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lundi 2 mai 2016

MYTHOLOGIE NORDIQUE - LES MYTHES


LA GUERRE ENTRE LES ASES ET LES VANES
Il est intéressant de savoir qu'à l'origine a eu lieu une guerre entre les deux grandes familles de dieux, les Ases et les Vanes. Pour en savoir plus sur ce sujet, il n'y a qu'à étudier les sources ci-dessous, qui diffèrent légèrement.

Sources : La saga des Ynglingar (Heimskringla, Chapitre 4), la Voluspa (Strophe 21-24, Edda poétique), les Skaldskaparmal (Chapitre 4, Edda en prose).

Tout commence avec le meurtre de la sorcière malveillante Gullveig ("Ivresse de l'or"), envoyée par les Vanes chez les Ases pour tourmenter leurs esprits. Elle est brûlée par trois fois mais renaît toujours, avant d'être tuée par les Ases à coups d'épieux. Odin propulse alors sa lance Gungnir comme signe de guerre. Cet épisode marque clairement le début de la guerre entre les deux familles de dieux (c'est la "Guerre de la fondation"). L'affrontement est violent mais équilibré, et aucun vainqueur ne peut être proclamé. Les Vanes, qui semblent malgré tout avoir un certain ascendant dans la bataille, parviendront à détruire la muraille de Midgard. Cette guerre va se terminer par un échange d'otages en guise de paix et d'union (ou en tant que compensation selon les points de vue). Ainsi, Njordr, Freyr et Kvasir vont allés chez les Ases, tandis que Mimir et Hoenir vont allés chez les Vanes. Hoenir est nommé chef du Vanaheim, mais rapidement, les Vanes se rendent compte qu'il ne prend aucune décision. Se sentant trompés et trahis, les Vanes décident alors de décapiter Mimir et d'envoyer sa tête chez les Ases. Odin la prit, l'embauma, incanta des formules magiques sur elle, si bine que la tête put parler et lui révéler bien des secrets.

LA VOLUSPA
21.
Elle se rappelle la première
Bataille au monde,
Quand ils [les Ases] percèrent de leurs lances
Gullveig
Et dans la halle de Har [Odin]
La brulèrent.
Trois fois brulèrent,
Trois fois renée
Avec insistance.
Pourtant, elle vit encore.

22.
La brillante, on l'appelait,
Quelque maison qu'elle visitât,
La sorcière, l'habile voyante
Sachant manier la baguette ; 
Où qu'elle le pouvait, pratiquait la magie,
Ensorcelait les esprits séduits,
Toujours faisait la joie
Des méchantes femmes.

23.
Alors tous les dieux montèrent
Sur les sièges du jugement,
Divinités suprêmes,
Et se consultèrent :
Savoir si les Ases
Paieraient le tribut
Ou si tous les dieux
Recevraient offrande.

24.
Odinn fit voler la lance
Et tira parmi le peuple,
Ce fut la première
Bataille au monde ;
Rompu fut le rempart
Du royaume des Ases,
Le champ resta
Aux Vanes vainqueurs.

À la fin de cette guerre, en marque d'union et de réconciliation, les deux familles de dieux convinrent de cracher tous dans la même jarre. De cette salive naquit Kvasir, et sa sagesse était sans équivalent dans le monde. À vrai dire, il n'y avait aucune question à laquelle il ne savais répondre.


LA CREATION DES HOMMES
Sources : La Voluspa (Strophe 17-18, Edda poétique).

Le premier couple humain est Askr ("Frêne") et Embla ("Orme").


LA VOLUSPA
17.
Jusqu'à ce que trois Ases
Sortissent de la troupe,
Puissants et bienveillants :
Revenant à la maison.
Trouvèrent sur le sol,
De peu de force doués,
Askr et Embla
Privés de destinée.

18.
Ils n'avaient pas d'esprit,
Il n'avaient pas de sens,
De sang ni de son
Ni de saines couleurs ; 
Odinn donna l'esprit,
Hoenir donna le sens,
Lodurr donna le sang
Et les saines couleurs.


Autre version : Odin donna le souffle, Vili l'intelligence, Vé l'ouïe et la vue.

LE COMBAT ENTRE LOKI ET HEIMDALL
Sources : Le dit de Sorli.

LE JOUR ET LA NUIT
Sources : La Gylfaginning.

Voici donc comment les nordiques ont expliqué l'alternance entre le jour et la nuit. Très intéressant !

Il y avait un géant nommé Narfi, qui eu une fille qu'il appela Nott ("Nuit"). Elle fut mariée avec trois personnes différentes, à savoir Naglfari (avec qui elle eut un fils appelé Audr), Annarr (avec qui elle eut la déesse Jord), puis enfin avec Dellingr, avec qui elle eut un fils : Dagr ("Jour").

Un jour, Odin prit Nott et Dagr, puis leur remit deux chevaux et deux chars, et les envoya dans le ciel pour faire en un jour le tour de la terre. Nott , sur son cheval nommé Hrimfaxi ("crinière des frimas"), précède toujours son fils, et à l'aube, recouvre la terre de l'écume de sa monture : c'est la rosée du matin.

À la fin de la journée, la monture de Dagr, nommée Skinfaxi ("crinière brillante")

LA MURAILLE D'ASGARD
Sources : La fascination de Gylfi (Chapitre 42, Edda en prose), la Voluspa (Strophes 25 et 26, Edda poétique), le Lai de Hyndla (Strophe 40).


LA VOLUSPA
25.
Alors tous les dieux montèrent
Sur les sièges du jugement,
Divinités suprêmes
Et se consultèrent :
Qui avait rempli
Tout l'air de poison
Et à la famille des géants
Promis l'épouse d'Odr [Freyja].

26.
Thorr seul combattit là,
Gonflé de colère,
Il reste rarement inactif
Quand il apprend de telles choses,
Rompus furent les promesses,
Les paroles et les serments,
Tous les fermes accords
Conclus entre eux.




LA SOURCE DE MIMIR


"Je sais bien, Odinn,
Où tu as caché ton oeil :
Dans le glorieux 
Puits de Mimir."
La Voluspa - Strophe 28.

LE MEURTRE DE BALDR

J'ai décidé d'allier trois mythes en un puisque ces derniers sont intimement liés. En effet, il s'agit à la fois du meurtre de Baldr, de la chevauchée de Hermodr jusqu'à Hel, et des funérailles de Baldr. Il s'agit pour moi d'un des mythes les plus importants, car ses conséquences sont tout simplement énormes. C'est pour moi le moment où Loki n'est plus un dieu farceur et trompeur, mais un dieu jaloux et méchant, annonçant l'âge du Ragnarök et de la dernière bataille.

LE MEURTRE DE BALDR
Ce mythe est raconté dans le chapitre 49 de La fascination de Gylfi, ainsi qu'au chapitre 22 des Skaldskaparmal. La Voluspa en parle également un petit peu, le temps de quelques strophes, ainsi que le Baldrsdraumar.

LA VOLUSPA
31.
Je vis de Baldr,
Le dieu ensanglanté,
Le fils d'Odinn,
La destinée cachée ; 
Se dressait, poussée
Plus haut que la plaine,
Grêle et très belle,
La branche de gui.

32.
Sortit de cet arbre
Qui grêle semblait
Le douloureux trait funeste
Que lança Hodr
Le frère de Baldr était
Né trop tôt,
Celui-là n'avait qu'une nuit,
Le fils d'Odinn qui le tua [Vali venge son frère Baldr en tuant Hodr].

33.
Ne se lava plus les mains
Ni ne peigna sa chevelure
Tant que sur le bûcher ne fut porté
L'assassin de Baldr ; 
Mais Frigg pleurait
Dans Fensalir [Demeure de Frigg]
Le malheur de la Valholl.
En savez-vous davantage ? - ou quoi ?

"Hodr amènera le suprême
Ici, par le rameau renommé [Le gui] ; 
C'est lui qui de Baldr
Sera le meurtier
Et du fils d'Odinn
Ravira la vie."
Les rêves de Baldr (strophe 9)

"Rindr a conçu Vali
Dans les salles de l'ouest,
Celui-ci, âgé d'une nuit,
Tuera le fils d'Odinn,
Ne se lavera pas les mains
Ni ne peignera ses cheveux
Que sur le bûcher n'ait porté
L'ennemi de Baldr."
Les rêves de Baldr (strophe 11)

LE CHATIMENT DE LOKI
Quel plaisir

"Loki se cacha dans la cascade de Franangr, sous la forme d'un saumon. C'est là que les Ases s'en emparèrent. On l'enchaîna avec les intestins de son fils, Nari. Et Narfi, son autre fils, fut transformé en loup. Skadi prit un serpent venimeux et l'attacha au-dessus du visage de Loki : le venin en dégoutte. Sigyn, la femme de Loki, s'assit là tenant un bassin sous le venin. Mais quand le bassin était plein, elle allait le vider dehors. Dans l'intervalle, le venin dégouttait sur Loki. Alors il trésaillait si rudement que toute la terre en tremblait : c'est ce que l'on appelle à présent les tremblements de terre."
La Lokasenna


LA FIN DES TEMPS : LES RAGNAROK
Les sources : La Voluspa (strophes 44-66), La Gylfaginning (vers 50-52), Les dits de Vafthrudhnir.

Quel plaisir de consacrer une large place à la bataille eschatologique de la mythologie nordique qui me passionne tant ! Les Ragnarok (oui oui, cela se dit toujours au pluriel), rien que le nom est stylé ! Attention cependant à ne pas prêter attention à la traduction fréquente "Le crépuscule des dieux" qui n'est pas vraie, mais plutôt "Destin des puissances divines" dans le sens "Accomplissement du destin des puissances". Car si les Ragnarok sont rattachés à la fin des temps, ils sont aussi annonciateurs d'un nouvel âge et d'une renaissance du monde. Comprenez-le bien : la vie continue après les Ragnarok ! Des dieux survivent et la terre renais des cendres de ce violent combat, plus belle que jamais. Mais chaque chose en son temps, commençons par les signes annonciateurs.

I. LES SIGNES ANNONCIATEURS

"Le soleil s'obscurcit,
La terre sombre dans la mer,
Les luisantes étoiles vacillent dans le ciel ;
Ragent les fumées,
Ronflent les flammes,
Une intense ardeur joue jusqu'au ciel"
La Voluspa (strophe 57)

Les signes annonciateurs des Ragnarök sont au nombre de deux, mais je n'ai pas encore réussi à en savoir plus sur le présage des trois coqs. Par contre, le premier signe est, lui, bien plus sûr.

LE FORMIDABLE HIVER
Le Fimbulvetr ("Formidable hiver") est un hiver rigoureux de trois ans, sans interruption et donc sans été intermédiaire, accompagné de grandes grêles et d'un vent glacé. Cela sera un temps de guerres et de débauches d'après les textes.

"Les frères s'entre-battront
Et se mettront à mort,
Les parents souilleront
Leur propre couche ;
Temps rude dans le monde,
Adultère universel,
Temps des haches, temps des épées,
Les boucliers sont fendus,
Temps des tempêtes, temps des loups,
Avant que le monde s'effondre ; 
Personne n'épargnera personne."
La Voluspa (strophe 45)

"Quels hommes vivront
Quand le formidable hiver
Passera parmi les hommes ?"
Les dits de Vafthrudnir (strophe 44)

LE PRÉSAGE DES TROIS COQS

LA VOLUSPA
42.
Assis là sur un tertre
En jouant de la harpe,
Le gardien de la sorcière,
Le joyeux Eggthèr ; 
Chantait auprès de lui
Sur le bois de la potence
Un coq vermeil
Qui s'appelait Fjalarr.

43.
Chantait chez les Ases
Crête d'or [Gullinkambi].
Il éveille les hommes
Du père des Armées ;
Mais un autre chante
Sous terre,
Un coq d'un rouge de suie
Dans les halles de Hel.

II. LE DÉBUT DE LA FIN
Voilà donc ce qui devait fatalement arriver : la déesse Sol, le soleil, est engloutie par le loup Skoll ; son frère Mani, la lune, est lui aussi avalé par le loup Hati. Les étoiles disparaissent du ciel, la terre tremble de plus en plus violemment, les montagnes s'écroulent et tous les liens se brisent : Fenrir est libéré, le bateau Naglfari ("Nef onglée") se détache, Jormungand soulève les flots, tandis que le chien Garmr est délié de ses chaînes. 

44.
Voici que Garmr aboie de rage
Devant Gnipahellir,
La chaîne va se rompre,
La bête va bondir.
Je sais maints sortilèges,
Plus loin en avant je vois
L'amère destinée
Des dieux de la victoire.

III. LA DERNIÈRE BATAILLE 
Vient enfin le temps de la dernière bataille, qui a lieu sur la plaine Vigridr ("Endroit où le combat fait rage") !

46.
[...]
Heimdall souffle fort,
Cor dressé ; 
Odinn consulte
La tête de Mimir.

47.
Yggdrasil tremble,
Le frêne érecte,
Gémit le vieux tronc,
Et le géant [Fenrir] se délivre ;
Tous frémissent
Sur le chemin d'enfer
Avant que le parent
De Surtr [le feu] ne l'engloutisse.


Heimdall souffle dans son cor Gjallarhorn pour prévenir les Ases, annonçant le début de la guerre. Odin consulte alors Mimir, et connaît déjà le cours de tout ce qui va suivre. Fenrir se libère de ses liens, Hrymr arrive sur le bateau-ongle Nagflari accompagné des fils de Muspell (les géants du feu), Jormungand ravage la terre avec Nidhoggr, tandis que Loki et Surt dirige l'avancée des forces du désordre jusqu'à la plaine Vigridr. Le Bifrost, lui, s'effondre sous le poids de la horde. Yggdrasil tremble mais résiste tant bien que mal. Face au désordre, voilà tous les dieux unis, Ases et Vanes,  accompagnés par la formidable armée des Einherjar. En gros, chaque entité de "l'ordre" va affronter une entité du "désordre" (vous remarquerez que je n'ai pas parlé de Bien et de Mal, car la pensée Viking est plutôt axée sur l'Ordre et le Désordre). Mais lisons ce que dit la Voluspa :

50.
Hrymr arrive de l'est,
Bouclier levé,
Jormungandr se retourne
Saisi de la fureur des géants ;
Le serpent fouette les vagues,
L'aigle miaule,
Nidfolr lacère les cadavres,
Naglfari est détaché.

51.
Un bateau vient de l'est
Amenant par mer
Les enfants de Muspell [les géants de feu],
Loki à la barre.
Les monstres voyagent
Tous avec le Loup,
A leur front s'avance
Le frère de Byleistr [Loki].

52.
Surtr arrive du sud
Avec la mort des branches [le  feu],
Le soleil émane
De l'épée du dieu des morts ; 
Les rocs s'entrechoquent
Les monstres s'ébranlent
Les hommes foulent le chemin de Hel 
Et le ciel se crevasse.

53.
Alors arrive à Hlin [Frigg]
Une douleur nouvelle
Quand Odinn se met en marche
Contre le loup [Fenrir],
Le brillant meurtrier de Beli [Freyr],
Contre Surtr ; 
Alors de Frigg
Périra l'amour [périra Odin].

55.
Alors arrive le noble
Fils de Sigfodr [fils d'Odin],
Vidarr, pour tuer
La bête à charogne [Fenrir],
Du moing il enfonce
L'épée jusqu'au cœur
Du fils de Hvedrungr [fils de Loki].
Voici que le père est vengé.

56.
Alors arrive le glorieux
Fils de Hlodyn [Fils de la terre],
Le fils d'Odinn s'en va [Thor]
Tuer le serpent [Jormungand],
Occit en courroux
La sentinelle de Midgardr ; 
Tous les hommes vont
Déserter leur demeure ;
Le fils de Fjorgyn [Thor],
Épuisé, recule
De neuf pas devant la vipère
Sans craindre la honte.

57.
Le soleil d'obscurcit,
La terre sombre dans la mer,
Les luisantes étoiles
Vacillent dans le ciel ;
Ragent les fumées,
Ronflent les flammes.
Une intense ardeur
Joue jusqu'au ciel.

Passionnant ! Épique ! Stimulant ! Faisons un petit récapitulatif des duels en présence :
  • Les loups Skoll et Hati vont engloutir respectivement le Soleil et la Lune. Parfois, Skoll est assimilé au loup Fenrir, mais cela n'aurait franchement pas de sens.
  • Thor va affronter Jormungand, l'immense serpent des mers, et le tuer, avant de mourir lui aussi, victime du venin de la bête, après avoir fait neuf pas.
  • Heimdall va affronter Loki, et les deux mourront à l'issue de ce combat sans vainqueur.
  • Freyr va affronter Surt, mais n'ayant plus son épée, il va alors être vaincu.
  • Odin va affronter Fenrir mais va se faire dévorer par le loup géant. Alors va surgir son fils Vidarr qui vient alors le venger en arrachant la gueule du loup et le tuer.
  • Tyr va affronter Garmr et le tuer, mais le dieu mourra lui aussi de ses blessures peu après.
  • Les Einherjar vont affronter les enfants de Muspell dans un combat titanesque où les cadavres vont s'empiler.
  • Enfin, Surtr lance des flammes sur Terre, détruisant le monde entier dans une immense fournaise. C'est la fin des temps !
"Le loup engloutira Aldafodr [Odin],
Cela, Vidarr le vengera ; 
La gueule glacée,
Il fendra
Au loup pendant la bataille."
Les dits de Vafthrudnir (strophe 53)

IV. LE NOUVEL AGE
Il est primordial de comprendre que le Ragnarök n'est pas la fin des temps telle que l'on peut l'imaginer. Ce n'est même une fin en soi, juste un cataclysme qui se devait d'arriver et qui va entrainer une renaissance du monde, avec la naissance d'un nouvel âge (on sent l'inspiration chrétienne du paradis).

Car il y a des survivants aux Ragnarök, qui vont pouvoir vivre dans ce monde nouveau, appelé Idavollr ("Plaine de splendeur") : Hoenir, Vidarr, Vali sont bien là, tout comme Modi, Magni, Baldr (tiens donc !), Hodr ainsi qu'un couple humain, Lif ("Vie") et Lifthrasir ("Vie tenace"), qui a échappé aux flammes de Surtr en se cachant dans le bois de Hoddmimir (Yggdrasil). Il semblerait également que le Njordr survive au Ragnarok, comme le stipule les vers suivants : "A la fin des temps, il reviendra chez lui parmi les sages Vanes" (Les dits de Vafthrudnir - Strophe 41).

"Vidarr et Vali 
Habiteront les aîtres des dieux
Quand la flamme de Surtr se sera éteinte ; 
Modi et Magni
Auront Mjolnir
A la fin du combat de Vingnir [Thor]."
Les dits de Vafthrudnir (strophe 51)

Voici les paroles (dernières strophes) de la voyante dans La Voluspa :

59.
Elle voit émerger
Une seconde fois
Une terre de l'onde,
Éternellement verte ;
Coulent les cascades,
Au-dessus plane l'aigle
Qui dans les montagnes
Pourchasse les poissons.

60.
Les Ases se rassemblent
Dans Idavollr,
Du Serpent puissant
S'entretiennent,
Se remémorent
Les grands évènements
Et les runes anciennes
De Fimbultyr [Odin].

61.
Là, vont se retrouver
Dans la verdure
Les merveilleuses
Tables d'or
Qu'aux jours d'autrefois
Possédaient les peuples.

62.
Sur les champs non ensemencés
Croitront les récoltes,
Tous maux seront réparés,
Baldr va revenir ;
Hodr et Baldr habiteront
Les lieux de victoire de Hroptr [Odin],
Seigneur du séjour des morts.
En savez-vous davantage ? - ou quoi ?

63.
Hoenir sait
Choisir le rameau fatidique
Et les fils des deux frères
Bâtissent
Dans le vaste séjour des vents.
En savez-vous davantage ? - ou quoi ?

64.
Elle voit dans une salle se dresser
Plus belle que le soleil,
Couverte d'or,
A Gimlé :
C'est là que les fidèles
Troupes vont habiter
Et pour l'éternité
Jouiront du bonheur.

65.
Alors arrive d'en haut
Au dernier jugement,
Le puissant, le magnifique,
Celui qui tout gouverne.

66.
Arrive en volant
Le sombre dragon,
La vipère étincelante, descendue
De Nidafjoll ; 
Il porte en son plumage
- Plane par-dessus la plaine -
Des cadavres, Nidhoggr.
A présent, elle va disparaitre.

Je préfère vous prévenir tout de suite : l'influence du christianisme dans ce thème d'un monde nouveau et d'un nouvel âge est indéniable, notamment concernant la strophe 65. On retrouve ainsi cette notion de nettoyage pour un nouveau départ, un monde neuf et pur, nettoyé de toute souillure.