé roi de Babylone avec l'interdiction pour tous les deux de rentrer en conflit. Résultat ? Quelques années après la mort d'Assarhaddon, voilà les deux frères en guerre... Mais c'est Assurbanipal qui triomphera. Alors pourquoi ce souverain ? Déjà, parce qu'il était un des rares souverains de son temps sachant lire et écrire (nous avons donc à faire à un roi lettré, qui a beaucoup œuvré pour l'Art et la culture). Aussi parce qu'il a été un plus grand conquérant qu'on ne le croit, avec la reprise de l'Égypte déjà conquise par son père, et la prise de Suse, mise alors à sac. Enfin, parce qu'il est à l'origine d'une de nos plus grandes découvertes épigraphique, créateur de la grande bibliothèque de Ninive, qui nous a livré quelques 30.000 tablettes et fragments !
Mais bon, inutile de vous mentir : c'est encore une fois un détail croustillant qui lui fait gagner cette place. En effet, Assurbanipal a toujours été considéré, notamment par les Grecs, comme une personne efféminée et débauchée. On le décrit comme paresseux, menant la vie d'une femme, peu intéressé par les campagnes militaires et préférant rester dans son palais dans la débauche la plus complète. Il semble en effet n'avoir participé à aucune campagne militaire sur le terrain. Mais c'est surtout avec cette histoire d'incendie de son palais qu'il a gagné sa postérité à tout jamais. Comment ne pas parler du célèbre tableau d'Eugène Delacroix : la mort de Sardanapale ?


"Les révoltés l'assiégèrent dans son palais... Couché sur un lit superbe, au sommet d'une immense bûcher, Sardanapale donne l'ordre à ses esclaves et aux officiers du palais d'égorger ses femmes, ses pages, jusqu'à ses chevaux et ses chiens favoris ; aucun des objets qui avaient servi à ses plaisirs ne devait lui survivre."
Eugène Delacroix, en donnant des explications sur sa toile

Voilà donc qu'il aurait incendier volontairement son palais pour échapper à l'ennemi, s'enfermant avec toute sa cour (femmes, chevaux, objets précieux, esclaves, officiers...) dans un dernier moment de débauche ! Mythe ou réalité, peu importe ! Assurbanipal reste à jamais un souverain lettré, mais surtout le dernier grand souverain assyrien de la dynastie des Sargonides. Sa mort, dont la date ni même les circonstances réelles n'ont été encore fixées, marque le déclin de l'empire Assyrien, d'autant qu'aucun de ses fils ne saura résister aux assauts frénétiques de l'alliance Médo-chaldéenne.


Je vous laisse avec cette description très peu objective du grec Ctésias de Cnide, qui a
"Sardanapale, le trentième souverain depuis Ninos, fondateur de l'hégémonie et dernier roi assyrien, surpassa tous ses prédécesseurs en débauches et paresse. Car non seulement il ne se montrait jamais au monde extérieur, mais il menait la vie d'une femme. Il passait son temps avec les concubines, travaillant la pourpre et la laine la plus fine, se vêtant d'une robe de femme, s'enduisant le visage et le corps de céruse et de préparations bien connues des hétaïres, et se montrait plus délicat que la plus voluptueuse de ses compagnes. Il s'efforçait même de rendre sa voix féminine et voulait profiter non seulement des plaisirs que procurent boissons et nourritures, mais il cherchait aussi les joies de l'amour des deux sexes. Il vivait librement ses liaisons des deux natures, ne se souciant pas de la moindre pudeur. Il arriva à un tel degré de débauche et d'impudeur dans sa recherche du plaisir et sa démesure qu'il composa lui-même son épitaphe et ordonna que ses successeurs l'inscrivissent sur sa tombe après sa mort : l'épitaphe fut écrite par un Barbare et traduite par un Grec : "Sachant que tu es né mortel, ouvre ton cœurs aux plaisirs en profitant des banquets. Quand tu seras mort tu n'auras plus de jouissance ; moi je suis cendres, et j'ai régné sur la grande Ninive. Mais je possède tout, tout ce que j'ai mangé, tous mes plaisirs insolents et toutes les joies de mes amours ; je n'ai perdu que mes biens et mes richesses." Telles étaient ses mœurs ; non seulement il termina honteusement sa vie, mais il perdit complètement l'empire assyrien, le plus long de tous les empires."
Ctésias de Cnide - Histoire des Perses

Nom : Assurbanipal (ou Sardanapale).
Père : Assarhaddon.
Mère : Esarhemet.
Fonction : Roi d'Assyrie (de la dynastie des Sargonides).
Règne : -668/-627 (sa date de fin de règne n'est pas bien connue).

VIII. NABUCHODONOSOR II (-605/-562)
Fils de Nabopolassar (626-605 av JC), son nom est resté dans l'Histoire pour avoir été un grand roi de la grande Babylone, et plus généralement du vaste empire babylonien. Il aurait érigé ses plus grands monuments, à savoir les fameuses Porte d'Ishtar, la Tour de Babel, la ziggourat Etemenanki, et même Les jardins suspendus, une des sept merveilles du monde antique (mais cela n'est pas prouvé). Son nom est également resté pour avoir été le destructeur du temple de Salomon, le premier temple juif de Jérusalem, en -587, et pour être responsable de nombreuses déportations de juifs en Babylonie.


Son règne marque l'apogée de l'empire néo-babylonien, qui ne survivra pas hélas à sa mort.

IX. NABONIDE (-556/-539)
Nabonide est une sorte d'énigme pour moi, un usurpateur mis au pouvoir après un complot contre son prédécesseur, le roi Labashi-Marduk (-556), alors qu'il a déjà atteint la soixantaine ! Dernier roi de Babylone, il associe immédiatement son fils Bel-shar-usur (Balthazar) au pouvoir et entreprend de nombreuses restaurations de temples. Il est un homme très religieux, fervent croyant du dieu Sin (le dieu Lune), pour qui il voue un culte tout particulier. En -552, Nabonide part pour l'Arabie et s'installe à Teima, une oasis dont le dieu protecteur est Sin (comme par hasard !). Il y fera de nombreuses conquêtes sans que l'on connaisse vraiment ses intentions dans cette région et y restera 13 ans sans revenir à Babylone. Imaginez-vous un souverain absent plus de 13 ans dans sa capitale, empêchant par son absence la grande fête du Nouvel an à Babylone ! Et bien plus attiré par Sin que par le dieu poliade de Babylone, à savoir Mardouk. Cela ne pouvait que provoquer la colère du clergé de Mardouk et du peuple tout entier... En -539, il se décide enfin à rentrer dans sa capitale (il passe avant à Harran pour inaugurer le grand temple de Sin) et reprend solidement les rouages de l'administration. Mais devinez-quoi ? Il a à peine le temps de se remettre au travail qu'un certain Cyrus II décide d'attaquer son empire ! Battu, Nabonide fuit à Borsippa tandis que Cyrus II prend Babylone par surprise et sans affrontement, un jour de fête, le 12 Octobre -539. Le peuple est même content et voit le roi perse comme un sauveur, désespéré par l'attitude et l'absence de son ancien souverain ! Cyrus, lui, poursuit Nabonide à Borsippa, qui se rend. Fait prisonnier, il est alors déporté en Carmanie, où il y demeure le reste de sa vie et y meurt. Fait intéressant : Cyrus ne l'a pas tué, bien au contraire : il ne lui fait aucun mal et lui prépare une petite retraite. Pas rancunier, le Cyrus ! Nabonide, lui, m'apparaît comme un usurpateur étrange et mystique, absent, faible et inconscient de son environnement, bref : un mauvais monarque. Pourtant, il fascine encore aujourd'hui.



X. SEMIRAMIS


JEAN BOTTÉRO (1914/2007)
Je vous vois déjà venir : mais que vient faire un homme aussi contemporain dans cette liste ? Bah il a tellement influencé notre savoir et notre bibliographie française en ce qui concerne la Mythologie mésopotamienne (et même la civilisation mésopotamienne en général) qu'il a toute sa place ici.


Figurant parmi les plus grands assyriologues et spécialiste international de la Mésopotamie, on lui doit une bonne partie de notre bibliographie française actuelle sur le sujet, notamment des livres références comme Lorsque les dieux faisaient les hommes (1989), La plus vieille religion : en Mésopotamie (1998), L'épopée de Gilgamesh : le grand homme qui ne voulait pas mourir (1992), ou encore Mésopotamie : l'écriture, la raison et les dieux (1987).

Inutile de vous dire que vous retrouverez tous ces livres dans la section Mes lectures personnelles, puisqu'ils figurent parmi les indispensables. Grâce à ses travaux et sa passion, nous avons accès aujourd'hui à l'essentiel des grands textes mésopotamiens en Français, notamment les deux plus grands, à savoir l'Enuma Elish et l'Épopée de Gilgamesh. Et rien que pour cela, croyez-moi, nous lui sommes grandement redevable ! Cet homme nous a laissé à sa façon un héritage, et c'est pour cela que je lui dédie une petite place parmi les grands hommes de cette section.

Bien qu'ayant vécu à un âge bien avancé, je ne peux penser qu'il est parti malgré tout trop tôt. J'espère qu'un successeur à sa hauteur saura s'élever dans les années à venir dans notre pays...

LA REDÉCOUVERTE
La redécouverte de cette civilisation au 19e siècle a

Paul Émile BOTTA (1802-1870) : fouilles à Khorsabad (1843/1854)
Austen Henry LAYARD (1817-1894) : fouilles à Ninive et Nimrud (1845-1855)