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vendredi 3 février 2017

MYTHOLOGIE JAPONAISE - LES TEXTES

Le Fuji par temps clair (ou Le Fuji rouge) - Katsushika Hokusai (1760-1849)


Cette section sera, comme vous pouvez le comprendre, agrémentée au fil de mes lectures. Il s'agit ici de parler plus précisément des textes les plus importants du Japon, notamment de leur composition, de leur contenu et de ce qu'il faut retenir, sans rentrer dans trop de détails. En effet, le but n'est pas de vous mâcher tout le travail, mais bien de vous donner un maximum de confort.

LE KOJIKI
Autant être clair avec vous : il s'agit du livre majeur sur la mythologie japonaise ! Regroupant des récits, chansons et des poèmes du conteur Hieda no Are, il a été compilé par O no Yasumaro en 712 à la demande de l'impératrice Genmei (660-707-715), et offerte à l'impératrice le 28 Janvier 712. Le texte originel est perdu, et la plus ancienne copie date de 1371, est conservée dans le temple de Shin-puku-ji, à Nagoya. Le Kojiki est considéré comme le plus ancien écrit japonais existant encore de nos jours. 

Kojiki signifie "Récit des choses anciennes" ou "Chronique des faits anciens". Il s'agit donc d'un recueil de mythes concernant l'origine des îles formant le Japon et des dieux. Il est divisé en trois parties bien distinctes :

01. Le Kamitsumaki ("Rouleau supérieur").
02. Le Nakatsumaki ("Rouleau intermédiaire").
03. Le Shimotsumaki ("Rouleau inférieur").

Le Kamitsumaki raconte la naissance des divinités japonaises et du Japon (autant vous dire qu'il s'agit de la partie la plus importante !). Retenez donc bien qu'il s'agit de la partie mythologique.

Le Nakatsumaki raconte l'histoire du premier empereur Iwarehiko (Jimmu), fondateur mythique du Japon, jusqu'au 15e empereur (l'empereur Ojin). C'est l'âge des héros au destin tragique. Inutile de vous préciser que le contenu historique est plus proche du mythe que de la réalité.

Le Shimotsumaki raconte l'histoire du 16e empereur (Nintoku) jusqu'au 33e (l'Impératrice Suiko, 593-628). C'est l'âge des souverains humains et donc la partie la plus historique (bien que le contenu général de l'ouvrage ne puisse pas être considéré comme historiquement fiable).

Je peux difficilement être plus complet ! Je ne peux que vous conseiller la traduction suivante du Kojiki, qui est pour moi de loin la meilleure de ce que nous est proposé actuellement :

Kojiki : Chronique des choses anciennes (trad. Masumi et Maryse Shibata, préf. Masumi et Maryse Shibata), France, Maisonneuve et Larose, 1969, 259 p.

Logiquement, le Kojiki est l'ouvrage choisi pour agrémenter la section La cosmogonie japonaise, et je vous invite donc tous à vous y rendre pour analyser ce recueil fort intéressant... je dirais même passionnant !


LE NIHON SHOKI
Appelé également Nihongi, il s'agit pour moi du second texte le plus important. Hélas, je n'ai pour le moment trouvé aucun traduction française et complète, et je crois bien que cela ne sera jamais traduit. Mais cela ne m'empêche en aucun cas de vous le présenter.

Son nom signifie "Annales du Japon"  ou "Chroniques du Japon", et il s'agit d'un recueil écrit en chinois, achevé vers 720 et remis à l'impératrice Gensho. Il se compose de 30 livres + une généalogie perdue. Le Nihon Shoki retrace l'histoire du Japon depuis l'origine du monde jusqu'à l'an 700. Il a été rédigé par le prince Toneri, en plus de O no Yasumaro (celui qui a déjà compilé le Kojiki !) et d'autres historiens de l'époque. Il n'existe aucun original mais le Nihon Shoki a été reconstitué grâce à de nombreuses copies, souvent partielles.

Ne vous attendez pas à y trouver une monographie ou une série de biographies : il s'agit "seulement" d'un texte où il est dit que tel jour s'est produite telle chose. Et pourtant, il est deux fois plus long que le Kojiki ! Malgré tout, il comporte des informations très complètes à propos de l'histoire ancienne du Japon.

Parmi les 30 livres, les deux premiers commencent le Nihongi par des récits mythologiques. Pour ce blog, ce sont ces deux premiers chapitres qui nous intéressent le plus.

01. Les mythes, premier chapitre.
02. Les mythes, deuxième chapitre.
03. L'empereur Jimmu.
04. Les empereurs Suizei, Annei, Itoku, Kosho, Koan, Korei, Kogen et Kaika.
05. L'empereur Sujin.
06. L'empereur Suinin.
07. Les empereurs Keiko et Seimu.
08. L'empereur Chuai.
09. L'empereur Jingu.
10. L'empereur Ojin.
11. L'empereur Nintoku.
12. Les empereurs Richu et Hanzei.
13. Les empereurs Ingyo et Anko.
14. L'empereur Yuryaku.
15. Les empereurs Seinei, Kenzo et Ninken.
16. L'empereur Buretsu.
17. L'empereur Keitai.
18. Les empereurs Ankan et Senka.
19. L'empereur Kimmei.
20. L'empereur Bidatsu.
21. Les empereurs Yomei et Sushun.
22. L'impératrice Suiko.
23. L'empereur Jomei.
24. L'impératrice Kogyoku.
25. L'empereur Kotoku.
26. L'impératrice Saimei.
27. L'empereur Tenji.
28. L'empereur Temmu, premier chapitre.
29. L'empereur Temmu, deuxième chapitre.
30. L'impératrice Jito.

LE HOTSUMA TSUTAE
Il s'agit d'un poème épique de l'histoire légendaire du Japon, écrit en yamato kotoba (une écriture antérieure au contact avec la Chine). Dans la partie qui traite de la mythologie, le texte traite des naissances, des vies et des décès des kamis de l'histoire et des sanctuaires populaires japonais. Il reprend une partie de la mythologie présente dans le Kojiki et le Nihon Shoki mais diffère sensiblement. Ainsi, dans le Hotsuma Tsutae, Amaterasu est un homme, non une femme ! La raison ? Il semblerait qu'Amaterasu ait été féminisée dans le Kojiki et le Nihon Shoki afin de fournir une justification au règne de l'impératrice Suiko, qui occupait alors le trône juste avant la rédaction des documents !

LE DIT DE HOGEN (HOGEN MONOGATARI)
Il ne s'agit en aucun cas d'un ouvrage sur la mythologie japonaise, mais plutôt d'une chronique guerrière japonaise rapportant les évènements de la rébellion de Hogen, qui a eu lieu en 1156. Il fait partie d'une trilogie historique, avec le Heiji monogatari et le Heike monogatari. L'ouvrage est divisé en trois livres :

01. Présente les personnages et les rivalités qui les opposent.
02. Raconte le cours des conflits.
03. Rapporte les conséquences tragiques.

Auteur : Inconnu.
Rédaction : Époque de Kamakura (vers 1320).
Période rapportée : 1156.


Si j'ai décidé de vous parler de cet ouvrage, c'est que nous avons la chance de disposer d'une belle traduction de René Sieffert, et que l'ouvrage est disponible à un prix très abordable. Alors pourquoi s'en priver ?

La difficulté majeure dans cette lecture est le contexte, qu'il faut bien comprendre pour pouvoir apprécier tout ce qui va se passer à sa juste valeur. Allons-y !

Nous sommes en 1156, à la mort de l'empereur retiré Toba (règne : 1107-1123), 74e empereur du Japon. Il va alors naître une rivalité farouche entre deux de ses fils pour la succession impériale : Sutoku (75e empereur) , lui aussi empereur retiré (règne : 1123-1142) et son frère Go-Shirakawa (règne : 1155-1158), l'empereur régnant (77e empereur). Avec ces deux empereurs vont s'affronter les trois plus grands clans, à savoir les régents Fujiwara, les Taira et les Minamoto, qui vont devoir faire face à des luttes intestines. Il faut donc bien avoir en tête les forces en présence.

D'un côté, l'empereur retiré Sutoku (1119-1164), avec ses alliés :
Fujiwara no Yorinaga (1120-1156), du clan Fujiwara (frère de Tadamichi),
Taira no Tadamasa, du clan Taira (oncle de Kiyamori),
Minamoto no Tameyoshi (1096-1156), du clan Minamoto (chef du clan, père de Yoshitomo et Tametomo),
Minamoto no Tametomo (1139-1170), du clan Minamoto (fils de Tameyoshi et frère de Yoshimoto).

De l'autre, l'empereur régnant Go-Shirakawa (1127-1192), avec ses alliés : 
Fujiwara no Tadamichi (1097-1164), du clan Fujiwara (frère de Yorinaga),
Taira no Kiyamori (1118-1181), du clan Taira (chef du clan Taira et neveu de Tadamasa),
Minamoto no Yoshitomo (1123-1160), du clan Minamoto (fils aîné de Tameyoshi).

Ces forces vont s'affronter le 29 Juillet 1156 lors du siège du Palais de Shirakawa, appartenant à l'empereur Sutoku. Car sachant que son frère préparait un coup d'état, Go-Shirakawa décide alors de frappe le premier et de prendre d'assaut le palais de Sutoku par une attaque nocturne. Cette bataille voit la victoire de Go-Shirakawa, qui réduit le palais en cendres. Sutoku est alors envoyé en exil dans la province de Sanuki, tandis que Taira no Tadamasa est exécuté, tout comme Minamoto no Tameyoshi. Yoshitomo devient alors le chef du clan Minamoto après l'exécution de son père.

À noter d'excellents passages, notamment la bataille en elle-même, l'affrontement entre Tametomo et son frère Yoshitomo, ou encore la scène terrible où Yoshitomo fait exécuter la progéniture de son clan. Poignant !! Mais j'en ai déjà bien trop dit !


LE DIT DE HEIJI (HEIJI MONOGATARI)
Deuxième ouvrage de la trilogie, Le dit de Heiji est du même acabit que Le dit de Hogen, c'est à dire purement historique. Nous sommes toujours dans l'épopée guerrière, mais cette dernière relate cette fois-ci la rébellion de Heiji (1159-1160), dans la continuité de celle de Hogen (1156).

Auteur : Hamuro Tokinaga ?
Rédaction : ? (36 chapitres).
Période rapportée : 1159, jusqu'à la prise de pouvoir des Taira (1160).

Cette fois-ci, les forces en présence sont différentes, et opposent directement le clan des Taira et celui des Minamoto, autour (notamment) du siège du palais de Sanjo, à Kyoto.


D'un côté : 

L'empereur Go-Shirakawa (1127-1192), désormais empereur retiré.
Fujiwara no Michinori (?-1160), du clan Fujiwara.
Taira no Kiyomori (1118-1181), chef du clan Taira.

De l'autre :

L'empereur Nijo (1143-1165), fils de Go-Shirakawa.
Fujiwara no Nobuyori (1133-1159), du clan Fujiwara.
Minamoto no Yoshitomo (1123-1160), du clan Minamoto.


L'incendie du palais de Sanjo - Rouleaux illustrés du Dit de Heiji

Dans le cadre d'un conflit de succession impériale, Yoshitomo tenter un coup d'état, assiéger Kyoto et affronter Kiyomori, chef du clan des Taira. Tout se fait quand Kiyomori quitte la capitale fin 1159 pour un pèlerinage dans un temple de Kumano. Yoshitomo en profite pour prendre d'assaut le pouvoir au début de l'année 1160 avec l'attaque du palais de Sanjo (Janvier 1160), où Go-Shirakawa et son fils sont capturés. S'en suit l'attaque du château de Michinori. Apprenant l'attaque surprise durant son absence, Kiyomori rentre à la hâte de son pèlerinage et riposte. Le 5 Février 1160, une bataille féroce a lieu dans le palais impérial, entre Taira et Minamoto. Ce sont finalement les Taira qui vont l'emporter, et punir le clan Minamoto en exterminant une bonne partie de leur descendance. Mais pas tous...


Le but n'est ici de tout vous raconter, mais vous avez désormais tout pour entamer la lecture de cette épopée avec confort :)



LE DIT DES HEIKE (HEIKE MONOGATARI)
Il ne s'agit

Période rapportée : 1180-1185.